Analyse, Afrique

Energie solaire en Afrique: les projets se développent à la vitesse de la lumière

Le Maroc, le Ghana, l'Afrique du Sud ou encore le Kenya, font tous de l'accès à l'électricité, une véritable priorité pour une transition rapide vers une économie verte.

Esma Ben Said  | 15.10.2015 - Mıse À Jour : 16.10.2015
Energie solaire en Afrique: les projets se développent à la vitesse de la lumière

Tunis

AA/Tunis/Esma Ben Said

Du Ghana à l’Afrique du Sud, en passant par le Kenya, le Bénin, le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire, l’accès à l’électricité est devenu une priorité pour une véritable transition vers une économie verte du Continent noir.  

De nombreux projets, qui pourront répondre aux déficits chroniques de l'énergie électrique en Afrique, voient ainsi le jour aux quatre coins d’un continent qui profite d’un rayonnement solaire exceptionnel tout au long de l’année.

Aujourd’hui, plus de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’énergie sur une population totale de 1,1 milliard, rappelle Alexandre Castel, président de «Station Energy», un groupe qui multiplie les solutions innovantes en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Sénégal) afin d’offrir à la population l’accès aux services de base.

«La notion d'énergie est une problématique majeure pour le continent, car celui qui n’y a pas accès, n’a pas non plus accès à tout ce qui en découle, que ce soit dans le domaine de la santé, de la télécommunication ou de l’éducation …», poursuit le jeune dirigeant rencontré par Anadolu à Tunis.

Il a souligné à cet effet que l'Afrique a besoin d'une multitude de projets d’éco-infrastructures, telles que "les chambres froides solaires, qui peuvent sauver les récoltes, dans un continent où 40 % des productions agricoles sont perdues, à défaut de stockage".

Parmi les ambitieux du continent, le Maroc, l'Afrique du Sud, ou encore le Ghana, figurent en tête de liste, s’imposant comme les vitrines photovoltaïques de l’Afrique.

Au Maroc, la centrale solaire "Noor", en construction près de Ouarzazate (Sud), et dont le premier volet (Noor I), entre en service cet automne, devient ainsi la 7ème plus grande centrale au monde, après 5 centrales américaines puis celle de l'Espagne, avec une capacité de 160 Mw.

Ce projet, dont le coût total dépassera les 690 millions de dollars, est géré par l'Agence marocaine de l'Energie solaire et construit par un consortium majoritairement saoudien, d'après les autorités locales.

Sur les pas du Maroc, le Ghana va, lui aussi, inaugurer, prochainement, l'une des plus grandes centrales d’énergie solaire d’Afrique, dont la capacité de production sera de 155 Mw. Plus de 180 hectares du village de Aiwiaso (Ouest du Ghana) ont été exploités pour l’installation de cette centrale qui accueillera 630 mille panneaux photovoltaïques.

 L’exécution du projet appelé «Nzema», dont le coût est estimé à 400 millions de dollars, a été confiée au groupe Britannique «Blue Energy», qui avait affirmé, via un communiqué, que cette centrale «sera l’une des plus grands du monde».

Dans la même lignée, l’Afrique du Sud s’inscrit comme un des précurseurs du continent dans le domaine de l’énergie grâce, dans un premier temps, au parc photovoltaïque de Jasper situé près de la ville de Kimberley (500 Km au Sud de Johannesburg), inauguré en 2014 et qui s’étend sur 145 hectares.

Formé de 325 mille panneaux solaires, il peut répondre au besoin en consommation de 80 mille foyers, à la faveur de sa capacité de production de 95 Mw. Grâce à de nombreuses autres centrales solaires, possédant une capacité globale de 1000 Mw, l’Afrique du Sud a pu économiser près de 311 millions de dollars d’économies, s'agissant de l'achat de carburants, au cours du premier semestre de 2015, selon la presse locale.

Désormais, le pays voit encore plus loin et plus grand puisqu’il envisage de construire, dans les années à venir, une centrale solaire d'une capacité de 1500 Mw dans le Nord de la province du Cap (Nord-Ouest), qui lui permettrait, ainsi, de se glisser en tête du classement mondial des plus puissantes centrales au monde, selon les autorités locales.

Notons que l'Espagne est, pour le moment, le premier producteur d'élecricité via une centrale solaire, avec 2304 Mw en service fin 2013, selon "Eurobserver", consortium spécialisé dans le suivi du développement des énergies renouvelables.

Le Kenya prévoit, à son tour, de se doter, dans les trois prochaines années, d’une centrale solaire d’une capacité de production de 320 Mw, soit la plus grande de l’Afrique de l’Est. Ce pays avait récemment annoncé la création de l’Autorité de Développement des Rivières Tana et Athi (Tarda) chargée de superviser le projet, précisant que le nouveau parc solaire, qui coûtera 471 millions USD, sera composé de 200 mille panneaux répartis sur 800 hectares.

Sur le chemin de «la ruée vers l’or tombé du ciel», le Bénin figure, lui aussi, dans la course, alors que son approvisionnement en énergie électrique dépend pour le moment essentiellement des Etats ouest-africains (Nigéria, Ghana et Côte d’Ivoire à 90%).

  Récemment, le Premier ministre béninois Lionel Zinsou avait annoncé la distribution de kits solaires et l’installation de plus d’une centaine de mini-centrales électriques, «en moins d’un an», à travers le pays pour répondre au besoin des 75 % de Béninois qui n’ont pas accès à l’électricité.

«On va lancer une campagne importante. En six mois, on équipera toutes les familles avec des kits solaires. On sera le premier pays à le faire», avait-il révélé en ce sens, lors d’une interview parue dans le magazine Energies Africaines (édition octobre-novembre), sans préciser le montant des investissements nécessaires pour ce grand projet.

D'autres projets similaires sont prévus dans les années à venir, dans une dizaine de pays africains, notamment en Afrique du Nord (Tunisie, Egypte, Mauritanie..) et en Afrique subsaharienne  (Burkina Faso).

La transition vers l’économie verte est donc clairement en marche pour le Continent noir, et tandis qu’en 2013, les énergies vertes (solaire, hydro-électricité, éolien etc.) ne couvraient que 5% des besoins énergétiques de l’Afrique, elles pourraient atteindre 22% d’ici l'année 2030, selon un récent rapport publié par l’Agence internationale des Energies renouvelables (Irena).

Mieux encore, l’Afrique pourrait doubler, voire même tripler sa production d’énergie, d’ici 2030, si elle parvient à attirer les investissements nécessaires dans le secteur. Le continent a, en effet, besoin d’une injection de 1050 milliards de dollars pour les 15 prochaines années (soit 70 milliards USD par an)  pour la réalisation de ce scénario, souligne le rapport.

L’Irena a, donc, appelé les gouvernements africains «à réunir les conditions propices à l’accélération du déploiement des énergies renouvelables», par le biais d’un cadre réglementaire favorable à la promotion des investissements, afin de pallier au manque de capacités énergétiques, et de permettre, par conséquent, une croissance économique efficiente. 

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