Afrique

Tunisie: les protestataires ont été dispersés parce qu’ils ont bravé l’interdiction de manifester (Min de l’Intérieur)

- Selon un communiqué du département de l’Intérieur, environ 1 200 manifestants qui se trouvaient dans les rues parallèles ou adjacentes à l’Avenue Habib Bourguiba, ont été dispersés à coups de canons à eau.

Yosra Ouanes  | 15.01.2022 - Mıse À Jour : 15.01.2022
Tunisie: les protestataires ont été dispersés parce qu’ils ont bravé l’interdiction de manifester (Min de l’Intérieur)

Tunisia

AA/Tunis

Le ministère tunisien de l'Intérieur a déclaré, vendredi, que ses forces ont fait usage de canons à eau pour disperser les manifestants qui tentaient d’accéder à l’Avenue Habib Bourguiba, dans le centre-ville de Tunis.

Par voie de communiqué, dont l’Agence Anadolu a obtenu copie, le département a justifié l’usage de la force par le fait que les « protestataires ont bravé l’interdiction de manifester, décidée par le gouvernement dans le cadre de mesures sanitaires visant à freiner la résurgence de l’épidémie de la Covid-19 ».

« Environ 1 200 personnes ont manifesté dans les rues parallèles ou adjacentes à l'Avenue Habib Bourguiba dans le centre-ville de Tunis, sous prétexte qu’ils célébraient le 14 janvier », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans son communiqué.

La même source a précisé que « les manifestants ont volontairement bravé l’interdiction durant quinze jours de tout rassemblement dans les lieux publics et privés, fermés ou ouverts, décrétée par le gouvernement pour juguler la propagation du coronavirus (…) Face à cette infraction, nous avons fait usage de canons à eau pour les disperser ».

Le ministère a accusé les manifestants « d'avoir tenté délibérément de briser le cordon policier et forcer les barrières métalliques et de s’en prendre aux forces de sécurité déployées pour maintenir l’ordre public ».

Le département de l’Intérieur a souligné que « ses unités ont fait preuve de la plus grande retenue », appelant « tous les citoyens à respecter les mesures et décisions prises à cet effet (interdiction de manifester décrétée par le gouvernement)».

Le ministère a également fait savoir qu’après consultation du parquet, plusieurs manifestants ont été verbalisés, conformément aux dispositions des articles 312 et 313 du code pénal.

L'article 312 du code pénal dispose ce qui suit : « Est puni de six mois d'emprisonnement et de cent vingt dinars d’amende, quiconque aura contrevenu aux interdictions et mesures prophylactiques ou de contrôle ordonnées en temps d’épidémie ».

Cette manifestation qui survient en concomitance avec la célébration du 11e anniversaire de la révolution tunisienne (14 janvier 2011), a été organisée à l’appel du Hirak « Citoyens contre le coup d’État » et des formations politiques d’« Ennahdha » (d’obédience islamique/53 députés sur 217 au Parlement gelé), du « Courant démocrate » (social-démocrate/22 députés sur 217), du « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (social-démocrate/non représenté au Parlement), du « Parti Républicain » (centriste/non représenté au Parlement) du « Parti des travailleurs » (gauche/non représenté au Parlement), contre les mesures d’exception du président tunisien Kaïs Saïed.

Un important dispositif de sécurité, renforcé par des barrières métalliques, des unités anti-émeutes et des véhicules de canon à eau, a été mis en place par les autorités pour empêcher l’accès des manifestants à l'Avenue Habib Bourguiba, a constaté vendredi matin, le correspondant de l’Agence Anadolu.

La présidence du gouvernement avait décidé, mercredi, à l'issue de la réunion du Comité scientifique de lutte contre le coronavirus, l’interdiction durant quinze jours de tout rassemblement dans les lieux publics et privés, fermés ou ouverts. Un couvre-feu nocturne, de 22h00 à 05h00, a également été décrété, à compter du 13 janvier courant pour juguler la propagation du coronavirus, alors que plusieurs forces politiques de l'opposition ont dénoncé un prétexte pour empêcher les manifestations.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, avait annoncé le 2 décembre 2021, que l’anniversaire de la révolution de 2011, qui avait déposé le régime de l'ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali (1987-2011), sera célébré le 17 décembre de chaque année, au lieu du 14 janvier.

La Tunisie est en proie à une crise politique aiguë depuis le 25 juillet dernier. À cette date, Kaïs Saïed, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.

Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a limogé de son poste le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden Romdhane.

La majorité des forces politiques tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.