Tunisie : Mechichi appelle toutes les parties à ne pas se laisser entrainer dans la violence
« La crise est réelle, la colère est légitime, la protestation est légale, mais nous rejetons le chaos et nous y ferons face avec la force de la loi », a déclaré le chef du gouvernement tunisien dans une allocution télévisée.

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AA/ Tunis
Le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a appelé mardi toutes les parties populaires, civiles et partisanes de son pays à « ne pas se laisser entraîner dans les campagnes de mobilisation et d'incitation à la violence, à ne pas répandre les rumeurs et déstabiliser les institutions de l’Etat ».
C’est ce qui ressort de l’allocution télévisée de Mechichi adressée au peuple tunisien et diffusée par la télévision d'État, en réaction aux récentes protestations qui ont été marquées par des incidents violents.
« Cette allocution intervient sur fond des manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs régions et dont je comprends les motivations et les revendications sociales et économiques », a déclaré Mechichi.
Et d’affirmer, « la crise est réelle, la colère est légitime, la protestation est légale, mais nous rejetons le chaos et nous y ferons face avec la force de la loi et l’unité de l’Etat ».
« Certes, je distingue nettement entre (les protestations sociales) et les actes de violence et de vol auxquels nos forces de sécurité ont fait face avec professionnalisme », a-t-il précisé.
Le chef du gouvernement a souligné dans ce sens, « le droit de manifester est garanti par le texte de la constitution, et mon rôle est de préserver le caractère pacifique des manifestations. C’est un acquis de la Révolution de la liberté et de la dignité (en 2011, qui a renversé le régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali) ».
Mechichi a fustigé les actes «de saccage, de pillage, et les attaques contre les biens » en affirmant : « Je ne crois pas que parmi les manifestants pacifiques, il y ait quelqu'un qui justifie ou approuve ces pratiques».
Le chef du gouvernement a estimé que «ces pratiques sont l'œuvre de délinquants».
Mechichi dit comprendre « l'état de tension et de colère dans de nombreuses régions, alors que la situation sociale et économique est en crise ».
« Cette dernière a été accentuée par les répercussions économiques de la pandémie de la Covid-19 avec son lot de mesures restrictives nécessaires qui ont été dictées par notre souci de préserver la santé des Tunisiens», a déclaré le chef du gouvernement.
Et d’insister, « Je comprends les revendications sociales et économiques et je considère que mon rôle principal en tant que chef du gouvernement est d’être à leur écoute et de les transformer en une force vers l'action et la réalisation ».
Le chef du gouvernement a fait observer que « l'une des priorités du gouvernement est d’oeuvrer pour un développement global et équitable ».
Il a souligné que « le droit de manifester ne doit pas se transformer en droit de voler, de piller et de saccager des biens privés et publics ».
Depuis jeudi, plusieurs gouvernorats tunisiens ont été le théâtre de mouvements de protestation nocturnes, émaillés d'affrontements avec les forces de l’ordre, et qui coïncidaient avec l'entrée en vigueur d'un couvre-feu nocturne pour endiguer la propagation du coronavirus.
Les autorités ont imposé jeudi un couvre-feu nocturne (entre 15h00 et 5h00 GMT), dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le coronavirus.
Des activistes sur Facebook ont relayé les images des actes de pillage de magasins de grandes enseignes commerciales.
Lundi, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'arrestation de 632 personnes ayant participé à des «émeutes» dans la capitale et autres régions du pays, au cours des quatre derniers jours.
Selon le dernier bilan officiel, le nombre de personnes touchées par la Covid-19 en Tunisie, a atteint 181 885 personnes, dont 5 750 sont décédées et 131 019 se sont rétablies.
Sur les réseaux sociaux, politiciens et activistes ont échangé des accusations au sujet des protestations nocturnes et de l'incitation de certains à descendre dans la rue pour manifester la nuit.
*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail