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Tunisie: le parti Ennahdha rejette la décision du président Saïed de dissoudre le Parlement

- Le mouvement d’obédience islamique, qui dispose du plus grand bloc au Parlement, estime que la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple, est un pas de plus vers le démantèlement de l'État et de ses institutions

Yosra Ouanes  | 31.03.2022 - Mıse À Jour : 31.03.2022
Tunisie: le parti Ennahdha rejette la décision du président Saïed de dissoudre le Parlement

Tunisia

AA/Tunis

Le mouvement tunisien Ennahdha a exprimé, jeudi, son rejet de la décision du président de la République, Kaïs Saïed, de dissoudre le Parlement, estimant que cette mesure représente un nouveau pas vers le démantèlement de l'État et de ses institutions et une nouvelle « violation » de la Constitution.

Le mouvement d’obédience islamique (qui dispose du plus grand bloc au Parlement dissous) a déclaré dans un communiqué, consulté par l’Agence Anadolu, que « la perturbation des activités de l'Assemblée des représentants du peuple par le gel de ses prérogatives ou la dissolution, a affecté considérablement notre peuple qui est désormais menacé de famine, ainsi que notre État sous le coup d’une faillite ».

« L'investissement national et étranger ainsi que la coopération avec les États, les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds, requièrent aussi bien l'existence d'institutions constitutionnelles légitimes que la stabilité politique », poursuit le communiqué d’Ennahdha.

Le parti présidé par Rached Ghannouchi, a imputé au président de la République, « la responsabilité de la dégradation de la situation économique et sociale », appelant à « s’abstenir de toute instrumentalisation ou implication des institutions de l'Etat dans le règlement de comptes politiques ».

« La dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) représente un nouveau pas vers le démantèlement de l'État et de ses institutions et une nouvelle « violation » de la Constitution, qui dispose dans son article 80 que le Parlement reste en état de réunion permanente », précise le mouvement.

Ennahdha estime que « la plénière en ligne (virtuelle) tenue hier, mercredi, à l’appel du bureau de l’ARP, ayant réuni 121 députés (sur un total de 217), est légale et légitime ».

Le mouvement d’obédience islamique a ajouté que « le vote des 116 députés en faveur d’un projet de loi visant à annuler les mesures d’exception prises par Saïed le 25 juillet, qui ont jeté le pays dans l’inconnu et instauré le pouvoir d’un seul homme, représente une prise de position patriotique et responsable ».

La formation politique explique que « la tenue de la plénière de l’ARP et la décision des députés d’annuler les mesures d’exception, ne relèvent pas d’une lutte pour la légitimité, mais représentent le retour d’une institution élue par le peuple, - détenteur de la souveraineté -, pour exercer ses prérogatives ».

Le parti a souligné que « eu égard à l’exacerbation de la crise politique et économique, la tenue d’un dialogue national inclusif s’impose plus que jamais. Ce dialogue débouchera sur un gouvernement de sauvetage économique et permettra de préparer le pays à des élections législatives et présidentielle anticipées », à même de faire sortir le pays de cette crise étouffante et de son isolement depuis le 25 juillet ».

Mercredi, l’ARP a adopté, lors d’une plénière virtuelle, un projet de loi abrogeant les mesures d’exception décidées par Saïed le 25 juillet dernier.

Quelques heures plus tard, le locataire de Carthage a annoncé dans une allocution télévisée, la dissolution du Parlement « pour préserver l'État et ses institutions », qualifiant la plénière virtuelle et ses décisions de « tentative de coup d'État ratée ».

La majorité des forces politiques et sociales tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat « d'un péril imminent », mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail

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