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Tunisie - Assemblée des représentants du peuple: nous rejetons la dissolution du Parlement

- Par voie de communiqué, la présidence de l’ARP a estimé que cette décision « inconstitutionnelle » va exacerber la crise multidimensionnelle sans précédent qui secoue le pays

Yosra Ouanes  | 09.04.2022 - Mıse À Jour : 09.04.2022
Tunisie - Assemblée des représentants du peuple: nous rejetons la dissolution du Parlement

Tunisia

AA/Tunis

En Tunisie, la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a exprimé, samedi, son rejet absolu de la décision du président de la République, Kaïs Saïed, de dissoudre le Parlement, soulignant que le pays traverse une crise « sans précédent ».

C’est ce qui ressort d'un communiqué publié par la présidence de l’ARP à l'occasion de la commémoration du 84e anniversaire de la Fête des martyrs en Tunisie.

« Nous affirmons notre rejet absolu de la dissolution du Parlement, pour lequel les Tunisiens se sont sacrifiés », indique la présidence de l’ARP dans son communiqué, consulté par l’Agence Anadolu.

La présidence de l’ARP estime que « Cette décision inconstitutionnelle va exacerber la crise multidimensionnelle, (politique, économique et sociale) qui secoue la Tunisie et renforcer son isolement sur la scène internationale par rapport à l'espace démocratique auquel elle appartenait depuis la révolution de 2011 ».

Elle a appelé, « les parlementaires à faire preuve de cohésion et à aller de l'avant pour réaliser les aspirations du peuple, consacrer sa volonté, et construire l'Etat de droit sur la base de la séparation et de l'équilibre des pouvoirs ».

« La Tunisie traverse une crise sans précédent dans son histoire contemporaine (…) Les représentants du peuple sont poursuivis, la liberté d'association et la liberté d'opinion sont muselées, le pays est embarqué sur les sentiers du pouvoir personnel qui a consacré un régime autocratique », poursuit le communiqué.

Le 30 mars 2022, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, lors d’une plénière virtuelle, un projet de loi abrogeant les mesures d’exception décidées par Saïed, le 25 juillet dernier. À cette date, le chef de l’État tunisien, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.

Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a dissous le Conseil supérieur de la magistrature.

Quelques heures après la tenue de la plénière en ligne de l’ARP, le locataire de Carthage a annoncé dans une allocution télévisée, la dissolution du Parlement « pour préserver l'État et ses institutions », qualifiant la plénière virtuelle et ses décisions de « tentative de coup d'État ratée ».

Une enquête judiciaire a été ouverte contre les députés ayant participé à la séance en ligne. Plus de 30 députés ont reçu une convocation de la brigade antiterroriste, dont le président de l’ARP et chef de file du parti d’obédience islamique « Ennahdha », Rached Ghannouchi.

La majorité des forces politiques et sociales tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat « d'un péril imminent », mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.


*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail

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