AA / TUNIS / Yusuf Celim

L’ancien président provisoire de la République tunisienne, Moncef Marzouki a réagi, jeudi soir, au retrait de son passeport diplomatique, décidé le jour même par le Président tunisien Kaïs Saïed.

« Je ne suis nullement surpris des mesures annoncées par le régime putschiste contre moi », a soutenu Marzouki, dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

« Je ne reconnais ni Kaïs Saïed en tant que président légitime de la Tunisie, ni son gouvernement illégitime qui n’a pas obtenu la confiance du Parlement qui a été gelé en violation flagrante de la constitution », a martelé Marzouki, appuyant qu’il se considère, pour cette raison, « non concerné par les décisions émanant de ce régime illégitime ».

L’ancien président tunisien provisoire a qualifié de « ridicule » le fait qu’il soit accusé de trahison par les sympathisants d’un homme qui, d’après ses dires, « a rompu une promesse de respecter la constitution ».

« Depuis le coup d’Etat du 25 juillet, je me suis engagé corps et âme dans la lutte contre le régime putschiste, afin de restaurer la légitimité », a signifié Marzouki, fustigeant ce qu’il a qualifié de « dictature grossière naissante en Tunisie » qui confond, d’après lui, la personne du dictateur avec la patrie.

Il a comparé cette « dictature » à un retour au régime de Ben Ali, où affronter le dictateur était la grande trahison, voire au « régime autoritaire, de Sissi en Egypte », toujours d’après ses mots.

« J’ai œuvré pour soutenir les forces nationales qui se mobilisent sur le terrain », poursuit Marzouki, « tout en évitant, en même temps, de trop m’afficher publiquement afin d’échapper à toute interprétation équivoque, ou de donner l’impression, par exemple, que je brigue un retour au pouvoir. », s’est-il défendu.

« J’ai multiplié les appels à ne pas intervenir dans les affaires internes de la Tunisie, que ce soit de manière directe ou indirecte, car ce sera un coup dans le dos de la démocratie tunisienne naissante et donc contre l'intérêt du peuple tunisien », a assuré Marzouki, avant de conclure son discours avec la signature :
« Moncef Marzouki, Citoyen au rang d'ancien président démocrate de la République tunisienne. »

Rappelons que le Président Saïed, a annoncé, lors du conseil des ministres qu'il avait présidé le jeudi 14 octobre, le retrait du passeport diplomatique de l’ancien président provisoire, Moncef Marzouki.

Il a, dans ce cadre, appelé la ministre de la Justice à ouvrir une enquête judiciaire à son encontre, conformément à l'article 23 du Code pénal.