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Sénégal: ces billets pour la Mecque tombés du Ciel !

Si dans les entreprises, le tirage au sort fait généralement loi pour l’attribution des billets pour le pèlerinage, la désignation est de mise dans les institutions municipales et parfois même étatiques.

24.09.2014 - Mıse À Jour : 24.09.2014
Sénégal: ces billets pour la Mecque tombés du Ciel !

AA/ Dakar/ Alioune Badara Ndiyaye

S’agenouiller devant le mausolée du Prophète, contempler la Kaaba ! Plus qu’un pilier religieux, le pèlerinage à la Mecque demeure une consécration pour la quasi-totalité des musulmans. Pour autant, la consistance du package (2.450.000 francs CFA, soit environ 4800 dollars, pour cette année voire un peu plus chez les voyagistes privés) anéantit ce rêve chez ces nombreux musulmans sénégalais financièrement pas dans les dispositions ; ce qui relègue ce voyage d’adoration en l’état de vœu pieu.

 ‘’J’en rêve évidemment! Mais compte tenu de ma situation (financière) je ne vois pas comment’’, avoue Cheikh Sarr, un employé municipal.  ‘’Mais, on ne sait jamais ; priez pour moi’’, conclut-il.

A juste titre d’ailleurs puisqu’au Sénégal, faire le pèlerinage à la Mecque ne rime pas forcément avec détenir les moyens financiers requis. Tout un chacun peut espérer ; quel que soit son statut car, des billets il en pleut chaque année.

Pape Moussa Guèye sera de la partie cette année. Agent à la Caisse de dépôts et consignations (administration publique), il a reçu un billet au même titre que deux autres collègues. ‘’Moi à la Mecque ?’’ dit-il avoir ressassé quand on lui a annoncé la bonne nouvelle. ‘’Je n’en reviens toujours pas’’.

‘’ Rien d’illicite en religion pour ces tirages au sort puisqu’il n y’a aucune contrepartie financière pour y participer’’ renseigne l’islamologue Thiam Gaye.

‘’J’ai failli étouffer lors du tirage au sort’’, se rappelle Hamidou Seck, ouvrier dans une cimenterie. Dans son entreprise (Privé), le tirage des billets du pèlerinage est combiné à la fête des retraités.  ‘’Un tirage fou’’ devant tout le personnel, explique Seck : ‘’Tous les numéros de matricule des employés, qui font au passage plus de 400, sont mis dans un sac et on procède par élimination’’.

Au finish, les matricules de cinq autres et le sien pour l’édition de 2014. ‘’ J’ai gambadé comme un petit enfant ce jour-là. Incroyable !’’, narre le quinquagénaire.

Si dans les boîtes (publiques comme privées) le tirage au sort fait généralement loi pour l’attribution des billets pour le pèlerinage, la désignation est de mise dans les institutions municipales et parfois même étatiques. Même la présidence de la République a son lot de billets.

 ‘’ Pas une mauvaise chose si c’est pour récompenser un travailleur émérite’’, soutient le journaliste Souleymane Kane. Cependant, le cadre de générosité de ces dernières ne se limite pas seulement aux travailleurs de l’institution en question.

Chef de quartier à Rufisque, Maguette Guèye doit son unique pèlerinage à la mairie de sa ville. ‘’C’était en 2011. Un sieur s’est présenté au téléphone comme le conseiller du maire et m’a annoncé que je faisais partie du lot des dix imams et délégués de quartier choisis pour le pèlerinage à la Mecque. Je n’oublierai jamais ; on était un mardi’’

Guèye qui croyait avoir affaire à un petit farceur ‘’ avait raccroché son interlocuteur au nez’’.  Entre ‘’crainte et espoir’’, il se résignait somme toute à rappeler, après une bonne demi-heure, son interlocuteur via un autre portable pour vérification. ‘’Je n’ai pu me retenir. J’ai pleuré comme pas possible’’, se souvient l’instituteur à la retraite : ‘’ C’est le plus beau cadeau de ma vie.’’

Pour la dame Rokhaya Ndoye, le salut est venu de son fils Abdoulaye Cissé, un cadre de banque.

‘’ Maman on va en ville’’ il m’a simplement dit. Vingt minutes plus tard, on était devant le hangar où se font les inscriptions. Il m’a regardé et m’a dit : tu y seras cette année. ‘’Une surprise exceptionnelle’’ pour cette femme au foyer inscrite sur le 4ème vol cette année.

Sur ce cas précis, bien que ne contestant pas la sainteté de l’action ‘’ de haute portée’’, l’islamologue Thiam Gaye émet cependant des réserves: ‘’ Le pèlerinage est obligation pour celui qui a les moyens physiques et matériels alors qu’en est exonéré celui qui n’en est pas pourvu’’. Dès lors, Gaye pense que l'islam "exhorte ces généreux fils et tout autre donateur à faire d’abord le pèlerinage".

 
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