Tunisie: fin du procès sur les attentats terroristes du Bardo et de Sousse
-Plusieurs prévenus risquent la peine capitale, selon les avocats

Tunis
AA/Tunis/Bouazza Ben Bouazza
Vingt et un suspects dont deux femmes, ont comparu vendredi en état d’arrestation, et trois autres en état de liberté, devant la 5ème chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, lors de l’audience finale du procès cumulé des prévenus impliqués dans deux attentats qui ont fait en 2015, quelque 60 morts la plupart des touristes.
Jugés dans un premier temps dans deux affaires distinctes, la Cour a finalement opté pour le cumul des deux procès à la demande des avocats de la défense qui craignaient que leurs clients ne soient condamnés à deux reprises pour les mêmes délits.
En effet, la plupart des accusés étaient poursuivis pour leur implication simultanément dans l’attaque qui a visé le 18 mars 2015 le musée du Bardo, le plus grand du pays et causé la mort de 22 personnes et celle perpétrée trois mois après, le 26 juin, dans la station balnéaire de Sousse, dans le centre-est tunisien qui a fait 38 morts dont 30 Britanniques. Leurs auteurs formés en Libye, ont été abattus par les forces de sécurité.
Selon le rapport d’autopsie lu par le président du tribunal, Aymen Rezgui (23 ans) qui a fait un carnage sur la plage de l’hôtel Impérial de Sousse, était sous l’effet de stupéfiants quand il a commis son forfait et avait pris aussi des “médicaments tonifiants”.
La Tunisie a été la cible en novembre 2915, d’un troisième attentat commis à Tunis par un kamikaze dans un bus de la garde présidentielle qui a fait 12 morts parmi ce corps d’élite.
Les trois opérations ont été revendiquées par Daech.
Retransmise en direct en Europe pour permettre aux familles des victimes parmi lesquelles figuraient aussi des Français et des Belges, de la suivre, l’audience de vendredi a été consacrée à la poursuite des plaidoiries de la défense.
Celle-ci a notamment pointé du doigt “les lacunes et les dépassements” enregistrés lors des investigations, en dénonçant “les exactions et les actes de torture” subis par nombre d’accusés dont plusieurs ont été contraints de signer des procès-verbaux “sous la contrainte”.
Lors de l’audience précédente, la semaine dernière, les prévenus avaient nié avoir participé directement aux deux attentats. Plusieurs d’entre eux ont néanmoins reconnu avoir apporté leur concours à celui qui est considéré comme “le cerveau” des deux opérations, Chamseddine Sandi, pour le repérage des lieux, à l’aide de Google Earth, et d’autres cibles potentielles dont des postes de sécurité et des entreprises étrangères basées à Tunis.
Appelés à la barre un à un, les prévenus ont tous plaidé pour un non-lieu, sauf un seul qui requis “les circonstances atténuantes”.
Selon Me Sondos Ouertani, 44 personnes au total sont poursuivies dans les deux affaires. Selon elle, deux d’entre eux sont en fuite, probablement en Libye, à savoir Chamseddine Sandi et Yahya Ghezali.
Les autres suspects en état de liberté ne se sont pas présentés devant la Cour malgré les convocations qui leur ont été adressées à trois reprises, a noté le président du tribunal.
Selon plusieurs avocats, le verdict devrait être prononcé dans environ 10 heures, soit tard dans la nuit.
Accusés d’”homicide volontaire avec préméditation”, “atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat” et “adhésion à l’intérieur et à l’extérieur (du pays) à une organisation ou une alliance liées aux crimes terroristes”, certains prévenus encourent la peine capitale, en vertu de la loi anti-terroriste et du Code pénal tunisien.