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Les Français pris en tenaille entre les pénuries et les prix exorbitants des carburants

- Avec un gazole à 1,70 euro par litre et qui atteint les 2 euros dans certaines stations-service, la facture reste très lourde pour ceux qui ne peuvent pas se passer de leurs véhicules.

Ekip  | 04.10.2022 - Mıse À Jour : 04.10.2022
Les Français pris en tenaille entre les pénuries et les prix exorbitants des carburants

France

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

L’Etat français s’est largement mobilisé depuis le début de la flambée du prix des carburants en lien notamment avec la guerre en Ukraine.

Avec une remise initiale de 18 centimes par litre jusqu’à fin août puis désormais 30 centimes par litre, les Français sont quelque peu soulagés par ce geste.

Mais dans les faits, avec un gazole à 1,70 euro par litre et qui atteint les 2 euros dans certaines stations-service, la facture reste très lourde pour ceux qui ne peuvent pas se passer de leurs véhicules.

Depuis le 1er septembre, le groupe Total propose une réduction supplémentaire de 20 centimes par litre, cumulable avec la remise de l’Etat.

Dès la mise en place de ces tarifs largement plus bas que la normale et atteignant par endroit 1,50 euro par litre de gazole, les automobilistes se sont rués sur les stations-service du géant pétrolier français.

Lundi, à l’ouest de Nice par exemple, sur les six points de distribution du groupe, il fallait s’armer de beaucoup de patience pour réussir à mettre le plein à bas coût puisque cinq stations étaient en rupture de carburants, tandis que la sixième affichait une file d’attente particulièrement longue.

« Les Italiens viennent se servir ici grâce à cette remise et ça crée encore plus de demande chez nous », souffle la jeune femme chargée de l’encaissement d’une station Total Access, précisant que « dès que les carburants sont rechargés, les stocks ne tiennent pas une journée ».

Et pour les usagers, la patience reste le mot d’ordre pour espérer faire le plein à moindre coût.

Pour Cyril, en charge d’une association sportive, c’est « le parcours du combattant pour remplir le réservoir sans se ruiner ».

« J’ai fait le tour de toutes les stations Total avant d’en trouver une qui avait encore du carburant » explique-t-il à l’Agence Anadolu tout en notant que « les prix restent élevés malgré tout ».

Le père de famille souligne que « la crise des Gilets jaunes a commencé à cause d’un gazole à 1,36 euro » mais qu’aujourd’hui « les Français sont heureux parce que certaines pompent le proposent à 1,55 euro ».

Qualifiant la situation de « délirante », il espère que « la situation va vite rentrer dans l’ordre, parce que ça pèse très lourd dans les finances » au moment où « tout augmente dans les hypermarchés », y compris « les pâtes, les gâteaux, l’huile, etc ».

Eloïse, qui l’accompagne, fait le même constat. « On veut bien soutenir l’Ukraine et s’aligner sur la position de notre gouvernement mais le prix à payer commence à être un peu trop élevé ».

La jeune éducatrice pointe « les prix de l’énergie qui sont en train d’exploser » et se demande « si dans les rayons, l’augmentation des prix est légitime ».

« Je ne comprends pas pourquoi au lieu de nous donner 30 centimes de réduction, l’Etat ne supprime pas provisoirement les taxes sur les carburants qui représentent presque la moitié du prix qu’on paie » s’interroge-t-elle considérant que « la situation est assez grave pour prendre des décisions radicales ».

Du côté de Total, la communication se veut pourtant rassurante notamment pour balayer les craintes de pénuries.

Cité par France 3, le service de presse du géant français assure qu’il « n’y a pas de manque de carburants car TotalEnergies a constitué des stocks et procède actuellement à des imports réguliers ».

Le groupe recommande, néanmoins, aux usagers de ne pas se précipiter à la pompe pour faire le plein et note une hausse de 30% de la demande dans ses stations-service.

« Malgré les mouvements sociaux, le réapprovisionnement de nos stations se poursuit dans le contexte de l’opération de baisse des prix », affirme Total.

Mais en réalité, sur la carte interactive qui permet de suivre en direct la disponibilité des carburants du groupe, rares sont les stations à ne pas être touchées par la rupture de ses stocks.

Il est par ailleurs important de noter que les difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures ne sont pas uniquement liées aux prix bas pratiqués par l’enseigne mais sont également causées par un mouvement de grève des salariés.

Face à l’inflation, le personnel réclame une revalorisation des salaires à hauteur de 10% sur l’année 2022.

« Une partie des 35 000 salariés de Total en France touchent des salaires extrêmement faibles et il y a besoin de les revaloriser à hauteur de ce que le groupe dégage comme bénéfices », a déclaré la CGT au journal Le Parisien.

Pour les usagers, la grève couplée à une remise alléchante provoquent des difficultés d’approvisionnement mais les mois qui viennent risquent de s’avérer plus compliqués encore.

La remise du gouvernement et celle de Total vont largement baisser avec seulement 10 centimes chacune par litre à compter du premier novembre.

Le prix à la pompe va donc inévitablement exploser pour les consommateurs déjà acculés par l’inflation des produits alimentaires et de l’énergie.

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