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Tunisie: le bloc parlementaire «Ennahdha» appelle à une réunion du bureau de l’Assemblée des Représentants du Peuple

-Le groupe du mouvement majoritaire à l'ARP, a indiqué que la réunion vise à « prendre les mesures nécessaires en vue de la reprise des activités de l'institution parlementaire », rejetant la concentration des pouvoirs entre les mains du Président.

Yosra Ouanes  | 30.09.2021 - Mıse À Jour : 30.09.2021
Tunisie: le bloc parlementaire «Ennahdha» appelle à une réunion du bureau de l’Assemblée des Représentants du Peuple

Tunisia

AA/Tunis

Le bloc parlementaire du mouvement « Ennahdha » en Tunisie a appelé, mercredi, « le président de l'Assemblée des Représentants du Peuple et son bureau à se réunir pour prendre les mesures nécessaires à la reprise des activités de l'institution parlementaire, conformément aux dispositions de la Constitution et du règlement intérieur ».

Rached Ghannouchi est le président du Parlement, et chef de file du mouvement « Ennahdha », majoritaire au Parlement (53 députés sur 217) dont les travaux sont suspendus depuis le 25 juillet.

Par voie de communiqué, le groupe Ennahdha a l’ARP a dit rejeter « la concentration des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire entre les mains d'une seule personne (en référence au Président Kaïs Saïed) et le recours aux mesures d’exception pour imposer certains choix, notamment la suppression des institutions politiques et législatives de contrôle, dont le Parlement, l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, et l’Instance nationale de lutte contre la corruption ».

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat Kaïs Saïed avait décidé de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés, dans le cadre de mesures d’exception prises le 25 juillet.

Le groupe du mouvement Ennahdha au Parlement a estimé en ce sens que le décret présidentiel n° 2021-117 du 22 septembre 2021, « abroge de facto la Constitution de la République tunisienne, consacre la dérive autocratique du pouvoir, et formalise le coup d'État contre la légitimité constitutionnelle et la voie démocratique ».

Le Président tunisien avait décidé de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d'exercer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement, selon le décret présidentiel n° 2021-117 du 22 septembre 2021 publié dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT).

Des voix critiques disent que les décisions de Saïed ont renforcé les pouvoirs de la Présidence au détriment du Parlement et du gouvernement, car le locataire de Carthage veut faire pencher la balance en faveur du système présidentiel en tant que régime politique.

Le bloc du mouvement Ennahdha a appelé « tous les autres blocs parlementaires, les personnalités indépendantes et les forces vives de la nation à l’unité et à dépasser les dissensions et les tiraillements politiques pour défendre les valeurs de la république ainsi que la démocratie et protéger le pays des dangers (...) de la division sociétale ».

Le groupe du mouvement d’obédience islamique à l’ARP a exprimé également son rejet « des poursuites des députés et des civils devant les tribunaux militaires » et exigé « de mettre fin aux assignations à résidence à l’encontre d'anciens parlementaires et ministres », qualifiées de décisions « arbitraires et illégales », selon le communiqué.

La majorité des partis a rejeté les décisions de Saïed, prorogées sine die en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques y ont été favorables, estimant qu’il s’agit d’une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).

Saïed avait, à maintes reprises, essayé de rassurer l’opinion publique tunisienne et les chancelleries étrangères, en affirmant qu'il n’avait pas l’intention d’instaurer un régime autocratique en Tunisie ni de porter atteinte aux droits et libertés, mais vise à remédier à la situation par des réformes, après avoir invoqué l'existence d’un « péril imminent » qui menace l'Etat tunisien.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail

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