AA/Tunis/Yousra Ouanes

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville de la capitale Tunis, mercredi après-midi, pour connaître le sort des migrants portés disparus après le naufrage de leur embarcation de fortune en Méditerranée.

Partie de la ville de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, avec à son bord 18 migrants tunisiens qui cherchaient à rejoindre clandestinement les côtes italiennes, l’embarcation a disparu dans la nuit du 20 au 21 septembre.

Lors de ce rassemblement de protestation organisé à l’appel du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES - organisation non gouvernementale chargée des questions migratoires), les manifestants ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Dignité pour les migrants » et « La vérité pour les familles des disparus ».

« Assassins de nos enfants, Voleurs de notre pays », ont également scandé les protestataires.

Le porte-parole du FTDES, Romdhane Ben Amor, a déclaré en marge du rassemblement de protestation : « À travers ce rassemblement nous adressons deux messages. Le premier, aux familles des victimes et des disparus à Zarzis, et nous leur disons : vous n'êtes pas seules, vos douleurs sont les nôtres, et vos revendications sont également nos revendications ».

Et Ben Amor d’ajouter : « Le deuxième message est à l’adresse du pouvoir en place ; ce qui se passe à Zarzis est un crime que l'État cherche à passer sous silence ».

« Les autorités doivent assumer leur responsabilité. Elles doivent révéler la vérité et répondre aux revendications des familles des disparus dans toutes les régions, au regard à la crise persistante de la migration irrégulière », a soutenu le porte-parole du FTDES.

Lors de sa rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, au Palais présidentiel de Carthage, mardi, le président tunisien Kaïs Saïed a appelé « à accorder toute l’importance nécessaire aux détails inhérents à l’affaire liée au naufrage d’une embarcation d’émigration clandestine à Zarzis, afin d’établir la vérité ».

Une grève générale a été observée dans cette ville côtière le 18 octobre pour réclamer une enquête sur le naufrage de l’embarcation, protester contre l'enterrement hâtif de certains corps dans le cimetière « Jardin d’Afrique », réservé habituellement aux migrants subsahariens -dont les corps ont été repêchés dans la région-, et intensifier les recherches.

Quatorze corps seulement ont été repêchés en mer, tandis que 4 migrants sont toujours portés disparus.

La Tunisie connaît depuis le début de 2022 une augmentation remarquable des flux migratoires irréguliers vers l’Europe, notamment vers les côtes italiennes, à la lumière des répercussions des crises économiques et politiques dans le pays et des conflits armés qui ravagent plusieurs autres pays africains.

Les côtes du sud-est de la Tunisie sont fréquemment le théâtre d’opérations de sauvetage de migrants en situation irrégulière, après que leurs embarcations tombent en panne en Méditerranée.

Selon le dernier rapport du FTDES, publié le 26 octobre, 544 migrants sont décédés ou portés disparus en Méditerranée depuis le début de l'année, toutes nationalités confondues.

*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail