
AA/ Bangui/ Nacer Talel
Les familles musulmanes de la capitale centrafricaine, cantonnées depuis 7 mois dans le quartier KM5, ne vivent pas un Ramadan comme les autres. Beaucoup ont perdu des proches, et ne peuvent sortir pour s'approvisionner, entourés qu'ils sont par des anti-Balaka, milice à dominate chrétienne qui les amalgament aux Seleka, milice à majorité musulmane.
Le menu est pratiquement le même à chaque repas: des feuilles de manioc , du concombre, des tomates, du riz et du lait en poudre; le poulet et la viande que très rarement.
A la rupture de jeûne; les musulmans commencent par quelques dattes, passées avec du thé ou du café. A peine une demi-heure sépare les deux dernières prieres de la journée. Ils auront à peine cette trentaine de minutes pour manger un repas léger, avant de sortir une deuxième fois effectuer la prière de la nuit et celle, facultative, propre au Ramadan, les Tarawih. Après, retour à la maison pour retrouver le chemin d'une maigre collation.
Les musulmans deplacés dans les mosquées vivent dans des conditions plus précaires dans la mesure où ils mangent souvent dans l’obscurité; adaptés qu'ils sont aux coupures d'électricité, devenues très fréquentes. Quelques minutes avant l’appel à la prière annonçant la fin du jeûne, des assiettes sont distribuées dans la mosquée par des enfants qui portent leurs repas aux plus pauvres parmi les déplacés.
Sur la rue principale du KM5, les vendeurs de thé ou de poulet grillé s’activent avant la rupture de jeune. Abbou, un musulman refugié dans la mosquée d’Atig avec son père d’origine camerounaise, attend la fin de la journée pour manger. Il prépare son repas constitué de concombre, de quelques épices ainsi que d'une “soupe”. Après, il prendra comme à chaque fois une seule tomate entre l’iftar et le souhour, petit déjeuner avant l'aube. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il a mangé de la viande. Dans la rue, les jeunes se rassemblent devant la mosquée; quelques bananes et du thé accompagnent souvent une petite collation de fortune.