
AA/ Antananarivo(Madagascar) / Iloniaina Alain Rakotondravony
Le district d'Atsimondrano, aux portes Sud de la capitale de Madagascar, subit de plein fouet le débordement, jeudi, de l'une des digues de Sisaony, l'une des trois rivières traversant le centre du pays, a constaté Anadolu.
"Je regarde autour de moi, il n'y a que de l'eau. On dirait la mer", décrit Mirana Razafindrazay, habitante de la Commune d'Ankadivoribe, dépitée, à Anadolu. "On arrive difficilement à trouver le chemin pour rentrer à cause de la montée des eaux qui arrivent parfois jusqu'aux hanches", a-t-elle poursuivi.
Des maisons se sont effondrées sur elles-mêmes, ne résistant pas à la pression des courants de l'eau. Des pirogues en bois servent de moyens de locomotion dans certains quartiers. "Les rizières sont inondées et, cette fois-ci, on ne peut plus attendre grand chose d'une récolte déjà perdue", regrette Mirana Razafindrazay.
Une des digues au Sud de la capitale n'a pas résisté aux pluies diluviennes de ces derniers jours et a cédé jeudi au petit matin. "Il s'agit d'un débordement et non d'une rupture de la digue. Celle-ci n'a pas encore totalement été réparée à la suite des pluies de la dernière fois [lors du passage de la forte tempête tropicale Chedza les 16 et 17 janvier]", explique Philippe Rateloson, directeur général de l'Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo (APIPA) à Anadolu.
Philippe Rateloson, qui a visité les digues dans la journée du jeudi, affirme que "nous sommes encore dans le stade de la côte d'alerte jaune. Il s'agit de la menace de danger d'inondation dans les zones de plaine de l'agglomération d'Antananarivo traversées par les rivières Ikopa, Sisaony et Mamba". "A la station de Bevomanga, le niveau de l'eau est de 4,10 alors que la côte d'alerte de danger déclaré est de 4,50m", explique-t-il, évitant de spéculer sur la tendance des prochains jours.
"Depuis le 14 février 2015, des pluies abondantes de l'ordre de 25 à 30 mm/24h, en moyenne, ont entraîné (...) des eaux de ruissellement relativement importantes", raconte le Bureau national de gestion de risques et de catastrophes (BNGRC), agence gouvernementale chargée de la gestion des catastrophes naturelles. Celles-ci "provoquent une montée rapide du niveau des eaux dans différents quartiers de la capitale et des inondations rapides lors des fortes crues de l'amont des bassins versants".
Le BNGRC prévoit "des glissements de terrain et des effondrements de maisons, qui peuvent être particulièrement meurtriers du fait du relief accidenté, notamment pour le cas d'Antananarivo". Il prévient que "les risques sont bien entendu majorés en période de pluies abondantes et une grande prudence est requise".
Le pays, en particulier Antananarivo, panse encore les plaies après le passage de la forte tempête tropicale Chedza les 16 et 17 janvier ainsi que de la tempête tropicale Fundi. Le BNGRC avait recensé 51 morts et 130 857 sinistrés dans tout Madagascar, dont six morts et près de 50 000 sinistrés à Antananarivo après le passage de Chedza.