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Tunisie : les candidats à la Présidentielle en "opération séduction" dans le sud-est

- Les régions du Sud tunisien sont considérées, depuis la révolution, comme étant le fief électoral du Mouvement Ennahdha.

Ekip  | 13.09.2019 - Mıse À Jour : 14.09.2019
Tunisie : les candidats à la Présidentielle en "opération séduction" dans le sud-est

Ankara

AA/Médenine/Haythem Mahdhi

La région du Sud-est de la Tunisie est considérée, sur la base des précédents scrutins tenus depuis la révolution de 2011, comme étant le fief de l’électorat conservateur en Tunisie.

En effet, le Mouvement Ennahdha avait remporté la majorité des sièges représentant les circonscriptions du Sud aux législatives de 2014.

Cette tendance de l’électorat du Sud tunisien n’a, cependant, pas empêché d’autres candidats à la présidentielle de 2019 de tenter de le séduire.

Il ressort de données officielles de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) que le nombre d’électeurs tunisiens dans les provinces du Sud-est (Gabes, Médenine et Tataouine) est estimé à près de 610 mille voix.

Les électeurs sont répartis comme suit : 290 mille et 480 électeurs à Médenine, 230 mille et 674 électeurs à Gabes et 88 mille et 264 électeurs à Tataouine.

Soulayman Tabib, activiste dans la société civile, a indiqué que "la carte politique en Tunisie est connue, tout le monde sait que les Conservateurs dominent les régions du Sud, notamment le Sud-est, tandis que la Gauche domine plutôt dans les régions du bassin minier (province de Gafsa /Sud-ouest)".

Il a précisé, dans le même ordre d’idées que "les Destouriens (parti au pouvoir avant la révolution) dominent les provinces du Sahel (Sousse, Monastir et Mahdia/Est)".

Dans une déclaration accordée à Anadolu, Tabib a également souligné que "les habitants du Sud sont conservateurs, c’est pour cette raison qu’il est facile de promouvoir le discours politique religieux et islamiste dans cette région de la Tunisie".

Pour sa part, l’analyste politique, Habib Haj Salem, considère que "les Mouvements d'obédience islamiste se sont introduits à travers le volet éducatif caractérisé, dans le Sud, par le conservatisme et l’attachement aux valeurs religieuses".

Il a ajouté à Anadolu que "les Tunisiens du Sud tendent vers les Conservateurs beaucoup plus que d’autres partis politiques car ils pensent que l’Etat tunisien, fondé par Habib Bourguiba (1956-1987), les a marginalisés, après la colonisation française qu’ils combattaient".

Depuis le lancement de la campagne électorale, le 2 septembre 2019, plusieurs candidats à la présidentielle se sont rendus au Sud-est de la Tunisie, dont Youssef Chahed (Chef du gouvernement), Mehdi Jomaa (ancien Chef du gouverment/parti Al-Badil-Centre), Saïd Aydi (ancien ministre/ parti Bani Watani-Centre) et Abdelfattah Mourou (Président du parlement par intérim/Mouvement Ennahdha).

***Chahed cherche à percer dans le sud

Youssef Chahed, candidat du parti "Tahya Tounes", a choisi de commencer sa campagne à partir des trois provinces du Sud-est, après le lancement de la campagne dans la capitale Tunis.

Chahed compte bien sur des personnalités locales, dans la région du Sud-est, connues pour leurs compétences tel que l’ancien ministre des Domaines de l’Etat, Mabrouk Korchid l’objectif est de conquérir les voix de l’électorat d’Ennahdha.

Le parti de Chahed a organisé un rassemblement populaire auquel des centaines de citoyens de Médenine ont participé.

Il leur a promis d’œuvrer à achever les projets de développement dans les villes du Sud tunisien, notamment le projet chinois relatif à la construction d’un pont entre la région d’al-Jorf et la région d’Agim de l’île de Djerba ainsi que la liaison entre Gabes, Médenine et Zarzis par voie ferrée.

Dans une déclaration à Anadolu, le dirigeant au parti "Tahya Tounes", Mabrouk Korchid, a assuré : "Nous tenons à changer la carte politique du Sud-est au cours de ces élections".

Il a souligné que "la base électorale dans le Sud n’a jamais été à 100% pour les Conservateurs".

Korchid estime que les Cosnervateurs étaient au pouvoir pendant près de 8 ans, depuis la révolution, mais qu’ils n’ont rien fait pour le Sud, tandis que Chahed a réalisé plusieurs projets, dont la transformation du port commercial de Zarzis en un port de voyageurs.

Pour sa part, le candidat Mehdi Jomaa mise sur certaines compétences dans cette région, dont l’ancien commandant de la Garde nationale, Mounir Kesiksi, en vue d’obtenir le maximum possible de voix dans le Sud-est du pays.

Dans ce contexte, l’analyste Habib Haj Salem a souligné que la méthode de miser sur des personnalités connues dans la région n’est pas efficace car certains ne bénéficient pas forcément du soutien de toute la communauté.

***Le changement n’est pas facile ?

Haj Salem trouve que "la possibilité de changer la carte politique dans le Sud-est n’est pas du tout abordable, en raison de la dispersion des voix des Progressistes et des Nationalistes, au moment où le Mouvement Ennahdha reste soudé".

Il considère, cependant, que Chahed est le plus apte à attirer les électeurs dans cette région, après le Mouvement d'obédience islamiste.

L’analyste admet, dans le même ordre d’idées, une possible régression du nombre des voix en faveur du candidat d’Ennahdha, en raison du rejet de certains partisans à l’égard des orientations du Mouvement.

Selon lui, cette régression pourrait également provenir de l’existence d’autres candidats qui se présentent comme étant "alliés de la révolution" tels que Seifeddine Makhlouf (Coalition de la dignité) et Mohamed Abbou (Courant démocratique).

Le discours de ce dernier réunit les volets politiques, religieux et révolutionnaires.

Soulayman Tabib a, pour sa part, indiqué qu’ "en dépit de la diminution du nombre d’électeurs, ayant voté en faveur d’Ennahdha en 2011 et en 2014 ainsi qu’au cours des élections municipales en 2018, la base électorale n’a pas et ne sera pas réduite dans le Sud".

Il a assuré que le rejet exprimé à l’égard du Mouvement émane de partisans d’Ennahdha qui la soutiennent de l’extérieur du Mouvement.

***Ennahdha et son électorat

Abdelfattah Mourou, le candidat du Mouvement Ennahdha, a mené sa campagne électorale dans les villes du Sud-est et s’est engagé à accélérer le processus de la Justice transitionnelle et de régler la situation des militants et des prisonniers politiques, dont des centaines sont originaires de ces régions.

Le directeur de la campagne électorale de Mourou, Samir Dilou, a déclaré à Anadolu que "nous ne croyons pas en la répartition politique des régions tunisiennes mais nous sommes fiers du soutien des habitants du Sud". "Nous sommes certains que les Tunisiens du Sud-est nous donneront leur confiance et nous soutiendront à la Présidentielle", a-t-il ajouté.

D’autre part, Dilou a souligné que la vision de Mourou est axée sur le dossier libyen, qui a un impact direct sur le contexte socio-économique dans le Sud-est.

Et de poursuivre que "notre vision dépasse les questions relatives aux frontières et au commerce bilatéral, nous envisageons d’acclimater les jeunes au niveau de la région saharienne pour mettre fin à la fermeture des frontières dans cette zone".

La question libyenne est le sujet le plus évoquée par la majorité des candidats à la présidentielle en Tunisie, lors des visites au Sud-est dans le cadre de la campagne électorale. Les habitants de cette région vivent principalement, d’une manière directe ou indirecte, du commerce bilatéral avec la Libye.

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