AA/Tunis/Bouazza Ben Bouazza

Les cérémonies marquant le pèlerinage annuel à la synagogue de la Ghriba, en Tunisie, ont débuté mercredi par l’ouverture d’un forum international sur la coexistence inter-confessionnelle, en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed et de nombreuses personnalités tunisiennes et étrangères.

Entre 7.000 et 8.000 visiteurs venus de France, d’Israël, des Etats-Unis d’Amérique, de Grande-Bretagne, de Russie et d’autres pays sont attendus à Jerba pour prendre part aux rites religieux et autres manifestations culturelles qui dureront deux jours, prévoit le président du comité de cette synagogue, la plus ancienne d’Afrique, Perez Trabelsi.

Selon la légende, cet édifice a été bâti il y a plus de 2.500 ans par des juifs qui se sont réfugiés dans cette île du sud tunisien après la destruction par les Romains du Temple de Salomon à Jérusalem.

Pour le ministre du tourisme, ce pèlerinage sera “un événement exceptionnel”.

En plus de la grande affluence attendue qui représente plus du double des visiteurs enregistrés l’an dernier (environ 3.000), René Trabelsi relève que ce rite juif coïncide cette année avec le mois saint musulman de Ramadan.

“Ce mariage entre La Ghriba et le Ramadan va permettre de véhiculer un message de tolérance, de paix et de cohabitation pacifique et harmonieuse qui prévaut de longue date entre les communautés juive et musulmane”, se réjouit ce natif de Jerba de confession juive.

Le président de l’Association La Ghriba a annoncé qu’un repas d’Iftar ( rupture du jeûne chez les musulmans) sera organisé mercredi dans l’enceinte de la synagogue; auquel prendront part le premier du premier ministre et les ministres des Affaires religieuses et de la Culture ainsi que plusieurs ambassadeurs parmi lesquels ceux des Etats-Unis, de France, de Grande Bretagne, d’Allemagne et de Turquie.

Le pèlerinage a été précédé par d’intenses préparatifs. “Toutes les précautions ont été prises pour assurer la réussite de cette fête”, a rapporté l’agence officielle TAP qui a fait état de renforts sécuritaires déployés depuis l’aéroport, en passant par les circuits devant être empruntés par les visiteurs jusqu’aux hôtels où ils sont hébergés.

Pendant le week-end, le ministre de l’Intérieur Hicham Fourati s’est d’ailleurs rendu dans l’île en compagnie de hauts cadres de son département pour inspecter la logistique mise en place pour sécuriser l’événement.

Pour la première fois, des écrans géants ont été installés afin de permettre aux fidèles de suivre les différentes cérémonies et d’éviter la bousculade lors de la procession rituelle de la Ghriba.

En fin connaisseur du secteur, René Trabelsi, 57 ans, qui dirigeait une agence de voyage à Paris, avant sa nomination en novembre dernier à la tête du ministère du tourisme, considère que “la réussite de la saison touristique estivale dépend en bonne partie du succès du pèlerinage de la Ghriba”.

En septembre 2002, un attentat perpétré à l’aide d’un camion citerne contre la synagogue de la Ghriba avait porté un coup dur au tourisme tunisien. Revendiqué par Al Qaïda, il avait fait 21 morts dont 14 touristes allemands.

Pour l’année en cours, le ministre table sur un record de neuf millions de touristes, après un début prometteur enregistré durant les quatre premiers mois (+2,4 millions de touristes, en augmentation de 14,5%).