AA/Abidjan/ Issiaka N’Guessan
Etre handicapé n’est plus une fatalité en Côte d’Ivoire et dans d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest, ces personnes bénéficiant, de plus en plus aujourd'hui, d’un intérêt croissant et se situant au coeur d'une nouvelle dynamique sociale.
D’ailleurs, un festival lui a été dédié du 3 au 5 juillet à Abidjan, capitale économique ivoirienne, sous le signe «Nous aussi pour la promotion des droits et compétences de la personne handicapée ». Il a été organisé à l'initiative de certaines associations ivoirienens, dont l'association des paralysés de Côte d'Ivoire (Apci), de la confédération des personnes handicapées de Côte d'Ivoire (Cophci).
Premier du genre, ce rendez-vous social et à vocation humaniste a drainé des participants de toute la sous-région ouest-africaine et de l’Europe également.
Le Togo, le Burkina Faso, le Mali et la France y ont été représentés à travers « au moins 80 exposants», selon Soumahoro Adama, l’un des promoteurs du festival.
Le programme de cette première édition s’est articulé autour de quatre conférences dont les thèmes touchent aux droits de la personne handicapée, de l’employabilité, de la notion même de handicap et du rôle de la personne handicapée dans le développement des pays africains, souligne M.Adama.
Une exposition portant sur « le savoir-faire et les filières où exercent et excellent les personnes handicapées » a, de surcroît, eu lieu.
Pour Bâ Traoré Razack et Ariziki Tchagouni, de la délégation du Togo, qui exposent des tenues traditionnelles, des sacs, des pagnes et des vêtements tissés, « ce festival offre l’opportunité d’échanger les idées et de s’enquérir des difficultés des uns et des autres ».
« C’est une occasion pour profiter de l’expérience de nos frères ivoiriens et parler des personnes handicapées du Togo car les problèmes sont pratiquement les mêmes dans la sous-région en ce qui nous concerne », indique Bâ Traoré Razack à Anadolu.
Selon lui, malgré une certaine amélioration de la situation, « une certaine stigmatisation persiste et les personnes porteuses de handicaps sont encore confrontées à des difficultés d’ordre financier.
« Nous avons pourtant des compétences à capitaliser, mais sans soutien financier, tout est voué à l’échec », souligne Razack.
Son camarade Ariziki Tchagouni affirme que l’événement d’Abidjan est un rendez-vous pour faire le «plaidoyer » de la personne handicapée qui demeure plus ou moins « marginalisée » en Afrique, alors qu’elle a « les mêmes potentiels que les autres ».
Le numéro un de la direction de la promotion des personnes handicapées, Victorien Koné, reconnaît les difficultés du passé, mais se félicite de l’avancée enregistrée en matière de traitement de la question des personnes handicapées.
« On ne peut que se réjouir, notre pays a des acquis en matière d’emploi, de scolarisation et dans bien d’autres secteurs en faveur de la personne handicapée. Nous avons 150 associations et Ongs, donc un mouvement associatif développé en Côte d’Ivoire et ce festival permettra de tirer profit des expériences des uns et des autres », dit-il.
Se félicitant des acquis enregistrés, il ajoute : « Nous sommes un des rares pays à offrir des emplois décents à la fonction publique à la personne handicapée. Bientôt trois cents des 1875 jeunes handicapés diplômés verront leurs dossiers de recrutement finalisés. Ce qui portera à 1000 le nombre des personnes handicapées recrutées dans la fonction publique depuis 1997».
En Côte d’Ivoire, il y a 400.000 personnes handicapées, informe le directeur Koné, regrettant par ailleurs l’absence du secteur privé dans l’intégration et l’insertion de cette catégorie sociale dans la vie professionnelle.
« Nous avons pratiquement 80% d’illettrés parmi les Ivoiriens porteurs de handicaps, il faut penser d’autres schémas pour leur insertion. Un projet lancé en 2014 pour 4000 personnes handicapées d’un montant de 4,2 milliards de FCFA (8,4 millions USD) sur 5 ans piétine encore. Seulement 100 millions de FCFA (200 mille USD) ont été décaissés. En 2015, 60 personnes des secteurs de l’aviculture et de l’infographie ont été encadrées. Nous sommes déterminés à faire mieux », conclut-il.
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