
AA/ Bujumbura/ Renovat Ndabashinze
Le tambour burundais suscite beaucoup d’admiration lors des différents festivals organisés dans les grandes villes du monde et cherche par les temps qui courent à acquérir une place de choix sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité, Bujumbura étant à l'oeuvre.
Le mois de novembre 2014 en sera déterminant. A cette date, l'on saura si cet instrument musical africain fera désormais partie du patrimoine de l'humanité ou pas. Un "oui" de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) fera le bonheur de Léonard Sinzinkayo, directeur général de la culture et des arts au ministère de la Culture, des Sports et de la Jeunesse.
La préparation du dossier n’a pas été chose facile : des nationaux composés de professeurs d’universités, de cadres du ministère de la Culture ainsi que des traditionnalistes, ont dû passer à peu près trois ans ensemble pour rassembler les éléments, affirme M.Sinzinkayo.
Il s’agissait entre autres, explique-t-il, de travailler sur les spécificités du tambour burundais, en d'autres termes, de mettre en valeur les éléments distinctifs par rapport au reste des tambours du monde. « Nous étions guidés par le souci de mieux faire connaître cet élément culturel sur le plan international », précise-t-il à Anadolu, soulignant qu’une fois inscrit au patrimoine mondial de l'humanité, d’autres pays aideront à sa préservation.
Même mobilisation du côté du président burundais, Pierre Nkurunziza. D'ailleurs, lors d'une visite en juin dernier en France, il a eu des entretiens avec les cadres de l’Unescom basé à Paris. Ces derniers lui ont promis, selon M.Sinzinkayo, d'appuyer la demande du Burundi pour qu'elle soit approuvée par l'Unesco avant la fin de l'année en cours.
Issu d’un tronc d’arbre taillé, l' Umuvugangoma (tambour en Kirundi, langue locale), fabriqué à partir d'une peau de taureau (jamais une vache), captive souvent. Il comprend principalement quatre composantes : le pied, le ventre, les chevilles et la peau. D'où son originalité.
L’attraction du tambour burundais remonte aux temps des monarchies d’après l'historien Emile Mworoha: « cet instrument était un symbole de pouvoir et de puissance, comme le voulait la tradition burundaise. Il était exclusivement battu, à l’aide de deux baguettes en bois, à la cour royale et chez les grands chefs, de sang royal également». Les acrobaties effectuées par les tambourinaires fascinent et son hurlement donne un son étrange à la fois étrange et apprécié.
Les hommes- jamais les femmes, manipulaient cet instrument, souligne l'historien. Antime Baransakaje, un tambourinaire septuagénaire de Gishora (Est de Bujumbura), lui, note que « les femmes pouvaient seulement accompagner les hommes dans la danse. Il leur est interdit même de toucher les deux petites baguettes en bois servant à jouer au tambour ». Il s’insurge néanmoins contre la tendance actuelle conisitant à jouer de cet instrument pendant des fêtes familiales : « c’est un crime odieux, une transgression culturelle ».
Ce Burudais révolté contre " un héritage civilisationnel et une richesse patrimoniale en déperdition" désapprouve de ce fait les tentatives des étrangers de s’approprier le tambour burundais. « Je ne comprends pas comment un objet sacré peut-être fabriqué par des étrangers. Cet objet d'art qui nous était de tout temps cher, est de plus en plus banalisé et réduit à un simple objet de commerce», se désole-t-il, pointant du doigt "certains clubs qui en font un objet de business".
En vue de protéger cet élément culturel, une loi est en train d’être élaborée pour une meilleure implication de toutes les parties prenantes : le ministère de la Culture, des Sports et de la Jeunesse, les traditionnalistes, et les clubs culturels, conclut Léonard Sinzinkayo.
Le tambour occupe une place de choix dans la culture burundaise. Instrument qui symbolisait pour le Burundi ancien la légitimité royale et la pérennité de la nation, il est associé par les Burundais à un objet sacré et est joué en des circonstances exceptionnelles: intronisation ou funérailles des souverains.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.