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Tunisie : Décès de Mohamed Sayeh, Bourguiba "est bien mort"

Esma Ben Said  | 15.03.2018 - Mıse À Jour : 15.03.2018
Tunisie : Décès de Mohamed Sayeh, Bourguiba "est bien mort"

Tunisia

AA/Tunis/Slah Grichi

Avec le décès de Mohamed Sayeh, jeudi, le plus fidèle des fidèles du premier président tunisien Habib Bourguiba, renversé par Zinelabidine Ben Ali le 7 novembre 1987, il est logique d'avancer qu'une époque de l'histoire de la Tunisie vient d'être close. Celle de la première République tunisienne.

Parmi ses collaborateurs les plus proches, ceux qu'il a élevés aux plus hautes responsabilités, de Ahmed Ben Salah le père du collectivisme et le ministre aux cinq portefeuilles à Hédi Nouira le libéral ou à Ben Ali le sécuritaire, il est le seul dont Bourguiba ne s'est jamais passé, celui qu'il n'a jamais décrié, celui qui ne l'a jamais déçu. Pourtant rien ne le prédisposait à être l'homme du "Combattant suprême", de son système ou de son parti.

Secrétaire général de la gauchisante Union générale des étudiants de la Tunisie à la fin des années 1950, Mohamed Sayeh était réputé pour être un pur "rouge".

Repéré par Bourguiba, il sera vite "retourné" par ce dernier au bourguibisme, au point que dès 1964 (il avait à peine 31 ans), il en fera membre du Bureau politique et Secrétaire général de son Parti socialiste destourien (PSD) dont il prendra la tête en 1969.

Depuis et selon les circonstances, il sera ministre de l'Equipement, de l'Education, de la Jeunesse et des Sports ou retrouvera la centrale direction du PSD (1973 - 1980), ce qui en fait le plus le responsable à la carrière la plus longue auprès de Bourguiba.

Sa fidélité indéfaillible pour ce dernier et son dédain pour son entourage politique et familial lui vaudra l'antipathie de la première dame Wassila puis de la nièce Saïda Sassi à qui on prête la nomination de Ben Ali en tant que Premier ministre et la précipitation du renversement de son oncle quand elle a su qu'il comptait changer le général par justement Mohamed Sayeh.

Controversé pour ses écrits "historiques" relatifs au mouvement national et au parcours exagérément relevé de Bourguiba, il dévoilera qu'il était était un homme à principes en repoussant les avances de Ben Ali qui, après n'avoir rien trouvé pour décrédibiliser, a essayé de le courtiser pour profiter de son poids au parti dont il a hérité.

Stoïque, digne et clamant qu'après Bourguiba, il ne pouvait plus faire de la politique, il a supporté jusqu'à leur levée les mesures et les contrôles imposés à ses visiteurs, sans rechigner ou rouspéter.

Sayeh était un homme politique et un homme d'Etat convaincu qui assumait les options qui s'imposaient, y compris les mauvaises et les douloureuses, il nous rétorquait, dans les années 2000 en pleine réception donnée par l'ambassadeur du Maroc à l'occasion de la fête du Trône, lorsqu'on lui a rappelé le choix de Bourguiba et le sien en tant que Secrétaire général PSD, d'avoir soutenu fin des années 1970, début des années 1980, les islamistes à l'Université au détriment de la Gauche : "C'était pour que vous et vos condisciples ne dériviez pas trop et deveniez ce que vous êtes aujourd'hui. Croyez-vous qu'avec le pouvoir actuel, on se soucie d'où va la jeunesse et si elle vous égalera?".

Franchement, nous y pensons encore.

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