
AA/ Abidjan/ M. Mosala
Les « petits-porteurs » ont pignon sur rue à Abidjan, ils courent les rues, transportent de lourdes charges dans des "brouettes" et gagnent leur pain à la sueur de leur front.
Anassé mambo, 12 ans, vient de louer une brouette à 300 F CFA (0,63 usd) pour une journée de travail. Il chemine entre les étals du marché de Siporex à Youpougon (une des 13 communes du district d'Abidjan) en pivotant sa tête tantôt à droite tantôt à gauche. Il quête sans cesse ses clients. « La brouettem’est une amie chère. Grâce à elle, j’arrive à survivre et à aider mes parents. Ils sont fiers de moi », se réjouit-il.
Anassé exerce ce métier depuis quelques années et gagne entre 2.500 et 3.000 FCFA (6,31 usd) par jour.
« Tantie brouette », « porte-faix », « petits-porteurs » les appellations de ces jeunes-hommes diffèrent, mais la tâche est la même : le transport des charges des ménages dans des brouettes ». L’âge de la plupart de ces petits-porteurs varie entre 7 et 17 ans.
Ces enfants errant au quotidien sur les marchés et dans les gares-routière ont pignon sur rue à Abidjan. Ils courent les rues, transportent des bagages et accompagnes souvent leurs clients jusqu’à chez eux, où ils disposent des charges dont le poids dépasse souvent les siens.
Diomande Mohamed, 13 ans, appartient lui aussi à la grande famille des "tantie brouette". Il a très tôt abandonné les bancs de l’école pour se consacrer à un « petit gagne-pain grâce auquel il arrive à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille ». Il ne sélectionne pas ses clients et répond par oui dès qu’on le sollicite. Une fois au travail, il est peu visible derrière sa brouette très chargée. Tout comme certains de ses confrères, il gagne entre 1500 et 5.000 F CFA (10,52 usd) par jour. Il ne se lasse jamais de son travail, bien qu’il soit fatiguant, voire, pénible. « Ici, je travaille, je me nourris, je joue au poker et je me bagarre parfois avec d’autres porte-faix. Il fait bon vivre ici », balise-t-il.
Mais le quotidien des petits-porteurs reflètent par ailleurs une réalité dure et des conditions précaires. Si certains d’entre eux ont très tôt abandonné l’école après avoir échoué à aller de l’avant pour trouver comme refuge les marchés et les gares routières, d’autres se sont trouvés contraints d’aider leurs familles nécessiteuses.
Bah Viviane, commerçante croisée au marché Gouro à Yopougon, pense que ces enfants auraient été à l’école au lieu d’occuper les marchés, s’ils avaient les moyens. « La pauvreté est un affre. Ça fait mal au cœur de les voir souffrir sans qu’ils le sachent », soupire-t-elle.
Rencontré pas loin de Bah, Gneleba Aka Eric, président de l'association des brouettier de Côte d'Ivoire n’y est pas allé par quatre chemins, rappelant que l’association qu’il préside fait tout pour empêcher les enfants âgés de moins de 15 ans d'exercer ce métier. « Dès qu’on les croise ici on les chasse pour revenir chez eux », assure-t-il.
La Côte d’Ivoire a depuis mars 2005 adopté de nouvelles dispositions fixant les travaux interdits aux enfants de moins de dix- huit ans. Il s’agit de tout type de travail « pouvant nuire à leur santé, à leur sécurité, à leur moralité, à leur développement physique et mental ». A ceux- là s’ajoutent ceux « pouvant les priver de leur enfance, de leur potentiel, de leur dignité et de leur scolarité » comme c'est le cas desbrouettes.
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