Politique, Analyse

Le Hamas conduit une nouvelle bataille pour briser le blocus imposé à Gaza (Analyse)

- Des observateurs n’excluent pas l’enclenchement d’une nouvelle confrontation militaire ...

1 23  | 24.06.2021 - Mıse À Jour : 24.06.2021
Le Hamas conduit une nouvelle bataille pour briser le blocus imposé à Gaza (Analyse)

Gazze

AA / Gaza / Mohamed Aboudoun

Le Mouvement de la Résistance islamique « Hamas » s’emploie à fructifier les résultats de la dernière bataille militaire pour mettre un terme au blocus israélien infligé à la Bande de Gaza.
Toutefois, cela n’est pas chose aisée compte tenu de la poursuite de l’entêtement et de l’obstination d’Israël à lier la reconstruction de la Bande au retour de quatre otages emprisonnés par le Hamas.
Le Hamas détient quatre Israéliens, dont deux soldats qui ont été emprisonnés durant la guerre contre Gaza, à l’été 2014, tandis que les deux autres ont accédé à la Bande dans des conditions peu claires durant les années écoulées. Le Hamas n’a fourni aucune information au sujet du destin ou de l’état de santé des deux soldats.
Le Hamas avait annoncé sa victoire au cours du dernier affrontement militaire qui l’a opposé à Israël (10-22 mai écoulé) et qui a été sanctionné par un couvre-feu, qualifié de « fragile » par les observateurs.
Nombre d’observateurs n’excluent pas d’ailleurs l’enclenchement d’un nouvel affrontement militaire au vu de la poursuite de la tension.
A la fin de la semaine écoulée, Israël avait lancé des raids contre des positions relevant des Brigades d’al-Qassam, branche militaire du Mouvement Hamas, en réaction au lancement de ballons incendiaires depuis l’enclave.
Le Hamas a considéré les raids comme étant une tentative israélienne d’imposer de nouvelles règles, assimilant les ballons incendiaires aux missiles, ce que le Mouvement palestinien a rejeté.
De plus, une déclaration faite, lundi, par le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, à l'issue de sa réunion avec Tor Wennesland, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a suscité de l'inquiétude dans les rangs des observateurs de la scène palestinienne.
Usant d’un discours inhabituel, Sinwar a qualifié les résultats de son entrevue avec l'émissaire onusien de « mauvais », lançant des mises en garde à l'adresse d'Israël quant aux conséquences de continuer sur la voie de l'imposition du blocus contre l'enclave palestinienne.
Une source palestinienne bien informée avait dévoilé, dimanche, à AA, que la direction de la Résistance palestinienne avait décidé d'accorder une chance aux efforts déployés, à l'échelle arabe et internationale, pour engranger des acquis au sujet du blocus infligé à Gaza et pour mettre fin à la souffrance de ses habitants.
Les observateurs politiques ont été unanimes à avancer que le Hamas est résolu à briser le blocus imposé à Gaza par divers moyens, en cas d'échec des médiateurs à atteindre cet objectif.
Israël impose un blocus renforcé à la Bande de Gaza depuis l'été 2007, ce qui a causé une détérioration sans précédent des conditions de vie des habitants.


- Scénarios multiples
L’analyste politique, Mustapha Sawaf, n'a pas exclu l’enclenchement d'une nouvelle escalade militaire, en cas d'échec des médiateurs à parvenir à une résolution qui sera acceptée par les factions palestiniennes.
Dans une déclaration faite à AA, il a souligné qu’il se dégageait des « données actuelles dans la Bande de Gaza que la Résistance est déterminée à réaliser ce à quoi elle aspire ».
Il a indiqué que « la Résistance a accordé aux médiateurs une chance pour accomplir le rôle qui leur est dévolu, mais il semble qu'ils n’ont rien fait, ce qui nous place face à des scénarios, dont l'un d'eux serait l'escalade militaire ».
Commentant la qualification par le chef du Hamas à Gaza de sa rencontre avec l'émissaire onusien de « mauvaise », Sawaf a indiqué que « les déclarations de Sinwar confirment que l'émissaire onusien est venu porteur des conditions de l'occupation, qui vise à lier le dossier de la reconstruction de la Bande de Gaza à celui des prisonniers israéliens détenus par la Résistance ».
« C'est la raison pour laquelle je pense que l'émissaire onusien a quitté l'entrevue sans réaliser la moindre avancée », a-t-il poursuivi.
L'analyste a ajouté que « les factions palestiniennes choisiront la voie idoine pour réagir au chantage de l'occupation qui fait assimiler les ballons incendiaires aux missiles ».
Sawaf a fait part de sa conviction que la « Résistance répondra aux raids israéliens et n'acceptera pas la mise en place de nouvelles règles ».
« L'option du retour à la force pour faire face à l'occupation, en recourant aux ballons incendiaires et autres moyens, est présent en force et toute réponse militaire israélienne à ces moyens populaires sera contrée par une réaction de la Résistance », a-t-il précisé.
« Ce que va faire la Résistance au cours des prochains jours est un pas avancé tout en étant progressif et l'occupation sait pertinemment que la suite sera différente si elle poursuit ses agressions », a-t-il affirmé.
De son côté, l'analyste politique, Hani Akkad a relevé que « l'obstination israélienne à refuser à lever le blocus imposé à Gaza, place la Résistance dans une situation délicate qui pourrait l'amener à opter pour une nouvelle confrontation militaire ».
« Les messages adressés de part et d'autre entre la Résistance palestinienne et l'occupation n'ont jamais été suspendus depuis la fin de la récente agression et sont presque quotidiens sous différentes formes et via de multiples canaux », a-t-il dit.
« Ces messages s'inscrivent dans le droit fil des choses après chaque round militaire, d'autant plus que l'accord conclu n'est qu'un couvre-feu mutuel qui n'a pas tranché nombre de dossiers », a-t-il dit.
Il a rappelé, à cet effet, que la violation par Israël du couvre-feu décrété, via le bombardement des positions palestiniennes, l’agression des habitants civils en Cisjordanie et à Jérusalem et l’adoption de l'équation qui assimile les ballons incendiaires aux missiles, sont autant d'éléments qui gênent la Résistance et qui lui font chambouler ses calculs ».
Akkad a souligné que la « majorité des messages de la Résistance ont été adressés par le biais du président du Mouvement Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, ce qui en soi constitue un indice fort sur la teneur du message qu'elle souhaite faire parvenir à Israël ».
« Les messages des factions de la Résistance et du Mouvement Hamas sont jusqu’à présent des messages tactiques qui ont pour objectif de menacer Israël et de l'empêcher d'imposer une nouvelle équation », a-t-il relevé.
De son côté, Abir Thabet, Professeur de sciences politiques à l'Université al-Azhar à Gaza, a abondé dans le même sens que nos précédents interlocuteurs, en estimant que la « situation pourrait se détériorer et s'enliser vers une nouvelle confrontation armée en cas de poursuite de l'obstination israélienne ».
Dans une déclaration faite à AA, Thabet a souligné : « Nous sommes face à une nouvelle confrontation, au cas où l'obstination israélienne à rejeter les requêtes palestiniennes et à refuser la levée du blocus contre Gaza se poursuivrait, et en cas d'échec des médiateurs à réaliser la moindre percée dans ce dossier ».
L’universitaire a indiqué que « la poursuite de la scission palestinienne interne est de nature à affaiblir la position de la Résistance ».
Elle a ajouté que les « efforts déployés par plusieurs parties à l'échelle internationale, visant à avorter toute avancée palestinienne, a contribué à son tour a capoter tout processus qui vise à fructifier politiquement le dernier round militaire ».
Abir Thabet a indiqué que le « changement du gouvernement israélien et les troubles qui ont précédé cet épisode font également partie des principaux facteurs qui ont rendu précaire les efforts politiques déployés, à l'échelle locale et internationale visant à atteindre l'équation de l'accalmie entre la Bande de Gaza et Israël ».
Le nouveau gouvernement israélien a obtenu, le 13 juin courant, la confiance de la Knesset (Parlement). Ainsi, le leader du parti de droite "Yamina", Naftali Bennett (49 ans), est Chef du gouvernement jusqu’au mois d’août 2023 et sera remplacé à ce poste par Yair Lapid, Chef du parti "Yesh Atid" (Il y a un avenir) jusqu’au mois de novembre 2025.

*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou

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