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Tunisie: le Syndicat national des journalistes tunisiens annonce une grève générale des médias publics

- Prévue le 2 avril prochain, selon le président du Snjt, Mohamed Yassine Jelassi

Adel Bin Ibrahim Bin Elhady Elthabti  | 23.03.2022 - Mıse À Jour : 23.03.2022
Tunisie: le Syndicat national des journalistes tunisiens annonce une grève générale des médias publics

Tunisia

AA/Tunis

Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens, Mohamed Yassine Jelassi, a annoncé, mercredi, une grève générale des médias publics (officiels) le 2 avril prochain.

Dans des déclarations à l'Agence Anadolu, Jelassi estime que la Tunisie « a amorcé son retour parmi les pays autoritaires qui écrouent et menacent les journalistes ».

« Depuis le 25 juillet, les gens sont emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions ou publié des posts et commentaires sur les réseaux sociaux, et sont jugés par des tribunaux militaires », a-t-il déclaré.

Jelassi a accusé le pouvoir en place de « chercher à intimider les journalistes et à les décourager d’exercer leur métier », notant que le Snjt « maintiendra la pression médiatique, car il est temps d'utiliser nos plumes comme armes pour défendre résolument l'essence du travail journalistique ».

Et le président du Snjt d’ajouter que « tous les médias publics observeront une grève générale le 2 avril prochain ».

« Nous intensifions dès aujourd'hui nos actions, après que la télévision publique (télévision d’État) est devenue le porte-voix de la Présidence de la République, signant ainsi son retour dans le pré carré novembriste (en allusion au régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, déposé par la révolution du 14 janvier 2011) », a expliqué Jelassi.

Le président du Snjt a ajouté que « tout ce que le pouvoir en place promeut au quotidien au sujet de la protection des droits humains et des libertés n’est qu’illusion ». Selon lui, « le pouvoir politique, le pouvoir judiciaire et le ministère de l'Intérieur se sont unis pour saper la liberté de la presse ».

Jelassi a indiqué en ce sens que « le journaliste, Khelifa Guesmi, a entamé une grève de la faim depuis le jour de son arrestation, vendredi, jusqu'à dimanche dernier », dénonçant la prolongation de sa détention provisoire pour cinq jours supplémentaires, pour les besoins de l’enquête.

« L'arrestation de Guesmi est une mesure arbitraire et liberticide, prise sur fond de règlement de compte interne entre appareils sécuritaires », a-t-il déclaré.

L'Unité nationale d'investigation sur les crimes terroristes avait arrêté, vendredi dernier, le journaliste Khelifa Guesmi, - correspondant de la radio privée locale « Mosaïque FM » à Kairouan (centre) -, pour avoir publié une information sur le démantèlement d’une cellule terroriste à Kairouan, sur la base de l'article 34 de la loi n°2015-26 du 7 août 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d’argent, selon ce qui a été rapporté par des organisations locales.

Par ailleurs Jelassi a appelé « à l’annulation du mandat d'arrêt émis contre la journaliste Chadha Hadj Mbarek et à la poursuivre conformément au décret-loi n°2011-115 relatif à la liberté de la presse, de l'imprimerie et de l'édition ».

Depuis octobre dernier, Chadha Hadj Mbarek est poursuivie dans le cadre de l'affaire « Instalingo », firme spécialisée dans la production et le développement de contenus numériques, pour « offense au président » et « complot contre la sûreté de l’Etat ».

La Tunisie est en proie à une crise politique aiguë depuis le 25 juillet dernier. À cette date, Kaïs Saïed, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.

Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a limogé de son poste le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden Romdhane.

La majorité des forces politiques et sociales tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail


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