
AA/Tunis/Fethi Djebali
Famine, conflits, coup d’Etats en série, …l’image que renvoi l’Afrique au monde n’est guère réjouissante. Pourtant Au-delà des clichés une autre Afrique enfouies sous le joug des stéréotypes existe.
Les africains courent vite, la famine et les maladies touchent tout le continent africain, en Afrique le tribalisme explique tous les conflits... L'Afrique n'est pas prête pour la démocratie .L’Afrique est le continent des coups d’Etat par excellence. Les Africaines font trop d'enfants... La liste à rallonge des clichés sur le continent noir émeut autant qu’elle fait rire. Mais s’il y a des parties qui contribuent à les enfoncer, d’autres ont déclaré la guerre à ces stéréotypes sur le continent noir et tentent de les extirper de l’imaginaire collectif du monde.
Céline Langendries, coordinatrice de l’ONG belge CEC anime à Bruxelles « l’Afrique au-delà des clichés » un séminaire destiné aux enfants belges où elle tente de déconstruire l’image que ces enfants ont du continent noir. « Pour la plupart des belges l’Afrique est pauvre, l’Afrique est un seul et grand pays, l’Afrique est un grand paysage désertique où il n’y a pas de grande ville et tous les Africains souffrent de faim,… Ça peut paraître caricatural et pourtant, ce sont des idées très répandues, souvent inconscientes », regrette—t-elle dans une déclaration à Anadolu
Pour déconstruire ces clichés, Céline prend comme support les compagnes de collecte de fond des ONG « Ce sont les sources d’informations qui nous permettent de nous forger une image du continent africain. Les campagnes d’appel aux dons des ONG nous renvoient des images souvent misérabilistes et culpabilisantes, jouant sur l’émotionnel », a-t-elle expliqué à Anadolu
En effet, La plupart des affiches d’appel aux dons mettent en scène - des femmes ou des enfants en détresse, seuls, souvent avec le regard vide et le visage émacié. Les messages qui accompagnent ces affiches sont encore plus culpabilisants : « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas » ou alarmant : « soudan, 7000 milles enfants en danger de mort ». « Les campagnes d’ONG renvoient une image des Africains comme de "pauvres victimes à aider". Intrinsèquement, cela engendre l’idée que les tous Africains sont des êtres passifs face à leur situation, attendant désespérément l’argent des pays du Nord dont ils dépendant totalement pour évoluer. », analyse Céline Langendries.
A travers le prix HARUBUNTU, Wivine Hynderick et ses partenaires africains, se battent contre cette image de l’Afrique dépendante et incapable de se prendre en charge. Le prix, lancé en 2007 par l’ONG Echos communication met en lumière chaque année des Africains ordinaires qui font des choses extraordinaires. « Ce prix récompense des personnes qui n’ont pas attendu l’aide internationale ni leur gouvernements pour reussir ; des personnes qui ne tendent pas la main », explique Wivine Hendricks .« Les représentations de l’Afrique renvoient l’image d’un continent noir dans tous les sens du terme. C’est bien connu, « On s’intéresse plus aux trains qui arrivent en retard qu’à ceux qui arrivent à l’heure », ajoute son partenaire Tanzanien dans cette initiative, Deo Baribwegure
Mais certains médias restent le responsable le plus pointé du doigt comme le prisme le plus déformant de l’image de l’Afrique. « La logique de l’information veut que les médias internationaux ne parlent en général de l’Afrique que pour informer autour d’un conflit armé, d’une catastrophe naturelle ou humanitaire », a relevé Céline Langendries et d’ajouter « Il est important de prendre conscience que ces sources d’informations biaisent notre regard ».
Pour contrebalancer la machine médiatique internationale, L’ONG Harambee international a créé le prix « Communiquer l’Afrique » qui récompense les hommes de médias ou de communication qui ont permis par leur production d’éclairer d’autres facettes moins sombres du continent. « Des programmes et des activités de contre-information sont nécessaires pour redorer l’image du continent et extirper les clichés les plus récalcitrants», a déclaré Rossella Miranda , responsable au sein de cette ONG à Anadolu.
Mais celui qui détient l’information détient le pouvoir et sortir l’Afrique du rouleau compresseur des medias internationaux et des ONGs demeure malgré ces initiatives un objectif qui nécessite un travail de fonds. Pour Bernado Mariano Houenoussi, référent béninois du Prix Harubuntu « Il faut sortir d’une logique où le Nord se croit dominant et obligé de dominer et le Sud se croit dominé et obligé d’être dominé ».
A l’occasion du dernier sommet du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, Donald Kaberuka président de la banque africaine de développement (BAD) a mis le doigt là où le bat blesse : «un milliard d’habitants vivent en Afrique, 90 % de toutes les Africaines et de tous les Africains habitent dans 24 pays stables. Ce n’est pas un chiffre que tout le monde connaît. 50 % d’entre eux vivent dans 7 pays très stables, et 75 % dans 12 pays stables. Dans ces 24 pays où vivent 90 % des Africains, un seul traverse une situation d’instabilité politique »,a-t-il déclaré avant de reconnaitre que la mauvaise image dont souffre l’Afrique depuis longtemps, « c’est nous-mêmes, Africains, qui avons contribué à la développer ».
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