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Bénin: Le spectre de Boko Haram hante les esprits

Après la décision du gouvernement d’engager près de 700 soldats pour participer à la force multinationale mixte de lutte contre le groupe armé nigérian.

11.02.2015 - Mıse À Jour : 11.02.2015
Bénin: Le spectre de Boko Haram hante les esprits

AA/ Cotonou/ Serge David Zouémé

Plusieurs Béninois, surtout les habitants de Sémé-Kraké, sur la frontière bénino-nigériane,  ont la peur au ventre : Boko Haram et ses exactions « impitoyables » hantent leurs esprits de jour comme de nuit, malgré la "détermination" affichée par le gouvernement à "éradiquer le fleau du terrorisme".

Certains d’entre eux vont plus loin pour pointer du doigt la décision de leur gouvernement d’engager 700 soldats, dans le cadre de la force africaine multinationale, fraîchement mise en place pour combattre le groupe armé nigérian.

«Dieu est notre seul sauveur, nous savons que nous ne pourrons rien contre Boko Haram, mieux organisé et mieux armé que nos forces militaires», déclare à Anadolu, Ernest K, un habitant de Sèmè-Kraké, ville de l'Est du Bénin, frontalière avec le Nigéria.

Selon cet enseignant quadragénaire, le groupe Boko Haram est non seulement assez outillé, mais compte plusieurs ramifications. «Il sera difficile pour les troupes tchadiennes et camerounaises de le contenir », conclut-il, regrettant l’annonce faite par le président béninois d’engager le pays dans le combat contre le terrorisme.

Dans cette localité du Bénin qui jouxte le Nigéria, les effectifs de gendarmerie, de police et d’autres unités militaires ont été renforcés.

«Depuis plusieurs jours, les hommes en treillis sont plus nombreux et parfois nous avons peur. Ils fouillent un peu partout. On ne sait pas vraiment ce qu’ils cherchent », confie à Anadolu une commerçante béninoise qui loge à Sèmè-Kraké (frontière bénino-nigériane).

Pour elle, le spectre de Boko Haram dérange et noircit bien des vies.

Dame Honon, sexagénaire, vendeuse de pains sucrés à la frontière, comprend mal « l’ingérence du chef de l’Etat béninois » dans l’affaire Boko Haram.

«Je ne comprends pas pourquoi va-t-on réveiller le chat qui dort. Boko Haram ne pense pas à nous. Ils sont dans leur coin et nous sommes allés les provoquer. Lorsque Boko Haram va envahir le Bénin, c’est nous qui sommes dans les villes frontalières et qui allons d’abord essuyer leurs tirs avant tout le monde », argue-t-elle.

Tout comme les habitants de Sèmè-Kraké, les usagers du marché international de Dantokpa à Cotonu (capitale), le plus grand du pays d’ailleurs, ne cachent pas leur peur quant à d’éventuelles représailles de la secte terroriste.

«Nous sommes dans un marché qui s’étend sur 18 hectares et qui est fréquenté par plus de 30.000 personnes chaque jour. Imaginez un instant que les membres de Boko Haram prennent d’assaut le marché et commettent leur forfait ; ce sera très grave », confie à Anadolu, un agent de la Société de gestion des marchés publics « Sogema » qui a requis l’anonymat.

Edwige, vendeuse de pagnes dans l’enceinte du marché, abonde dans le même sens : « Nous commerçons tout en restant sur nos gardes. Nous avons peur de ces messieurs de Boko Haram qui n’ont pas de pitié pour les pauvres populations ».

Elle glane ses mots, puis elle reprend : «L’autre jour, il y a eu une fausse alerte et tout le monde a paniqué. Nous avons entendu: ils arrivent… ils arrivent ! C’était la panique générale ici », se souvient-elle.

Dans sa chronique hebdomadaire intitulée «Bénin : en attendant l'arrivée de Boko Haram », publiée dans le quotidien privé « La Nouvelle Tribune », l’écrivain béninois Florent Couao-Zotti, écrit  «  Boko Haram n'a pas oublié notre pays. D'ailleurs, de tous les Etats voisins du Nigéria, notre pays est considéré comme le maillon faible, celui dont l'armée est la moins expérimentée, la moins aguerrie ».

Lors d’une cérémonie d’échanges de vœux avec  le corps diplomatique accrédité au Bénin le 23 janvier, le président Boni Yayi  a lancé un « vibrant appel sur l’engagement de son pays à envoyer des troupes aux côtés des pays voisins ».   Dans son discours, le chef d’Etat béninois a insisté sur les conséquences désastreuses des activités illicites transfrontalières de groupes terroristes dans la sous-région ouest-africaine notamment dans la bande sahélo-saharienne avec l’activisme de la secte Boko Haram. Il a de ce fait appelé la Communauté internationale à se coaliser pour éradiquer le fléau du terrorisme.

 Depuis le milieu de janvier, les forces tchadiennes mènent, aux côtés de l'armée camerounaise, des opérations militaires contre le groupe armé nigérian, notamment dans l'Extrême-Nord du Cameroun. L'armée béninoise a, quant à elle, fait son entrée au sein de la Force multinationale Mixte, récemment mise en place, totalisant 8700 hommes du Bénin, du Cameroun, du Niger, du Nigéria et du Tchad.

 
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