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“C’est comme au début du COVID” : Le secteur touristique canadien freiné par la rhétorique de Trump

- Bien que la frontière entre le Canada et les États-Unis reste ouverte, les effets de la politique américaine se font sentir : la parole de Trump dissuade de plus en plus de Canadiens de franchir la frontière

Ayşe Betül Akçeşme  | 18.04.2025 - Mıse À Jour : 19.04.2025
“C’est comme au début du COVID” : Le secteur touristique canadien freiné par la rhétorique de Trump

United States

AA / Chicago / Ayse Betül Akçeşme

Le secteur touristique canadien subit de plein fouet les conséquences des récentes politiques et mesures tarifaires hostiles du président américain Donald Trump. Pour certaines entreprises, l'impact rappelle celui des premiers jours de la pandémie de COVID-19.

« On a l’impression de revivre le début du COVID, mais cette fois-ci, la frontière est ouverte. Pourtant, nous ne réalisons que 20 % de notre chiffre d'affaires habituel », déplore Al Qanun, propriétaire et PDG de Comfort Tour of Canada, une agence de voyages spécialisée dans les circuits en autocar vers les grandes villes américaines.

Dans un entretien accordé à l'agence Anadolu, Qanun explique que le brusque ralentissement des réservations a débuté en février, coïncidant avec l'intensification de la rhétorique hostile de Donald Trump, notamment en ce qui concerne le "51e État" et les déclarations sur le gouverneur canadien Justin Trudeau.

« Très peu de gens réservaient, et certains appelaient même pour annuler leurs voyages prévus pour l'année. C'est à ce moment-là que tout a commencé », précise-t-il.

Fondée il y a plus de vingt ans, Comfort Tour of Canada organise habituellement entre six et huit départs chaque fin de semaine vers des destinations populaires comme New York, Chicago, Washington ou Boston, principalement au printemps, en été et en automne. Mais cette année, les autocars roulent presque à vide.

« Nous continuons à proposer nos circuits au Canada et en Europe, mais la majorité de notre activité se concentrait sur les États-Unis. Et c’est précisément ce qui a changé : bien que les frontières soient ouvertes, la peur – ou le boycott des États-Unis – est bien réel chez nos passagers », regrette Qanun.

En temps normal, entre 400 et 500 touristes canadiens empruntent chaque semaine les circuits de l'entreprise, se rendant dans les grandes villes américaines, où ils passent généralement trois à quatre nuits dans les hôtels. Ces voyageurs apprécient particulièrement le shopping aux Etats-Unis, car ils ont accès à différentes marques et également à des prix avantageux.

« Tous ces dollars dépensés en repas et achats ne vont plus aux États-Unis. Et nous ne sommes qu'un petit tour-opérateur basé à Toronto. Si l’on additionne les pertes dues aux voyages individuels et aux autres gros opérateurs, cela pourrait représenter un manque à gagner considérable pour le tourisme américain, voire pour l'économie américaine », poursuit-il.

Concernant l’instabilité du secteur, Qanun a déclaré « Nous sommes tous dans le même bateau, que ce soit le marché boursier ou les autres secteurs. Personne ne sait vraiment où cela va nous mener. On espère tous que la situation va se résoudre bientôt. Mais, un peu comme avec le marché boursier, où une pause de trois mois a été récemment annoncée pour les tarifs douaniers, notre industrie est elle aussi en mode pause permanente. Nous ne savons pas ce qui se passera dans trois mois », confie-t-il.

Et Qanun d’ajouter : « Dans trois mois, nous devrons réfléchir à nos circuits de fin d’été et d’automne, commencer à prendre des réservations. Mais à ce moment-là, il se peut qu’il y ait une nouvelle crise, et cela pourrait encore une fois paralyser notre secteur, ne sachant pas si nous pourrons opérer ou non.»

Selon les derniers chiffres de l'organisation de marketing de Chicago, Choose Chicago, près de 2 millions de visiteurs étrangers ont visité les sites touristiques de Chicago en 2023, dont plus de 455 000 en provenance du Canada.

Egalement interrogé par l’agence Andalou, un porte-parole de l’Art Institute of Chicago, l’un des site touristique majeur de la ville, a affirmé que: “Le marché canadien est un marché international important pour l'Art Institute”, représentant environ 15 % de sa fréquentation internationale.”

“Actuellement, le tourisme en provenance du Canada en 2025 est constant par rapport à 2024.”, a précisé le porte-parole.

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