Culture et Arts, Afrique

Tunisie/Jazz à Carthage: Que la fête commence !

-La treizième édition de ce rendez-vous incontournable se tient du 6 au 15 avril

Esma Ben Said  | 06.04.2018 - Mıse À Jour : 06.04.2018
Tunisie/Jazz à Carthage: Que la fête commence !

Tunisia

AA/Tunis/Slah Grichi

Avec une régularité et une ponctualité de métronome, Jazz à Carthage retrouve ses habitués pour leur apporter un bouquet de senteurs typiques mais sans cesse renouvelées, qui se mêlent si harmonieusement à celles des bourgeons qui commencent à s'éclore pour réitérer à l'unisson leur allégeance au printemps, la saison de la lumière, de l'amour, de la vie en rose...de la musique.

Le festival, né en 2005, en est à sa 13è session, cette année (*).

"Un chiffre symbolique, un chiffre porte bonheur", comme nous déclare son producteur-initiateur, Mourad Matahri qui aime se définir comme agitateur culturel. Un bon "agitateur", en tout cas; car outre les autres grands spectacles qu'il a organisés, son apport connu et reconnu, de longues années durant, au réputé festival de jazz de Tabarka (station balnéaire à l'extrême nord-ouest de la Tunisie), on lui doit surtout le premier festival de blues du pays (2005 - 2008) qui avait pour nom Night in Tunisiana (en référence à un sponsor opérateur de téléphonie mobile de l'époque et au fameux morceau de Dizzy Gillespie "A night in Tunisia", constamment repris depuis 1945 par les meilleurs musiciens du monde.

En quatre saisons, on s'est délecté avec des stars comme Lucky Peterson, Roy Ayers, Georges Clinton, John Lee Hooker Jr... et des groupes du tonnerre tels The Temptations, The Commodores, The Blues brothers band, Earth wind & fire, etc. Alors que nous-a-t-il concocté pour cette édition de Jazz à Carthage qui démarre vendredi dans la banlieue nord de Tunis pour se poursuivre jusqu'au 15 de ce mois et qu'il a voulue particulière ?

Un melting pot

Générations mêlées, styles et genres variés, artistes aux origines et aux terres d'accueil multiples, le tout constituant un melting pot convergeant vers l'aboutissement artistique et l'accomplissement esthétique, que ce soit dans le classique ou le moderne, l'atypique ou l'inclassable.

Et même si c'est le jazz, pur ou brassé, sous-tend l'ensemble de la programmation, blues, soul, R&B, pop, folk, funky ...apporteront en chant et en performances instrumentales des variantes et des bouffées de fraîcheur. D'autant que nous aurons face à des noms à la renommée bien assise, adeptes du jazz, du blues ou de la soul épurés qui confèrent à la musique une dimension sacrée, des échantillons de la jeune génération qui n'ont pas froid aux yeux, qui osent la transgression et la différence parce qu'ils ont dans le ventre, dans la voix, dans les doigts et dans les poumons.

Plusieurs parmi ces jeunes ont dépassé de nombreuses encablures la phase de talents en herbe et voient déjà se dérouler devant eux le tapis de la gloire.

Ce n'est pas des Etats Unis, ou de la Jamaïque que nous viendront les exemples cette année, mais du bon vieux continent. A commencer par le Britannique Tom Odell qui a emballé le public tunisien dans une édition précédente et qui lui revient après avoir affermi son talent et jeté des jalons sur la voie d'une carrière toute tracée.

Nous évoquerons aussi le prodige de la pop française qui, à 24 ans, impressionne par sa musique si fraîche et une voix qui en impose, sa compatriote Emily Loizeau qui étonne par ses dispositions vocales et par une musique particulière qui lui est propre et qu'elle met en scène en artiste accomplie. La France sera également représentée par Charles Pasi qui se baladera entre chant et harmonica, à travers des airs blues, soul et pop du monde.

On ne peut passer sous silence le mini groupe autrichien "Marina and the kats" qui n'est composé que de trois personnes mais tellement dynamiques et fraiches qu'elles donnent l'impression d'être beaucoup plus.

Et ce n'est pas pour rien qu'ils sont surnommés "la plus petite grande bande du monde". Un moment de grande émotion est à prévoir avec la Suissesse d'origine albanaise Elina Duni qui, dans la fibre jazz-blues et en s'auto-accompagnant avec une égale maîtrise du piano, de la guitare acoustique ou de percussions, chante l'amour, l'exil et la mort, mais en transcendant la douleur par des teintes de joie et d'appel à la vie.

Toujours volet jeunes, on n'oubliera le natif du Maryland installé à Liverpool Jalen N'Gonda, ce Mr. soul de la voix et blues de musique et d'arrangements dont le single "Haller" fait actuellement fureur. Un grand en devenir. C'est à lui qu'a échu l'honneur d'ouvrir le bal ce soir.

Avec eux, il y a lieu de citer les deux groupes algériens "Koum Tara" el "lLabess" (tout va bien, en arabe). Le premier met le "Chaâbi" (populaire) algérien aux couleurs du jazz, alors que le second empreint de rumba gitane et de flamenco des genres musicaux locaux, comme le "Gnawa". La soirée de clôture sera animée par deux productions de jeunes tunisiens. Dans "Dialogue", en pur jazz, la virtuose du violon qui s'est produite dans de prestigieux théâtres dont le Royal Albert Hall, Yassmine Azaïez donnera la réplique au non moins doué pianiste Omar El Ouaer; alors que dans "Helouass" (hallucinations), Nour Harakati, ce troubadour des temps modernes, laissera libre cours à sa voix singulière et envoûtante qui sera soutenue par le quatuor "Aytma".

Parmi les valeurs confirmées, nous commencerons par le duo malien qui partagera le prestige du spectacle inaugural avec l'Américain N'Gonda, Amadou et Mariam, surnommé le "couple aveugle du Mali" qui, depuis trente ans, n'a fait que confirmer en Afrique et dans le monde.

Dans les années 1990, son tube "Mon amour, ma chérie" lui a ouvert le chemin d'une célébrité confirmée, plus tard, par l'excellent album "Dimanche à Bamako". Un moment fort de cette édition qui sera suivi par d'autres dont le concert de Kurt Elling, celui du pur free jazzman italien Enrico Rava, passé maître du piano et du trombone, qui sera soutenu par la pianiste compositrice japonaise Makiko Hirabayashi ou encore celui du groupe barcelonais "Excitements" qui d'indie en folk, mettra le feu aux poudres.

Mais il est à parier que le vrai clou de cette 13è édition sera la soirée du 13 avril où le public aura rendez-vous avec le groupe américain qui fait actuellement fureur : le "Postmodern Jukebox" qui a trouvé en Scott Bradlee le génial compositeur qui l'a hissé, à travers de savants mélanges de genres et d'époques, à des sommets dont on ne peut prévoir les limites.

Bon vent Jazz à Carthage.

(*) La manifestation a sauté l'édition de 2011 à cause de la situation qui prévalait à Tunis, suite au départ du Président Ben Ali.

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