Turquie : Un coiffeur africain ne se laisse pas décourager par le coronavirus

AA - Ankara

Face aux craintes liées à la propagation du coronavirus, les populations du monde entier se sont adaptées à une nouvelle ‘’normalité’’ et ont adopté des mesures préventives telles que la distanciation sociale et le confinement, ce qui a porté un coup dur aux commerçants qui reçoivent les clients dans leurs locaux.

Jama Abdi Jama, un entrepreneur d'origine africaine, était enthousiaste à l'idée d'ouvrir un nouveau salon de coiffure dans la capitale turque en février et se réjouissait à l'idée de recevoir sa clientèle. Mais le destin avait d'autres projets, car le pays a adopté des mesures strictes afin d’enrayer la propagation du virus, notamment des mesures de confinement.

"J'étais tellement positif quand la boutique a enfin été prête. Mais cette épidémie de coronavirus a changé tous nos plans, car les gens se sont confinés chez eux et les salons de coiffure ont été fermés dans les mois qui ont suivi", a déclaré Jama, 27 ans.

En plus de l'entretien et du loyer du magasin, Jama a dû assumer une autre charge car il couvrait également les loyers de ses employés - des coiffeurs avec des années d'expérience qu'il avait convaincus de quitter l'Éthiopie, la Somalie et le Yémen pour s'installer en Turquie afin d'améliorer la qualité du service qu'il prévoyait d'offrir dans son magasin.

"Ils étaient censés travailler, et j'avais hâte de rembourser mes prêts. Mais nous étions tous confinés à la maison, et je les aidais à payer. Les deux derniers mois ont été très difficiles, tant sur le plan mental que financier", a-t-il confié.

Selon l'entrepreneur somalien, l'avenir est prometteur malgré ces jours difficiles, et il se réjouit maintenant d'accueillir des clients, de plus en plus de gens commençant à se présenter chez son coiffeur suite à un assouplissement des restrictions.

"Lentement mais sûrement, nous nous remettons de cette crise, et nous espérons que les choses iront beaucoup mieux dans les prochains jours. Nous utilisons du matériel à usage unique pour chaque client tout en veillant à prendre des mesures telles que le port du masque et l'utilisation de désinfectant.’’

Jama a déclaré qu'il espérait que le virus serait bientôt complètement éradiqué et que les gens pourraient prendre plaisir à sortir comme avant la pandémie.

"Nous en sortirons tous plus forts mentalement lorsque cette période sera terminée et nous apprécierons encore plus notre vie de tous les jours.’’

Interrogé sur l'attitude des Turcs à son égard au plus fort de la crise, alors que certains étrangers étaient malmenés dans diverses parties du monde et que les locaux les accusaient de propager le virus, il a répondu que ses voisins étaient très amicaux et ont proposé de leur tendre une main secourable si nécessaire.

"Le peuple turc est vraiment bon d'un point de vue humanitaire. Je veux dire qu'ils ne font pas de discrimination à votre encontre. A l'exception de très rares occasions, je n'ai pas eu de problème", a-t-il déclaré. "Il y a eu un ou deux mots racistes verbaux de la part de certains, mais la grande majorité des Turcs n'adoptent pas un tel comportement et nous soutiennent, ce qui est plaisant."

"La couleur de ma peau n'est pas une source de problème dans ce pays. Ils [les Turcs] considèrent les personnes d'origine africaine comme des frères et sœurs. Il n'y a pas d'oppression systématique ou quoi que ce soit. Ils me demandent : "Pourquoi vous détesterions-nous alors que vous ne faites aucun mal aux autres ?’’

Le nouveau coronavirus a fait 5 300 victimes en Turquie jusqu'à présent, tandis que 190 390 des 209 962 cas recensés dans le pays se sont rétablis de la maladie.

Plus de 12,2 millions de cas de COVID-19 ont été signalés dans le monde, avec près de 555 000 décès et plus de 6,7 millions de guérisons, selon les chiffres compilés par l'université américaine Johns Hopkins.



*Traduit de l'anglais par Cécile Pani