Tunisie: Reprise des heurts entre police et manifestants dans plusieurs régions
- Pour les autorités, les violences nocturnes sont le fait de casseurs et délinquants

Tunisia
AA - Tunis - Bouazza Ben Bouazza
De nouveaux heurts ont opposé, dans la nuit de mercredi à jeudi, manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs régions de l’intérieur de la Tunisie, en particulier à Kasserine, une région déshéritée du centre-ouest du pays, où un jeune journaliste-photographe a trouvé la mort après s’être immolé par le feu.
Dans une vidéo qu’il a diffusée peu avant de passer à l’acte, Abderrazak Zorgui, la trentaine, a justifié son projet funeste par la condition sociale précaire qu’il vivait et la marginalisation dont souffre sa région, l’une des plus pauvres du pays où le taux de chômage est particulièrement élevé.
Pour les autorités, le fait que les violences se déclenchent de nuit, à partir de 20h00 jusqu’après-minuit, dénote qu’elles n’ont pas un caractère pacifique, mais sont plutôt initiées par “des casseurs et des délinquants”.
Selon le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Housameddine Jebabli, les heurts nocturnes se sont produits dans six localités relevant de ce corps sécuritaire, notamment à Thala et Foussana, proches de Kasserine, frontalière avec l’Algérie, à Jebeniana, près de Sfax, principale ville du sud du pays, et à Saïda, une localité située à une trentaine de kilomètres de Tunis.
Il a précisé à l’Agence Anadolu que les unités de la Garde nationale ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ont bloqué les routes en mettant le feu à des pneus.
De son côté, le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, Sofiane Zaag, a avancé 14 nouvelles arrestations qui viennent s’ajouter aux 18 interpellations annoncées mercredi.
Le porte-parole de la Garde nationale a mentionné l’implication de “contrebandiers” et de “délinquants” qui se sont attaqués à une patrouille de garde-frontières avant de prendre la fuite.
Mercredi, le ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati a révélé la saisie d’une voiture de location qui distribuait des billets d’argent et des cartes de recharge téléphonique aux “manifestants” à Foussana, relevant du gouvernorat de Kasserine.
“Il y avait des casseurs qui profitaient des manifestations pour commettre des actes de vandalisme visant les propriétés privées et publiques”, a-t-il déclaré.
Selon lui, ces actes, qu’il a qualifiés de “graves”, “n’ont rien à voir avec les manifestations pacifiques que le ministère de l’Intérieur encadre et protège”. Il a indiqué qu’une enquête a été ouverte pour identifier et poursuivre les parties qui y sont impliquées.
La veille, le ministère de l’Intérieur avait mis en garde contre “les informations erronées” relayées sur les réseaux sociaux au sujet des manifestations, faisant valoir qu’il s’agit de “ 'fake news' visant à embraser le pays”.
“De nombreuses 'fake news', anciennes photos et vidéos ainsi que des publications fictives sur des mouvements de protestations et d’émeutes à travers le pays sont en train d’être propagés pour inciter au chaos et à déstabiliser la sûreté publique”, soutient le ministère dans un communiqué.
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