Tunisie : des coopératives pour soutenir les femmes rurales
- Une exposition organisée à Tunis par le ministère tunisien de la Famille, de la Femme, de l'Enfance et des Personnes Agées, et dédiée aux coopératives féminines de développent agricole.

Tunis
AA / Tunis / Nadia Chahed
Sassia Zidani a le visage tanné des femmes habituées au travail en plein air, des yeux verts qui pétillent et un sourire permanent qui illumine son visage même lorsqu'elle parle de ses problèmes.
Ainsi peut-on décrire Sassia en deux lignes... Mais Sassia c'est avant tout une de ces femmes tunisiennes dont on ne peut être que fiers, une femme qui travaille seule pour nourrir ses cinq enfants...
Sassia était présente à l'exposition organisée à Tunis par le ministère tunisien de la Famille, de la Femme, de l'Enfance et des Personnes Agées, et dédiée aux coopératives féminines de développent agricole.
Elle représentait le groupement "Les Jasmins" de Sousse, un groupement qui compte 14 femmes et qui propose plusieurs produits tels que la bsissa (un mélange de farine de blé ou d'orge, avec de la farine de pois chiche et des épices) ou la confiture faite à base de figues de barbarie, "bénéfique pour les problèmes digestifs et l'excès de poids", explique-t-elle.
D'un tempérament conciliant, Sassia se plaint toutefois du manque d'opportunités pour écouler les produits fabriqués par les femmes de la coopérative.
"En général, nous participons à une foire par an. Sinon, on n'a pas d'autres moyens pour faire écouler nos produits", explique-t-elle rappelant que comme elle, toutes les femmes du groupement ont des charges familiales et des enfants à nourrir.
Aussi l'affluence est très faible, déplore-t-elle ajoutant que les visiteurs demandent le prix et partent aussitôt, sans rien acheter.
Amel Ben Abdallah, représente quant à elle le Groupement de développement agricole (GDA) de Boumerdes (gouvernorat de Mahdia-est).
Créé en 2021, ce GDA compte 30 femmes qui fabriquent du couscous à base de blé, de la bsissa, des épices, des petits couffins, du savon artisanal parfumé...
S'agissant des problèmes rencontrés par les femmes, Amel évoque en premier celui du financement de la matière première.
"Toutes les femmes du GDA sont en effet sans ressources et ne peuvent subvenir à l'achat des matières premières dont le prix ne cesse d'augmenter", explique-t-elle espérant un soutien de la part des autorités de tutelle.
Dhahbia Zouaoui est, quant à elle, enseignante d'arabe mais elle était présente à l'exposition des femmes rurales pour représenter le groupement de Ain Essobh (délégation deTabarka dans le gouvernorat de Jendouba) dont elle est la présidente.
Dhahbia fait ce travail à titre bénévole pour aider les 76 femmes du GDA de Ain Essobh à vendre leurs produits baptisés "Goden Erath" au meilleur prix.
D'ailleurs, elle ne ménage aucun effort pour vendre ses produits, fruits souvent de plusieurs heures de travail de ces femmes.
Elle use de tous les arguments pour convaincre les acheteurs potentiels. Un exemple de solidarité et d'entraide féminines.
Dhahbia était membre de la Commission de la femme et de la famille au sein du dernier conseil municipal de Ain Essbh. Un passage qui l'a beaucoup marquée et l'a rapprochée de ces femmes sans soutien.
"C'est au sein de cette Commission que nous avons constaté ce besoin chez le femmes rurales et c'est ainsi que nous avons lancé ce GDA pour les aider à se lancer dans la production dans tel ou tel produit de manière à pouvoir subvenir aux besoins de leurs famille", précise-t-elle.
En Tunisie, les groupements de développement agricole relèvent du ministère de l'Agriculture et sont intégrés à un dispositif de gestion durable des forêts et des pâturages.
Ils sont devenus des structures plus démocratiques auxquelles participent tous les segments de la population, notamment les femmes, et qui représentent les intérêts de tous.