Sud-est Niger: Boko Haram condamne la culture du poivron rouge à la disparition
Les paysans du sud-est nigérien, célèbre pour son "or rouge", ont déserté leur région face aux incursions de Boko Haram, laissant derrière eux des récoltes cherchant cueilleurs.

AA/Niamey/Balima Boureima
Les cultivateurs nigériens du célèbre poivron rouge de Diffa (sud-est), qui génère des millions de dollars au Niger, sont au chômage: en quelques mois, ils ont vu leur production affectée et leur quotidien anéanti par les combats qui se déroulent dans la région frontalière du Nigéria, entre la coalition tchado-nigérienne et Boko Haram.
Avant le début des incursions du groupe armé nigérian en février dernier, les paysans et épiciers de la région de Diffa, située le long de la Komadougou Yobé, rivière alimentant le lac Tchad, se targuaient de produire près de 10 mille tonnes de poivron rouge, ce qui constituait 80% de la production nationale chaque année, a indiqué à Anadolu, Abdoul-Nasser Hamissou, Chef de Division Évaluation environnementale et suivi écologique dans la région de Diffa.
Utilisé pour assaisonner les sauces surtout lors des grandes cérémonies et dans les breuvages fait à base de mil (céréales), le poivron rouge rapportait, ces dernières années, entre 7 et 8 milliards de Fcfa (14 millions et 16 millions USD), d'après des statistiques récentes de la chambre de commerce de Diffa.
« L’actuelle situation d’insécurité affecte la production du poivron car c’est essentiellement la zone de production du poivron qui est au coeur de la déstabilisation », analyse Hamissou Abdoul-Nasser. D'autant que son exportation vers le Nigéria a été interdite par les autorités de ce pays, afin de lutter contre l'accaparment des produits par Boko Haram en guise de financement.
« Cette situation d’insécurité a causé, déplore-t-il, le déplacement des populations et l’abandon de la production. Les champs vastes du poivron rouge sont désespérément déserts.»
La culture du poivron rouge, véritable institution, est pratiquée par 5000 exploitants et fait vivre entre 25.000 à 30.000 personnes, selon le responsable agricole. Cultivé entre les mois d’août et avril, cette culture donne plusieurs récoltes dont la première commence en novembre et la dernière en avril, informe-t-il encore.
Vendu après avoir été séché, le légume peut être conservé plusieurs années sans pertes significatives et constitue une plus-value dans une région souffrant d'un déficit céréalier chronique, du fait d'une pluviométrie très faible, toujours selon Abdoul-Nasser.
La plupart des cultivateurs du produit phare du pays se sont réfugiés à Zinder, à quelques 400 Km plus à l’ouest laissant derrière eux des récoltes cherchant cueilleurs.
Abba Hassane fait partie de ces cultivateurs désespérés. Joint au téléphone par Anadolu, le père de famille a expliqué avoir perdu presque la totalité de sa récolte du fait de l’occupation mais aussi du manque d’entretien. «Je dois encore attendre le retour pour reprendre mes activités de production du poivron», explique-t-il.
Un souhait peu réalisable en dehors du rétablissement de la paix, reconnait-il.
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