Afrique

Tunisie : les forces de l’ordre dispersent une marche de protestation au sud-est du pays

- Les habitants de la ville de Zarzis ont protesté contre l’attitude de l'État concernant le dossier de l’embarcation disparue depuis environ un mois et demi en Méditerranée

Yosra Ouanes  | 18.11.2022 - Mıse À Jour : 21.11.2022
Tunisie : les forces de l’ordre dispersent une marche de protestation au sud-est du pays

Tunisia

AA / Zarzis (Tunisie) / Haitham Al-Muhdhi

Les forces de l’ordre tunisiennes ont dispersé une marche de protestation, ce vendredi, organisée par les habitants de la ville de Zarzis, dans le sud-est du pays, qui protestent contre l’attitude de l'Etat concernant le dossier du bateau disparu en Méditerranée depuis environ un mois et demi.

Selon le correspondant de l'Agence Anadolu, des dizaines de voitures et des centaines d'habitants de la ville de Zarzis sont partis du port de pêche de la ville vers l'île de Djerba, qui s'apprête à accueillir le 18e Sommet de la Francophonie, dans les journées du samedi et du dimanche, avec la participation de représentants de 88 pays et gouvernements.

Les forces de l’ordre ont cependant intercepté les manifestants, en organisant une ceinture de sécurité à environ un kilomètre de la route roumaine menant vers l'île de Djerba, et ont dispersé les manifestants avec du gaz lacrymogène et ont effectué des arrestations à l’encontre de plusieurs activistes.

Aucun blessé n'a été signalé parmi les manifestants, et il n'y a pas eu de commentaires officiels des autorités tunisiennes concernant la dispersion de la marche, ni les revendications des manifestants jusqu'à 12 h 00 GMT.

Le 21 septembre dernier, le contact a été perdu avec une embarcation transportant des migrants clandestins à travers la Méditerranée, avec à son bord 18 personnes, dont la plupart étaient originaires de la ville de Zarzis.

Les manifestants ont scandé plusieurs slogans condamnant l’attitude de l'État dans le traitement de la question du bateau disparu, tels que "Nous ne laisserons pas tomber nos enfants“, “Vous ne vous en sortirez pas avant de connaître le sort de nos enfants“, et “Où sont nos enfants ?".

Dans une déclaration à l'Agence Anadolu, Shamseddine Bourassine, responsable de l'Association des gens de mer à Zarzis (indépendante), a déclaré : “Nous avons voulu, à travers cette marche pacifique, porter notre voix au président de la République, Kaïs Saïed, pour faire passer notre demande, et nous avons trouvé un État qui nous opprime“.

"Manifester est l'un de nos droits pour exprimer nos revendications, et nous ne considérons pas les forces de l’ordre comme un ennemi, d'autant plus que nous n'avons pas eu de confrontation durant les deux mois de manifestations", a-t-il ajouté.

"Notre lutte se poursuit et nous prévoyons d'organiser une grève générale à Zarzis pour les droits de nos enfants", a affirmé le responsable associatif.

Depuis environ un mois et demi, la ville de Zarzis est le théâtre d’un sentiment de colère populaire, sur fond des accusations laxisme, portées par la population contre les autorités, dans la recherche des personnes perdues en mer, et dans l'inhumation de 4 corps au cimetière Hadayek Africa (désigné pour l'inhumation de corps non identifiés), sans avoir préalablement vérifié leurs identités.

Seuls 14 corps ont été repêchés en mer et seulement 6 corps ont pu être confirmés comme faisant partie des passagers de l’embarcation disparue.

Le bilan total des personnes disparues en Méditerranée, depuis le début de cette année, a atteint les 544 personnes, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux.

Les migrants clandestins de différentes nationalités tentent la traversée de la Méditerranée en espérant trouver une vie meilleure en Europe, pour échapper aux guerres, aux conflits armés et aux conditions économiques difficiles dans leurs pays d’origine.

* Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.

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