Les femmes palestiniennes incarcérées : Une lutte sans fin ( Opinion )
- Les prisonnières palestiniennes vivent un voyage continu de souffrance, et leur situation fait partie des violations incessantes de l'occupation israélienne

Istanbul
AA / Istanbul
- L’auteur, Raed Mohammed Mahmood Amer, est le président de l'Association des prisonniers palestiniens.
Depuis le début de la lutte palestinienne, les femmes ont joué un rôle central aux côtés des hommes dans la résistance à l'occupation israélienne. Elles ont été des actrices clés dans tous les aspects de cette lutte, que ce soit dans la phase de préparation et de construction ou dans la bataille pour la libération. Cette participation ne s’est pas limitée aux rôles plus traditionnels, mais a constitué l’essence même de la lutte palestinienne.
Malgré les sacrifices croissants qu’elles continuent de faire, les femmes palestiniennes supportent toujours le fardeau de cette lutte. Depuis ses débuts, l’occupation israélienne a systématiquement ciblé les femmes à travers des meurtres, des tortures, des arrestations et d’autres formes d’oppression.
En ce qui concerne l’arrestation et la détention, des milliers de femmes palestiniennes ont été placées dans les prisons et camps de détention militaires de l’occupation au cours des six dernières décennies. Les femmes ont été utilisées comme levier pour faire pression sur les combattants de la résistance armée, en particulier ceux qui leur sont liés. L’arrestation des membres féminins de leurs familles a été utilisée comme un moyen de chantage pour forcer les hommes à se rendre. Cette politique abusive s’est intensifiée depuis le 7 octobre, au milieu de l’attaque continue d'Israël contre le peuple palestinien à Gaza, Jérusalem et en Cisjordanie.
Depuis le début du génocide, les arrestations et détentions de femmes palestiniennes ont fortement augmenté. Selon nos propres données en tant que groupes de défense des prisonniers, les forces d'occupation israéliennes ont arrêté, depuis octobre 2023, au moins 490 femmes palestiniennes en provenance de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem. Ces arrestations incluent des femmes de tous horizons : au moins 25 étudiantes universitaires, six journalistes, des avocates, des mères, des épouses de martyrs, et des personnalités publiques comme la parlementaire Khalida Jarrar.
De plus, nous avons des indications claires qu’un grand nombre de prisonnières arrêtées à Gaza sont victimes du crime grave des disparitions forcées, l'occupation refusant de divulguer leurs identités, le nombre de femmes détenues, ainsi que l’endroit où elles sont retenues.
Les femmes palestiniennes actuellement en détention israélienne subissent la période la plus violente et dangereuse de l’histoire du mouvement des prisonniers. Elles endurent une large gamme de violations sévères qui ont également été exercées contre les hommes. Sachant que les femmes font partie des secteurs les plus vulnérables de la société palestinienne, l’occupation israélienne a instrumentalisé les corps féminins contre elles dans une tentative d’infliger la douleur maximale. Ces violations incluent le viol, les agressions sexuelles, physiques et psychologiques, les fouilles corporelles forcées et inutiles, la famine imposée, et la privation de produits nécessaires aux femmes, parmi bien d’autres. Bien que les femmes aient historiquement souffert de telles violations de la part des autorités d’occupation, ces pratiques sont devenues beaucoup plus fréquentes et violentes depuis le début du génocide à Gaza. D’innombrables témoignages de femmes palestiniennes libérées servent de preuve aux abus généralisés qui se déroulent dans les prisons de l’occupation israélienne. Les Nations Unies ont reconnu les rapports de violences sexuelles, en particulier à l’encontre des détenues de Gaza.
Quelques exemples de prisonnières palestiniennes
Un exemple emblématique est celui de Khalida Jarrar, membre du Conseil législatif palestinien. Elle a enduré toutes les formes d’abus de la part de l’occupation, notamment l’isolement carcéral, la torture, la privation de nourriture et la négligence médicale. Elle a été placée à l’isolement pendant cinq mois consécutifs avant d’être libérée le 19 janvier 2025, dans le cadre de la première phase d’un échange de prisonniers et d’un accord de cessez-le-feu entre l’occupation et le mouvement Hamas. Parmi les pires violations qu’elle a subies figure le refus d’assister aux funérailles de sa fille, décédée alors qu’elle était en prison. Comme de nombreux autres détenus avant et après elle, Israël lui a volé le droit de faire ses adieux à son enfant.
Un autre exemple tragique est celui d’Israa Jaabis, qui a subi de graves brûlures lors de son arrestation. Les autorités israéliennes lui ont refusé tout traitement médical, aggravant ainsi sa souffrance. De son côté, Hana Shalabi a été arrêtée et torturée à plusieurs reprises. Elle a mené une grève de la faim de 44 jours pour protester contre sa détention sans procès ni inculpation, un régime connu sous le nom de détention administrative, dans des conditions particulièrement dures au sein des prisons israéliennes. Ces cas illustrent l’ampleur des violations subies par les prisonnières palestiniennes, où l’occupation ne manifeste aucune considération pour leur vie.
Malgré ces graves abus infligés aux femmes palestiniennes en détention israélienne, les organisations et institutions internationales de défense des droits humains demeurent silencieuses face à ces injustices. La communauté internationale n’a entrepris aucune action sérieuse pour exiger des comptes à l’occupation israélienne ou pour faire pression afin de mettre un terme à ces politiques inhumaines à l’encontre des prisonnières palestiniennes. Ces dernières continuent d’endurer un long chemin de souffrance, leur calvaire faisant partie des violations sans fin de l’occupation. Elles attendent toujours la liberté, dans l’espoir que la justice finira par triompher.
* Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la ligne éditoriale d’Anadolu.
* Traduit de l’Anglais par Adama Bamba
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