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Njombe-Penja, un "grenier du Cameroun" qui ne nourrit pas les siens

La nature généreuse et les entreprises agro-alimentaires prospères de Njombe-Penja profitent peu à des habitants infortunés.

16.04.2015 - Mıse À Jour : 16.04.2015
Njombe-Penja, un "grenier du Cameroun" qui ne nourrit pas les siens

AA/Penja/Anne Mireille Nzouankeu

Njombe-Penja, localité du littoral camerounais est dotée d'un grand potentiel naturel et ses produits de la terre sont prisés par les gourmets du monde entier. Pourtant, ses habitants croulent sous le joug de la pauvreté et de la misère.

Des hommes et des femmes juchés sur des échelles à près de cinq mètres du sol procèdent activement à la récolte de petites graines vertes et rouges qui finissent dans un sac porté en bandoulière.

On est dans une plantation de poivre à Penja, une ville du littoral, appelée aussi «grenier du Cameroun». Les ouvriers sont en pleine cueillette du poivre cultivé ici depuis bien avant l’indépendance du pays en 1960.

 «Le poivre est arrivé au Cameroun à travers les explorateurs. C’est en passant par le poivre que les européens ont eu des esclaves. En échange des hommes donnés en esclavage, les chefs traditionnels recevaient des cadeaux parmi lesquels des épices, le poivre», raconte à Anadolu, Alfred Ndom,  contremaître de plantations depuis plus de 30 ans et ayant travaillé pendant 28 ans chez le français Pierre Aubriet, l’un des tous premiers producteurs de poivre au Cameroun.

Depuis 2013, le poivre de Penja est devenu le premier produit agro-alimentaire d’Afrique sub-saharienne à obtenir une indication géographique protégée, un label de qualité qui a fait passer le prix du poivre du simple au triple en deux ans ( de 4 500 à 8 000 F CFA environ, soit de 9 à 16 usd).  

A Njombé-Penja, on trouve aussi la plupart des entreprises agro-industrielles du  pays que ce soit dans le secteur de la banane, de l’hévéa, des fleurs, de la papaye, des ananas, les entreprises brassicoles et mêmes celles qui produisent de l’eau minérale. 

Le Cameroun exporte par exemple entre 250 000 et  300 000 tonnes de bananes chaque année soit le troisième produit d'exportation du pays en termes de quantités, d'après les producteurs locaux.

Autant de richesse aurait du assurer des revenus confortables aux habitants. Pourtant ces derniers sont confrontés à une misère quotidienne.

 La plupart des maisons sont construites en matériaux provisoires tandis que les rues sont presque toutes non bitumées, déplorent les habitants rencontrés par Anadolu.

Il n’y a pas de taxis, les seuls transports en commun sont des motos-taxis et pendant la saison des pluies, certains quartiers sont difficilement accessibles. Peu de maisons sont raccordées à l’eau potable et la liste est longue, ajoutent-ils.

Esther Mbang est employée dans une poivreraie: "Je travaille huit heures par jour. Il faut récolter un certain nombre de kilogrammes pendant ces huit heures. Pour ma part je dois récolter 30 kilogrammes et ma journée de travail est payée 1500 Fcfa (3 usd). Mais si je n'arrive pas à les récolter alors j'ai moins de 1500 Fcfa", explique-t-elle confirmant que les salaires des entreprises agricoles dépendent presque partout de la force de travail.

Pourtant après traitement et conditionnement, le kilogramme de poivre est vendu entre 7000 Fcfa (13 usd) et 9000 FCfa (17usd) . Les producteurs ont donc une marge très importante (30 kgs rapporte au minimum 390 usd), reconnaissent ces derniers.

Pour les autorités administratives locales, ce paradoxe ville riche/population pauvre n'est que "temporaire" et les habitants profiteront prochainement de la richesse de leur contrée.

«D'ici peu de temps les retombées seront visibles et palpables. D'ailleurs, dans certains quartiers il y a des villas qui commencent à être construites. D’ici trois à quatre ans, je suis sûr que les choses vont changer», assure à Anadolu Gaspard Etongué, le représentant du ministère de l’Agriculture à Njombé-Penja.


 

 
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