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Tunisie: Quatre partis forment une nouvelle coordination pour "empêcher l’effondrement de l’Etat"

- L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse organisée par les formations politiques du « Courant Démocrate », « Afek Tounes », « Parti Républicain » (Al Jomhouri) et du « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (Ettakatol)

1 23  | 28.09.2021 - Mıse À Jour : 28.09.2021
Tunisie: Quatre partis forment une nouvelle coordination pour "empêcher l’effondrement de l’Etat"

Tunisia

AA/Tunis

Quatre partis tunisiens ont annoncé, mardi, la formation d’une coordination contre « les mesures d’exception » prises par le Président du pays, Kaïs Saïed, avertissant que les décisions présidentielles risquent de faire sombrer le pays dans le chaos, la guerre civile et précipiter l'effondrement de l'Etat.

L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse à Tunis, organisée par les formations politiques du « Courant démocrate » (social-démocrate/22 députés sur 217), « Afek Tounes » (libéral/deux députés), « Le Parti Républicain » (centriste/non représenté au Parlement) et le « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (Social-démocrate/non représenté au Parlement).

Le secrétaire général du « Courant démocrate », Ghazi Chaouachi, a déclaré que la coordination est composée de ces quatre partis et portera le nom de « Coordination des Forces Démocratiques ».

« Cette coordination vise à soutenir toutes les voies de réforme, parvenir à la stabilité politique, réaliser la justice sociale en Tunisie, et servir les intérêts de notre pays », a indiqué Chaouachi.

Pour atteindre ses objectifs, la coordination entend recourir à des actions politiques et en mener d’autres sur le terrain, selon la correspondante de l’Agence Anadolu.

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, de geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef et procédé dans les jours suivants à une série de nominations et de limogeages de ministres et de hauts responsables dans l’appareil de l’Etat.

Chaouachi a averti que les décisions de Saïed pourraient « torpiller la transition démocratique et provoquer l'effondrement de tous les piliers de l'Etat tunisien ».

Le processus de transition démocratique en Tunisie a commencé après qu'une révolution populaire a renversé en 2011 le régime du président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

Et le secrétaire général du Courant démocrate de poursuivre, « Saïed a laissé l'État pendant deux mois (depuis l’annonce des mesures d’exception en juillet dernier) dans une situation de paralysie complète ».

« Les priorités de Saïed sont loin d’être la lutte contre la corruption et l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens, mais plutôt de s’accaparer tous les pouvoirs et d’amender la Constitution », a estimé Chaouachi.

Des voix critiques disent que les décisions de Saïed ont renforcé les pouvoirs de la Présidence au détriment du Parlement et du gouvernement, car le locataire de Carthage veut faire pencher la balance en faveur du système présidentiel en tant que régime politique.

Chaouachi a appelé à « un retour rapide à la légitimité constitutionnelle et à l’organisation de nouvelles élections, afin d'éviter au pays cette crise inédite».

Il a averti en ce sens que « cette lutte pourrait faire sombrer le pays dans le chaos, la violence et la guerre civile ».

La majorité des partis a rejeté les décisions de Saïed, prorogées sine die en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques y ont été favorables, estimant qu’il s’agit d’une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).

Lors de cette conférence de presse, le secrétaire général du « Parti Républicain », Issam Chebbi, a déclaré, « nous sommes partisans de la démocratie, nous voulons rester dans le cadre de la légitimité constitutionnelle, et nous n'accepterons pas une Constitution taillée sur mesure pour le Président ».

Le secrétaire général du « Forum démocratique pour le travail et les libertés », Khalil Zaouia, a souligné que « le Président de la République nous a imposés une situation qui nous mènera à la crise (…) le processus doit être restauré de manière inclusive ».

De son côté le secrétaire général du parti « Afek Tounes », Fadhel Abdelkefi, a déclaré que « cette nouvelle coordination est partisane de la révolution et de la démocratie, et croit en la nécessité de la présence des partis sur la scène politique ».

Saïed avait, à maintes reprises, essayé de rassurer l’opinion publique tunisienne et les chancelleries étrangères, en affirmant qu'il n’avait pas l’intention d’instaurer un régime autocratique en Tunisie ni de porter atteinte aux droits et libertés, mais vise à remédier à la situation par des réformes, après avoir invoqué l'existence d’un « péril imminent » qui menace l'Etat tunisien.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail

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