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Soufisme au Sénégal : un rempart contre l'extrémisme, un acteur socio-économique

"51% des musulmans sénégalais adeptes de la Tidjania"

12.04.2014 - Mıse À Jour : 12.04.2014
Soufisme au Sénégal : un rempart contre l'extrémisme, un acteur socio-économique

AA/ Dakar/Samba Ndiassé

Le Soufisme qui se veut en vogue au Sénégal ces dernières années, aide à lutter contre le radicalisme et joue par les temps qui courent un rôle à la fois économique et social, à commencer par le mouvement "Qadiriyya", estime Cheikh Sadibou Aidara, chérif établi à Guèoul, village sénégalais considéré comme la capitale du movement "Qadiriyya".

Se joignant à lui, l’universitaire et chercheur islamologue Backary Sambe avance que « l'’Islam a atteint le Sénégal et l’Afrique par la voie du soufisme. Lequel soufisme demeure, aujourd’hui, le principal rempart contre le radicalisme religieux qui secoue plusieurs régions du monde ».

Cheikh Aidara distribue quotidiennement au moins 100 000 francs cfa (200 usd) de l’argent collecté au près des bienfaisants, afin d’aider les nécessiteux. "Ce qui constitue un témoignage vivant du  rôle socio-économique joué par ce mouvement soufi dans la société sénégalaise", se félicite-t-il dans une déclaration à Anadolu.

Pour lui également, l'entraide et la solidarité constituent le socle de ce mouvement, dont les chefs de file sont tenus de "guider leurs disciples dans leur quête intérieure de communion avec le créateur et de stabilité psychique et sociale".

De ce point de vue, Fallou Dieng, président du Cercle des intellectuels soufis (CIS) note que "lesoufisme,  fort de sa dimension mystique, offre aux Africains avides de symboles, un moyen d’épanouissement religieux adapté à leur milieu. Toutefois, il pourrait  essuyer des revers, occasionnés par la conduite de certains chefs de file".

C'est que "l’affairisme et l’élitisme affectent significativement les capacités mobilisatrices des confréries concernées. D’autant plus que les politiciens contrôlent la cour des khalifes généraux, à travers certains barons », explique-t-il à Anadolu.

Abondant dans le même sens, Makhary Mbaye, enseignant-chercheur au département arabe de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, observe que « l’intrusion intempestive des chefs des mouvements  soufis dans le champ politique, piégés par l’Hameçon du pouvoir, pourrait occasionner un effritement sans précédent de l’aura des marabouts soufis auprès des masses, ».

Il ajoute, dans ce sens, que l'image du cardinal religieux savamment entretenue auprès des masses pourrait être "facilement bafouée", dès lors que  « les chefs religieux se disputent les biens matériels avec leurs talibés, justifiant ainsi le manque de considération éprouvé par plusieurs adeptes dusoufisme à l’égard des jeunes marabouts ».

Makhary Mbaye ajoute, de surcroît, que «  les associations et structures, dont les « Dahiras » (regroupements religieux) autrefois servant à instruire les gens religieusement, se sont transformées ces derniers temps en organisations financières. Cette folklorisation des institutions y afférentes, ne fait que ternir l’image du soufisme ».

                                                                               51% des musulmans sénégalais adeptes du Tijanisme

Doctrine ésotérique de l’Islam mystique et ascétique ayant fait son apparition au Sénégal vers 1835 à travers le Tijanisme, le terme soufisme est dérivé, selon Makhary Mbaye, du mot arabe ‘’souf’’ qui signifie la laine. Et les soufis sont donc, à l’origine, des gens qui portaient des tissus en laine. Mais, leur marque la plus distinctive consiste au fait qu’ils étaient un groupe d’érudits attachés au prophète de la religion musulmane Mohamed (psl) ».

Pour lui également, « ces soufis tournaient le dos aux désirs mondains pour se consacrer exclusivement à Dieu à travers des séances de Dhikr (invoquer le nom de Dieu pour en rappeler le souvenir) ou de récitals du Coran ».

Aujourd’hui, le terme soufi a évolué et renvoie plus à la dimension mystique de l’Islam, selon Serigne Fallou Dieng.

Au Sénégal, le soufisme a engendré plusieurs mouvements dans un pays où les 12,8 millions d’habitants sont à 95% musulmans. Il s’agit notamment, de la Qadiriyya (confrérie soufie de Qadiris encore appelés Kheders,  née au 11ème siècle et fondée par le cheikh moulay Abd al Qadir al-Jilani, dont le sanctuaire et le mausolée se trouve à Bagdad), du mouridisme ( confrérie présente particulièrement au Sénégal et en Gambie et du Tijanisme adopté par 51% des Sénégalais.

Les confréries au Sénégal ont su asseoir leurs références sunnites puisant dans les œuvres de grands savants islamologues, comme Ibn Hadjar,  célèbre commentateur de «Sahih al-Bouqari» (un des six grands recueils des communications du prophète). D’autres savants invétérés comme «  les imams persans Al-Djuwaynî et Al-Ghazali ont beaucoup inspiré le mouridisme, mouvement enregistrant plus de 2 millions d'adeptes au Sénégal. Il se caractérise  par une éducation spirituelle privilégiant l'imitation du prophète de l'Islam, la purification et le renoncement aux mauvais penchants de l’âme et de l’ego hypertrophié », d’après Backary Sambe.

Khadim Mbacké précise encore que « le mouridisme est une branche de la Qadiriyya adoptée par 6% des musulmans sénégalais et qu' il diffère de la Tidjania par son ouverture ».

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