Bénin: Alougbine, l'esthète qui rêve d'un "théâtre démocratisé"

AA/Cotonou/ Serge David Zouémé

Cheveux grisonnants, juste 1m 60 et beaucoup de talent, Alougbine Dine, est un homme de théâtre béninois souvent décrit comme "une bête de scène". De lui-même il dit à Anadolu être "un artiste à la recherche de la beauté sous toutes ses formes et dans toute sa splendeur" et précise qu'il rêve d'un théâtre "démocratisé en Afrique", véritable chemin vers le développement réel. 

 Dine jouit d’une réputation exceptionnelle à l’échelle africaine où il est connu surtout pour être "un pédagogue du quatrième art". Il a d'ailleurs crée en 2004, la première école internationale de théâtre du Bénin (EITB) où il dispense, depuis, des cours dans différentes disciplines de cet art à des étudiants qui viennent non seulement du Bénin mais de bien d’autres pays africains tels leTogo, le Niger ou encore le Burkina-Faso.

Revenant sur son côté artistique, il estime que c'est "cette recherche continue et jamais assouvie de la qualité et de l'excellence qui le distingue des autres et qui lui vaut sa renommée".

A 62 ans Alougbine peut se targuer d'avoir quarante ans de théâtre derrière lui et une carrière aussi riche que diverse. Il est en effet acteur, auteur, scénographe et metteur en scène à ses heures. Lorsqu’il parle de son art (le théâtre) Alougbine affiche une grande passion et se montre jaloux de cet art déplorant, au passage, "le manque de professionnalisme dont il est victime en Afrique"  et citant des "pseudo professionnels qui tirent le théâtre vers le bas le laissant prisonnier d’amateurisme et de balbutiements".

De son propre parcours plutôt «atypique», il se rappelle de ses débuts au théâtre:  " Tout était très difficile et le secteur de l’art n’était pas du tout prisé ni bien vu, ceux qui choisissaient ce chemin étaient considérés comme des ratés. Il n’y avait d’ailleurs, pas d’infrastructures appropriées ni de cadre législatif». Il ajoute que pour survivre, il "se produisait dans des collèges et des lycées où il donnait des récitals contre des jetons de 50 ou 100 francs CFA (environ 0,20 dollars). Le «mécontement de ses parents n’était pas le moindre» de tous les osbstacles et diffucltés qu'il a dû surmonter. Mais Alougbine Dine estime qu'il a réussi à se frayer un chemin et à se faire une place.

Rendre le théâtre accessible à tous est l’une des priorités de Alougbine Dine, il souhaite à ce propos que "les dirigeants africains de tous bords donnent la priorité à la culture et en font un des leviers majeurs du développement à même de créer emplois et richesses"

Ancien membre de l’Ensemble artistique béninois «Zama-Hara» de Porto-Novo, capitale politique (entre 1975 à 1985) puis artiste influent du Ballet national du Bénin dans les années 1990, Alougbine Dine a fini par créer en 2004, la première école internationale de théâtre du Bénin (EITB): Son objectif étant «d’offrir à son pays et à l’Afrique une nouvelle génération de professionnels du théâtre, de grands passionnés de cet art qui sauront porter très loin le théâtre africain» a-t-il encore déclaré à Anadolu.

Alougbine Dine, comédien, danseur, décorateur, plasticien, costumier et metteur en scène, a écrit, lui-même, plusieurs pièces de théâtre, a mis en scène plusieurs autres écrites par des auteurs africains et français. Il a aussi joué des rôles importants dans bien d’autres encore. De celles qu'il a écrites il y a lieu de citer "Les enfants du Fâ", "Ifèdé" , "A la poursuite du temps".

Il a, aussi, mis en scène "Alice en Afrique",  "La nuit du songe"  "La nuit guerrière" toutes écrites par Gilles Zaepffel (metteur en scène français et fondateur de l'espace L'Atelier du Plateau à Paris 19ème).