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Cameroun: Boko Haram prolonge les souffrances de jeunes ventres affamés

"9% des enfants de l'Extrême-nord camerounais souffrent de malnutrition aiguë". (Représentante de l'Unicef)

25.02.2015 - Mıse À Jour : 25.02.2015
Cameroun: Boko Haram prolonge les souffrances de jeunes ventres affamés

AA/ Douala-Cameroun/ Pado Chemie

Boko Haram en rajoute une dose à leur lot de souffrances quotidiennes : 46,1% des enfants âgés de moins de cinq ans de l’Extrême-nord camerounais sont de plus en plus privés  de nourritures, donc, du besoin élémentaires d’une vie décente.

Félicité Tchibindat, représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance « Unicef » au Cameroun en a parlé, non sans amertume, dans un entretien exclusif avec Anadolu.

Ces «damnés de la terre» souffrent de malnutrition chronique, selon Mme. Tchibindat. Dans ce sens, elle fait observer que  9% de ces enfants souffrent de malnutrition aigüe et que 10% se trouvent dans une situation d’ «urgence humanitaire» avec des risques de « mortalité élevée ». En 2012, on était, précise-t-elle, à 44% et en 2013 à 39%. La région est la plus touchée et c’est très préoccupant», indique-t-elle, en se référant aux chiffres de l'Unicef.

Avec les attaques répétées de Boko Haram dans cette région, de nombreuses familles ont quitté leurs maisons. Elles étaient accompagnées de leurs enfants, à la recherche de lieux paisibles, ce qui aggrave le risque de malnutrition. «Les populations ont déserté leurs villages. Elles se sont réfugiées dans d’autres villages et on sait que ces personnes sont extrêmement vulnérables. Des centres de santé ont été fermés. La possibilité d’avoir accès aux soins de santé est donc réduite », constate Dr Félicité Tchibindat.

Pire, la représentante de l’Unicef au Cameroun soulignent que durant leur fuite, les femmes enceintes soufrent de « stress ». Elles développent alors le risque de mettre au monde « des enfants avec des poids inférieurs à 2500 mg », ce qui a une conséquence directe « à long terme » sur leur croissance. Selon Félicité Tchibindat, la malnutrition s’installe pendant la grossesse et les 1000 premiers jours de l’enfant. « Si on n’intervient pas à ce moment, l’enfant peut difficilement récupérer plus tard, il aura des difficultés à l’école car son cerveau n’a pas suffisamment été développé », explique la responsable.

En dehors des échanges économiques perturbés entre le Cameroun, le Tchad et le Nigéria à cause de Boko Haram, la vie agricole dans la région a également pris un coup dur.

« Dissuadés par le groupe armé nigérian, certains paysans n’ont pas pu investir dans l’agriculture. Et on sait que la saison agricole est très courte dans l’Extrême-Nord. Il doit y avoir des conséquences sur la sécurité alimentaire qui, n’ayant pas été très bonne, risque de s’aggraver», se désole Félicité Tchibindat. En 2014, la production céréalière (riz, sorgho, mil et maïs) s’est fixée à 132 mille tonnes, alors que la demande était estimée à 770 mille tonnes, dans l’Extrême-nord du Cameroun, selon le programme d'Appui au développement des filières agricoles « Padfa ».

La représentante de l’Unicef met, de surcroît, en garde contre  des maladies comme le choléra qui pourrait être occasionné par la malnutrition chronique. L’organisation à laquelle elle appartient semble avoir pris des précautions en coordination avec le PAM. La première structure devra s’occuper de la malnutrition aiguë et sévère dans la région, pendant que la deuxième tentera de trouver des solutions à la malnutrition aiguë modérée.

Avec un staff des bureaux de l’Unicef de Maroua constitué d’environ 14 personnes, la patronne du Fonds des Nations Unies pour l’enfance au Cameroun mise sur la sensibilisation des mères de l’Extrême-nord quant à l’importance de l’allaitement maternel, pour remédier à une situation très précaire.

Mais l’Unicef ne peut pas se contenter de telles mesures, espérant plutôt pouvoir  collecter, note Mme Tchibindat, une somme de 610 millions de Francs Cfa (près de 1,05 million usd), auprès des Camerounais, des entreprises et du reste des donateurs, d’ici décembre 2015. Ce montant permettra de secourir 33% des enfants victimes de malnutrition  au Cameroun et qui se trouvent en majorité dans les régions de l’Extrême-nord, du Nord, de l’Est et de l’Adamaoua (frontalière du Nigéria à l'ouest et de la République centrafricaine à l'est).

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