
AA/ Bangui/ Nacer Talel
Sur la route de Bangui vers Kaga Bandoro ( dans le Nord près du Tchad), se poursuit le voyage du convoi musulman escorté par la Misca et continue à s’écrire au fil du chemin un triste récit. Le correspondant de Anadolu en a rapporté quelques péripéties.
Entassés tel « un troupeau » à l’arrière d’un véhicule poids lourd, des centaines d’êtres humains sont à première vue comparables à des rescapés d’une grande catastrophe naturelle. Visages pâles, regards fanés, des bouts de tissus usés ballotés par le vent, gémissements à peine audibles d'une fille de 13 ans atteinte d'une balle au genou droit, un cadavre d'une dame tuée par les anti-Blaka suite à une brusque attaque du convoi et de vieux ustensiles éparpillés ici et là, le décor est digne des plumes les plus pessimistes.
Pour un jeune étudiant musulman faisant partie du convoi et qui a tenu à garder l’anonymat, il était même « digne de la plume et de la réflexion d’un Thomas Hobbes qui a dit un jour, en s’interrogeant sur la nature de l’être humain, "l’homme est un loup pour l’homme".
Ces mots chargés de sens étaient rapidement déglutis par le vacarme des moteurs. Lequel vacarme n’a pour autant pas pu empêcher Khadija de donner vie à un nouveau-né, dans la douleur. Son accouchement a duré des heures, et elle était à bout touchant de « l’heure du repos éternel », selon les termes d’une compagnante à elle, faisant allusion à la mort.
« Ce nouveau-né qui a vu le jour, au moment où l’homme exploite, mutile et malmène son semblable vivra fort probablement des jours durs et mènera des conditions précaires, car telle est l’actualité de la RCA, il semble qu’il n’y aurait pas de lumière au bout du tunnel, sur le court terme », lance un homme ensevelis sous les bagages ».
Mais Khadija était fière de son enfant qui, quoiqu’il grandira dans l’inconfort, « prendra soin d’elle et mettra un terme à son voyage au bout de la souffrance », lance la dame sous les pleurs et les cris des enfants qui l’entourent, alors que le convoi poursuit son chemin sur la route de Kaga Bandoro.
« La route vers Kaga est imprévisible et le danger est à tout bout de champ », lance un Misca tout en promenant son regard tantôt à gauche tantôt à droite. Pour lui, certains des anti-Balaka sont « impitoyables et ne prennent en considération ni enfants ni femmes enceintes ». D’où la nécessité d’une « vigilance continue ».
Un avis manifestement partagé par un vieillard qui n’a pas omis de s’interroger sur l’origine et la cause de la perte des bonnes valeurs jadis régissant les relations entre les hommes.
« Ni la religion musulmane, ni celle chrétienne ne permettent ce qu’on est en train de vivre dans notre pays. Ce ne sont ni musulmans ni chrétiens ceux qui égorgent des créatures divine à qui ils n'ont pas donné la vie. Ceux qui pillent, terrorisent hommes, femmes et enfants et qui mangent de la chair humaine sont tout simplement des gens sans foi ni lois. Mais, autrefois l'on menait une vie simple mais paisible et sereine. Aujourd'hui, l'on s'entretue. Est-ce l'histoire à reculons, ou est-ce une saugagerie de l'homme qui a atteint son dernier degré », s'interroge le vieillard, sur un ton amer.
Une femme établie à son côté scrute l’horizon, tout en murmurant. Lui demandant ce qu’elle était en train de dire, elle pousse un long soupir tout en avalant ses mots, elle aurait voulu dire « Quels seraient les mots pouvant cerner tout le mal que l’on m’a fait ? »
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