Élections législatives en Côte d’Ivoire 2025 : quels enjeux pour la démocratie ivoirienne ?
- Koné Mamadou, président du Conseil d’administration de l’ONG Action Justice, estime que le scrutin constituera un test pour les forces politiques ivoiriennes, lors d’une interview accordée à Anadolu
Istanbul
AA / Istanbul / Adama Bamba
À quelques jours des élections législatives prévues le 27 décembre 2025 en Côte d’Ivoire, les enjeux politiques se cristallisent autour de la capacité des principaux camps à démontrer leur poids électoral, dans un contexte marqué par le boycott du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) et par l’attention portée à la crédibilité du processus électoral.
Dans un entretien accordé à Anadolu, Koné Mamadou, président du Conseil d’administration de l’ONG Action Justice, estime que le scrutin constituera un test pour les forces politiques ivoiriennes. Selon lui, le principal enjeu réside dans la démonstration, par le parti au pouvoir comme par l’opposition, de leur ancrage électoral réel à l’échelle nationale.
« L'enjeu, ce sera le fait que chaque parti, chaque camp, les deux grands camps, les deux grands blocs, c'est-à-dire le parti au pouvoir et l'opposition, de démontrer qu'ils détiennent effectivement la majorité des électorats au niveau de la Côte d’Ivoire », a-t-il affirmé.
L’ONG Action Justice, active dans l’observation électorale depuis sa création en 2000, prévoit de déployer plus de mille observateurs sur l’ensemble du territoire. L’organisation entend évaluer la régularité, la transparence et la crédibilité du processus, comme lors de la dernière présidentielle.
- Un climat politique jugé globalement apaisé
S’agissant du contexte préélectoral, Koné Mamadou souligne un climat relativement apaisé, malgré le retrait officiel du PPA-CI. Il relève que, hormis ce parti, les autres formations politiques ont engagé leurs préparatifs en vue du scrutin.
L’ONG appelle néanmoins à un déroulement pacifique du vote et à une campagne axée sur les programmes plutôt que sur les tensions politiques, afin de limiter les risques de violences et de manipulations.
Par ailleurs, Action Justice indique avoir engagé des préparatifs spécifiques pour les législatives, distincts de ceux de l’élection présidentielle. Les observateurs, déjà formés lors des précédents scrutins, bénéficieront de nouvelles consignes afin de renforcer l’efficacité du monitoring électoral.
Il a insisté pour dire que « nous sommes en train d'outiller nos observateurs pour qu'ils soient le plus efficaces possible et que les données que nous avons recueillies soient fiables et nous permettent vraiment de donner des opinions conformes à la réalité du terrain ».
- Une compétition politique élargie pour 255 sièges
Les élections législatives de 2025 concernent 255 sièges à l’Assemblée nationale. La Commission électorale indépendante (CEI) a validé 2 740 candidats, titulaires et suppléants confondus, répartis dans 205 circonscriptions, parmi lesquels figurent 424 femmes, selon les données rapportées par la presse ivoirienne.
Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, aligne plus de 200 candidats, dont plusieurs membres du gouvernement. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) présente de son côté plus d’une centaine de candidats, tandis que le PPA-CI a confirmé son boycott du scrutin.
Plus de 8,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes. Le mode de scrutin, inchangé depuis 2021, combine un système majoritaire à un tour pour les circonscriptions uninominales et un scrutin de liste majoritaire pour les circonscriptions plurinominales.
- Un rapport présidentiel globalement positif
Évoquant le rapport d’observation de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, remportée par Alassane Ouattara, Koné Mamadou affirme que le scrutin s’est déroulé dans un cadre légal conforme aux engagements internationaux de la Côte d’Ivoire.
Selon les conclusions de l’ONG, plus de 1 000 observateurs ont suivi l’ensemble du processus, depuis la révision de la liste électorale jusqu’à la proclamation des résultats définitifs. Le scrutin est jugé « globalement démocratique, libre et transparent », malgré des irrégularités qualifiées de localisées et sans impact majeur sur la crédibilité globale du processus.
« Au regard des données recueillies, notre mission d’observation estime que le scrutin du 25 octobre a été globalement démocratique, libre et transparent, conformément aux standards internationaux et aux lois nationales. Il y a eu des irrégularités, naturellement, mais ces irrégularités relevées demeurent localisées et non susceptibles d’affecter la crédibilité générale du processus électoral », a-t-il souligné.
Le président d’Action Justice reconnaît que la présidentielle a été marquée par des violences sporadiques et par des contestations liées à la non-participation de certains candidats, notamment ceux du PDCI et du PPA-CI. Ces formations ont dénoncé ce qu’elles considéraient comme une exclusion, tandis que les autorités électorales ont invoqué le non-respect des exigences légales.
Face à ces divergences, des recours ont été introduits devant des juridictions régionales et internationales, dont la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et le Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Toutefois, ces démarches n’ont pas conduit à des décisions susceptibles de modifier substantiellement le processus électoral, les analyses des juridictions ivoiriennes ayant été globalement confirmées.
L’ONG relève également une radicalisation des discours politiques et une intensification de la désinformation sur les réseaux sociaux durant la période électorale, appelant à un respect accru des institutions afin d’éviter toute escalade de tensions.
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