AA/Tunis/Marwa Sehli

Une grande joie était visible sur les visages des visiteurs de Sidi Bou Saïd, un village tunisien donnant sur la Méditerranée, où la vie a repris son cours, après la fermeture de ses restaurants, cafés et boutiques pour près de 3 mois à cause de la Covid-19.

La reprise de l’activité à Sidi Bou Saïd, situé à la banlieue nord de la capitale Tunis, a créé une dynamique dans les rues et les ruelles de ce beau village peint en bleu et blanc.

Sidi Bou Saïd est le cœur de la banlieue nord de Tunis, qui retrouve son éclat après la réouverture des magasins vendant les produits traditionnels sucrés tels que le « Bambalouni » et le « Halkoum » ainsi que les commerces de l’artisanat.

Quant aux cafés du village, leur réouverture était conditionnée par la réception de la moitié de la capacité d’accueil de l’espace, afin d’éviter l’encombrement conformément aux mesures sanitaires recommandées par les autorités tunisiennes, pour prévenir la propagation de la maladie.

Le village de Sidi Bou Saïd, déserté par ses visiteurs durant le confinement sanitaire total, a recommencé à respirer dès le premier jour de la levée du confinement, imposé depuis le 22 mars dernier dans toutes les villes tunisiennes.

- Reprise du rythme après trois mois d’inactivité

On peut maintenant entendre, de nouveau, les chansons tunisiennes anciennes provenant des commerces, partout où on va dans le village, comme on entend ici et là les voix des commerçants ambulants. Les galeries d’art ont également rouvert leurs portes pour exposer les tableaux.

Le café des délices, anciennement appelé «café Sidi Chabâane » et le café des nattes, connu sous l'appellation de « Café el-Alia », sont parmi les plus beaux cafés de Sidi Bou Saïd, mais aussi les plus anciens et les plus authentiques. Les deux sont connus pour leur thé savoureux aux pignons et par l’odeur caractéristique et ensorcelante des bouquets et colliers de jasmin.

Ce sont l’authenticité de l’architecture et la vue panoramique du village, situé sur une colline donnant sur le Golfe de Tunis et permettant de voir toute la ville de Carthage, qui séduisent les visiteurs de Sidi Bou Saïd.

Tenant compte de tous ces éléments caractéristiques du village, il est prévu qu’un dossier soit déposé auprès de l’UNESCO pour inscrire Sidi Bou Saïd au patrimoine mondial. Il rejoindra, ainsi, les huit sites tunisiens déjà classés sur la liste de l'institution onusienne.

- Les mesures sanitaires prises en considération

Au milieu de cette grande joie pour la reprise de l’activité, les propriétaires des cafés et des restaurants ont tenu à respecter les mesures sanitaires. Ils n’acceptent pas les visiteurs qui pourraient présenter des symptômes de Covid-19, tels la fièvre, la toux et l’éternuement.

Ils ont posé devant leurs commerces des pancartes qui rappellent la nécessité de respecter les mesures sanitaires, dont le port des masques, la stérilisation des mains et la distanciation sociale.

Les espaces sont aménagés de manière à imposer la distanciation, et ce, en disposant les tables éloignées de 2 mètres l’une de l’autre et en stérilisant les chaises et les poignées des portes.

- Une fraîcheur d’âme chez les commerçants du village

Hatem Chérif, propriétaire d’une boutique d’artisanat et d’un café à Sidi Bou Saïd, a exprimé sa grande joie de la réouverture des restaurants, des cafés et des boutiques.

Il a assuré à l’Agence Anadolu qu’il a beaucoup souffert des retombées économiques de la crise de la Covid-19.

Chérif a considéré que cette reprise de l’activité a permis aux commerçants de « reprendre leur souffle après une souffrance due à la fermeture des commerces et ses répercussions économiques ».

Il a ajouté qu’il n’a jamais fait face à une crise financière pareille, durant ses 40 ans d’activité dans son domaine.

Le commerçant a souligné, dans ce contexte, que « l’Etat n’a pas soutenu les propriétaires des magasins et les commerçants comme il l’a fait pour d’autres secteurs », appelant les autorités à « la nécessité de leur porter attention, car la majorité ont perdu leurs capitaux à cause de la pandémie ».

« La dynamique économique reprendra de nouveau grâce à ce secteur, qui contribuera à revitaliser l’économie tunisienne », a assuré Chérif.

Il a souligné que le confinement sanitaire a permis, certes, aux habitants de Sidi Bou Saïd de jouir du calme et de profiter de la beauté du village, mais, a entraîné de grands dégâts à cause des commerces fermés.

Et d’ajouter qu’ « au premier jour de la levée du confinement, les visiteurs ont afflué vers ma boutique et acheté plusieurs produits », espérant pouvoir compenser ses pertes.

Le 13 mars dernier, le Chef du gouvernement tunisien, Elyes Fakhfakh, avait annoncé la suspension des prières collectives, dans le cadre de la lutte contre la pandémie, avant d’autoriser de nouveau la réouverture des mosquées, à partir du 4 juin courant, vu que l’état sanitaire se stabilise dans le pays.

Pour le troisième jour consécutif, aucun nouveau cas de Covid-19 n’a été enregistré, samedi, en Tunisie. Le nombre de cas s’est stabilisé à 1087, dont 49 personnes sont décédées.

*Traduit de l’arabe par Afef Toumi