Archive, Afrique

Côte D’ivoire: A Grougy , l’or tourne à la malédiction

Des orpailleurs maliens et burkinabés ont pris d’assaut la ville jusque-là paisible.

13.11.2014 - Mıse À Jour : 13.11.2014
Côte D’ivoire: A Grougy , l’or tourne à la malédiction

AA/Grougy(Côte d’Ivoire)/Clarisse Bolonga

Grougy n’avait pas d’or mais avait la paix. Depuis l’arrivée d’orpailleurs maliens et burkinabés le petit village paisible au centre de la Côte d'ivoire, a eu son or mais a perdu la paix.

A Grougy, un petit village de la commune de Djekanou, à environ 70 kilomètres de Yamoussoukro (Centre), tout le monde regrette avoir troqué l’or contre la paix. La venue de chercheurs d’or pour explorer les richesses du sous-sol de ce petit village paisible, a certes rendu aisés quelques habitants mais a importé avec elle le banditisme et risque de détruire l'environnement. 

« Depuis l’arrivée des orpailleurs à Grougy, il y a de plus en plus de cas d’agressions et de vols. Madame le procureur a été violée à son domicile, début octobre», a expliqué Prince Edouard Kotonou, président des jeunes à la mairie de Djekanou, son chef-lieu.

Depuis quelques mois des exploitants d’or, au nombre de 5000, essentiellement des Burkinabè et des Maliens, ont profité de l’ignorance des populations locales pour extraire cette matière première.

« Le premier chantier a commencé en mai. Nos parents ne savaient pas que ça allait devenir un danger pour nous. Ensuite, il y a eu deux autres chantiers. Le dernier contenant une grande quantité d’or, ils ont appelés d’autres burkinabés. C’est à partir de là que la région est devenue invivable », explique, à Anadolu, un villageois.

Les sommes proposées aux villageois en échange de l’exploitation de leurs terres à des fins d'orpaillage oscillent entre 1 et 3 millions de  Francs CFA( 1800 à 5000 USD).

« Les orpailleurs suivent une ligne de cailloux qui contiennent de l’or. Si la ligne de cailloux mène  dans un champ, les orpailleurs négocient avec son propriétaire. Ainsi est on arrivé au terrain de ma cousine. En contrepartie de l’accès au terrain les extracteurs proposent argent, voitures, motos», explique Francis Kouassi Koffi.

L’exploitation illégale d'or se fait dans plusieurs localités de  Côte d’Ivoire telles que Bouaflé, Divo et Djekanou (Centre). Et après le passage des pelles et des creuseurs, les plantations (de café et cacao) ne sont plus cultivables car les trous vont jusqu’à 60 mètres de profondeur et parce que les orpailleurs utilisent le mercure pour solidifier la poudre d’or, quitte à impacter l’environnement.

« L’utilisation du mercure dans l’extraction de l'or entraîne la destruction de la nappe phréatique. En outre, tout l’écosystème va être pollué, pendant  au moins 20 ou 30 ans, après l’arrêt des activités. Elle provoque également des dommages irréversibles sur les sols qui deviennent impropres à la culture », explique Etienne Beugré, expert en environnement et consultant à la Banque Mondiale.

Pendant quatre mois, ce petit village de Djekanou s’est transformé en véritable zone de non droit, avec une forte prolifération de la prostitution, du banditisme et des trafiquants.

 « Ni la mairie, ni la préfecture n’ont été officiellement informés. Mais officieusement, ils savaient ce qui se tramait dans le village de Grougy, révèle Kotonou, un habitant du village. 

Pour  avoir de l’or, les trafiquants  creusent des puits et  extraient des cailloux. Des machines les broient en poudre qui, pour être solidifiée, a besoin de mercure brulé. Lors du broyage,  le ciel se transforme en fumée de poussière, avec de graves conséquences sur la santé.

« Le mercure, sous forme organique de fumée  se renverse sur le sol lors des pluies, il va être drainé dans les eaux de surface pour se transformer en méthyle de mercure, qui ira ensuite dans les fruits-légumes et poissons. La consommation de ces derniers entrainera démangeaisons, maladies pulmonaires, dérèglement du système nerveux et destruction des spermatozoïdes sur le long terme », Brice Delagneau, président d’Amistade, une ONG nationale.

Le gouvernement ivoirien a annoncé début septembre la fermeture, pendant trois mois, de près de 150 mines d’or clandestines dans le nord et le centre du pays. Un programme gouvernemental de rationalisation de l’orpaillage vise à réorganiser le secteur à travers un exercice légal, encadré par l’administration minière. L’activité minière ne dépassant pas 5% du PIB ivoirien.

 
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın