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Tunisie: rassemblement de protestation dans la ville de Tataouine contre le processus politique initié par Kaïs Saïed

- Environ 150 personnes ont participé à un sit-in sur la « Place du Peuple » à Tataouine (sud-est), avant de défiler sur les principales artères de la ville.

Yosra Ouanes  | 14.01.2022 - Mıse À Jour : 14.01.2022
Tunisie: rassemblement de protestation dans la ville de Tataouine contre le processus politique initié par Kaïs Saïed

Tunisia

AA/Tataouine (Tunisie)

Des dizaines de Tunisiens ont participé, vendredi, à un sit-in dans la ville de Tataouine, Chef-lieu du gouvernorat du même nom (sud-est), pour célébrer l'anniversaire de la révolution, et exprimer leur rejet du « processus politique » initié par le président Kaïs Saïed le 25 juillet dernier.

Selon le correspondant de l’Agence Anadolu, environ 150 personnes ont pris part à un rassemblement de protestation, - à l'initiative du Hirak « Citoyens contre le coup d’Etat » -, observé sur la « Place du Peuple » à Tataouine, avant de défiler sur les principales artères de la ville.

Les manifestants ont brandi des banderoles avec les slogans : « Non à la comparution de civils devant les tribunaux militaires », « Non au contournement de la Constitution et de la volonté du peuple » et « le peuple veut ce que toi tu ne veux pas » (en allusion au slogan « détourné » du président Saïed).

Les protestataires exigent également « la restauration du processus de la révolution ».

Dhaoui Moussa, membre du Hirak « Citoyens contre le coup d'État », a déclaré à l’Agence Anadolu que « l'objectif de l'organisation du sit-in et de la marche de protestation, est d'abord de célébrer l'anniversaire de la révolution du 14 janvier 2011 en raison de sa portée symbolique, et d’exprimer ensuite notre rejet du coup d’État ».

« Ce coup d'État a sapé les fondements de l’ordre constitutionnel en Tunisie (…) c’était un moyen de s’arroger le pouvoir exécutif et législatif et il y a une tentative sérieuse de mainmise sur le pouvoir judiciaire », a-t-il déclaré.

Les manifestations ont été organisées à l’appel du Hirak « Citoyens contre le coup d’État » et des formations politiques d’« Ennahdha » (d’obédience islamique/53 députés sur 217 au Parlement gelé), du « Courant démocrate » (social-démocrate/22 députés sur 217), du « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (social-démocrate/non représenté au Parlement), du « Parti Républicain » (centriste/non représenté au Parlement) du « Parti des travailleurs » (gauche/non représenté au Parlement), contre les mesures d’exception de Saïed et en concomitance avec la célébration du 11e anniversaire de la révolution tunisienne (14 janvier 2011).

La présidence du gouvernement avait décidé, mercredi, à l'issue de la réunion du Comité scientifique de lutte contre le coronavirus, l’interdiction durant quinze jours de tout rassemblement dans les lieux publics et privés, fermés ou ouverts. Un couvre-feu nocturne, de 22h00 à 05h00, a également été décrété, à compter du 13 janvier courant pour juguler la propagation du coronavirus, alors que plusieurs forces politiques de l'opposition ont dénoncé un prétexte pour empêcher les manifestations.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, avait annoncé le 2 décembre 2021, que l’anniversaire de la révolution de 2011, qui avait déposé le régime de l'ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali (1987-2011), sera célébré le 17 décembre de chaque année, au lieu du 14 janvier.

La Tunisie est en proie à une crise politique aiguë depuis le 25 juillet dernier. À cette date, Kaïs Saïed, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.

Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a limogé de son poste le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden Romdhane.

La majorité des forces politiques tunisiennes, dont le mouvement Ennahdha, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail

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