Analyse

Portrait : Boris Johnson

- Ancien journaliste diplômé d'Oxford et actuel Premier ministre britannique, Boris Johnson quitte ses fonctions après la vague de démissions qui a ébranlé son gouvernement

Ahmet Gürhan Kartal  | 07.07.2022 - Mıse À Jour : 09.07.2022
Portrait : Boris Johnson

London, City of

AA / Londres / Ahmet Gurhan Kartal

Boris Johnson, né Alexander Boris de Pfeffel Johnson, a fait carrière comme journaliste avant de se lancer dans la politique.

Né en 1964 à New York, aux États-Unis, Johnson a fait ses études à Eton College, une institution scolaire privée britannique dont sont sortis de nombreux premiers ministres britanniques, parmi lesquels David Cameron, qui a ouvert la voie au référendum sur le Brexit en 2016.

Johnson a étudié les lettres classiques à l'Université d'Oxford et a été élu, en 1986, président de l'Oxford Union (une des plus anciennes associations étudiantes britanniques).

Âgé de 57 ans, il est issu d'une famille britannique aisée de la classe moyenne supérieure. Il est le fils aîné de Stanley Johnson, homme politique britannique qui a été membre du Parlement européen de 1979 à 1984.

Johnson a aussi des origines turques : son arrière-grand-père, Ali Kemal, était un journaliste et homme politique ottoman qui fut ministre de l'intérieur dans l'un des derniers gouvernements de l’Empire Ottoman.


- Du journalisme à la politique


Boris Johnson commence sa carrière journalistique fin 1987 comme stagiaire au Times de Londres, mais il est licencié pour avoir falsifié une citation.

Il trouve rapidement un emploi au Daily Telegraph, où, connu pour ses positions eurosceptiques, il travaille comme correspondant du journal à Bruxelles de 1989 à 1994.

De retour à Londres en 1994, Johnson devient rédacteur en chef adjoint et chroniqueur politique du Telegraph.

Il a écrit de nombreuses chroniques controversées au fil des ans. En 2002, il a été accusé de racisme pour avoir utilisé l'injure raciale "piccaninnies" (petit enfant noir, indien ou aborigène, équivalent de négrillon en français) pour désigner les personnes de race noire. Il s'est excusé six ans plus tard lors de sa candidature à la mairie de Londres.

En août 2019, juste après avoir quitté le poste de ministre des Affaires étrangères, il a été largement critiqué pour avoir écrit une chronique islamophobe comparant les femmes musulmanes portant un foulard à des "boîtes aux lettres" et à des "voleurs de banque". De nombreux groupes de défense et politiciens, dont la Première ministre de l'époque, Theresa May, ont exhorté Johnson à présenter des excuses pour ses propos islamophobes.

Au début des années 2000, Johnson est passé du journalisme à la politique, remportant un siège de député du parti Conservateur à Henley, dans l'Oxfordshire, de 2001 à 2008.

Il est nommé ministre des arts du cabinet fantôme (en anglais shadow cabinet : comprend les députés d'un parti d'opposition qui, sous la conduite du chef de leur parti, forment un cabinet alternatif à celui du gouvernement), mais est limogé en 2004 pour avoir menti sur sa liaison avec une chroniqueuse britannique.


- Maire de Londres


En mai 2008, Johnson a été élu maire de Londres, poste qu'il a occupé jusqu'en 2016.

Ses huit années en tant qu'édile de la capitale britannique ont été jalonnées de succès, comme les Jeux olympiques de 2012, et de revers, notamment les émeutes de 2011.

Il a également introduit dans la capitale un programme de vélos en libre-service connu par beaucoup sous le nom de "Boris bikes".

En mai 2012, il a remporté un second mandat à la mairie.


- Partisan de la sortie de l'Union européenne


À l'approche du référendum historique de 2016 sur le Brexit, Boris Johnson a été le partisan le plus en vue de la campagne Leave (quitter l'UE).

Il a fait le tour du pays dans un bus rouge arborant le slogan : "Nous envoyons à l'UE 350 millions de Livres (439 millions de dollars) par semaine. Finançons plutôt notre NHS (National Health Service - système de la santé publique du Royaume-Uni)." (Cette affirmation s'est vue largement démentie par la suite, après la victoire du Brexit).

Il a également souligné l'importance de "reprendre le contrôle des frontières du pays", un slogan qui s'est partiellement concrétisé en 2022 avec le plan controversé relatif au transfert des demandeurs d’asile vers le Rwanda.

Le 23 juin 2016, lors d'un vote très disputé, le pays a choisi de quitter l'UE avec 52 % des voix contre 48 %.

Le mois suivant, Johnson est nommé au poste clé de ministre des Affaires étrangères. Il démissionne deux ans plus tard, accusant Theresa May de transformer le Royaume-Uni en une "colonie de l'UE".

Boris Johnson est devenu le nouveau chef des conservateurs après s'être imposé dans la course au leadership, le Comité 1922 - le groupe parlementaire des conservateurs à la Chambre des communes - ayant évincé Theresa May en juillet 2019.

Son principal legs au cours de son premier mandat a été de conclure l'accord du Brexit avec l'UE, finalisant le processus de sortie de l'Union après des années de négociations.

Johnson a été félicité pour la distribution du vaccin contre la COVID-19 dans le pays, après s'être attiré les foudres du public pour ses plans d'immunité collective, le Royaume-Uni ayant enregistré l'un des plus grands nombres de décès en Europe.

Mais les critiques les plus virulentes à l'encontre de Boris Johnson ont été formulées au printemps 2022, avec la révélation de fêtes organisées pendant le confinement au 10 Downing Street, alors que le reste du pays était soumis à des règles strictes liées à la pandémie. Johnson et d'autres membres importants du parti Conservateur ont été pénalisés par la police métropolitaine pour avoir enfreint les directives de confinement fixées par le gouvernement.

Un rapport d'une haute fonctionnaire, Sue Gray, a déclaré que Johnson était personnellement responsable, en tant que chef du gouvernement, de toutes les fêtes tenues au 10 Downing Street.

Le 6 juin, le Comité 1922 a réussi à dépasser le seuil de 15 % des députés du parti Conservateur - soit 54 députés - pour organiser un vote de défiance contre Johnson.

Ce dernier survit au vote par une marge confortable, 211-148.

Boris Johnson doit cependant démissionner après la vague de démissions qui a ébranlé son gouvernement entre le 5 et le 7 juillet, suite à la nomination du député Chris Pincher au poste de Chief Whip (président du groupe parlementaire).


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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