Afrique

Tournée africaine d’Erdogan : La presse internationale souligne la diplomatie proactive de la Turquie

- Recep Tayyip Erdogan a entamé, dimanche soir, à Luanda, capitale de l'Angola, une tournée africaine qui a vu le président turc visiter les capitales du Togo et du Nigeria

Mourad Belhaj  | 20.10.2021 - Mıse À Jour : 21.10.2021
Tournée africaine d’Erdogan : La presse internationale souligne la diplomatie proactive de la Turquie

Tunisia

AA / Tunis

La récente tournée du président Recep Tayyip Erdogan en Afrique n’en finit pas de susciter l’intérêt des médias internationaux. Dernière réaction en date, l’article paru sur les colonnes du journal français "Le Figaro" sous la plume du Grand reporter et chroniqueur international Renaud Girard.

Sous le titre "Erdogan renforce son implantation africaine", le journaliste revient sur la tournée de trois jours qu’effectue le président Erdogan en Afrique de l’Ouest, tentant d’apporter un éclairage sur ses portées. "Un voyage qui s’inscrit dans une stratégie déjà ancienne", souligne-t-il d’emblée.

Girard s’interroge et interroge ses lecteurs sur les raisons qui amènent le président de la République de Turquie à effectuer ces visites en Angola, au Togo et au Nigéria. "Que va-t-il donc faire dans le golfe de Guinée, si loin de chez lui ? Pourquoi l’intéressent ces trois pays d’influences respectives portugaise, anglaise et française ?"

Des interrogations que le journaliste développe en rappelant différentes étapes de l’engagement turc sur le continent africain. "Ce voyage s’inscrit en fait dans une stratégie africaine déjà ancienne du président turc. C’est une politique qui a près de vingt ans et qui reprend une tradition très ancienne de l’Empire ottoman", explique Girard.

La politique africaine de la Turquie a en effet été étudiée selon une approche globale, incluant l’assistance technique assurée à certains partenaires africains dans des domaines comme la lutte contre les maladies, le développement agricole, l'irrigation, l'énergie et l'éducation, sans oublier le flux régulier d'aide humanitaire.

Cet engagement est le fruit de la politique d'ouverture à l'Afrique qui a commencé en 1998, suivie d’une stratégie de développement des relations économiques avec les pays africains préparée en 2003, menant à la déclaration par le Gouvernement turc de l’année 2005 comme étant “l'Année de l'Afrique” et consacrée la même année par l'obtention par la Turquie du statut d'observateur à l'Union Africaine.

"Dès le début des années 2000, Erdogan a constaté que les anciennes puissances coloniales occidentales se désintéressaient de l’Afrique", explique Renaud Girard.

Selon l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), "pas moins de 43 ambassades tapissent désormais le tissu diplomatique turc sur le continent (africain), contre douze à peine il y a une décennie. Un ancrage qui s’est appuyé sur le déploiement de liaisons aériennes entre la Turquie et à peu près toutes les capitales africaines, la compagnie Turkish Airlines desservant 60 destinations africaines aujourd’hui contre quatre en 2008".

L’IRIS explique ainsi que "le commerce de la Turquie en direction de l’Afrique s’accentue. Ses exportations s’y élèvent à 16 milliards de dollars ; elles n’étaient que de 5 milliards en moyenne au cours de la décennie 2000. Sur ce chiffre, 11 % sont des produits agricoles et alimentaires. Avec un montant de 1,8 milliard de dollars, c’est dix fois plus qu’au début des années 2000. Soit une progression significative, identique à celle enregistrée au Moyen-Orient durant la même période".

Dans son article, Renaud Girard explique pour sa part que la Turquie "a commencé par s’implanter dans des pays musulmans africains, comme la Somalie et, plus tard, la Libye", soulignant qu’Ankara a ouvert une base militaire en 2017 à Mogadiscio, le long de la mer. De là, la Turquie "dispose d’une fenêtre sur la mer d’Arabie, le golfe d’Aden et la mer Rouge, qui est la grande route maritime commerciale entre l’Asie et l’Europe".

Pour Girard, la Turquie "redevenue une puissance navale, n’a aucune intention de limiter son champ d’action à la Méditerranée et à la mer Noire, l’Afrique de l’Est et l’océan Indien l’intéressent. Elle veut y jouer dans la cour des grands (Amérique, Chine, France)".

"En Angola et au Nigeria, pays pétroliers solvables, il va surtout s’agir, pour Erdogan, de vendre des armes turques", affirme le chroniqueur du Figaro, qui souligne l’atout représenté par "les drones militaires d’attaque".

Et d’ajouter que "le plus emblématique d’entre eux est le célèbre drone Bayraktar TB2, qui fut conçu par Selçuk Bayraktar, ingénieur diplômé du MIT (Massachusetts Institute of Technology)".

Renaud Girard explique ainsi que "ce drone armé rustique a toutes les chances de bien se vendre en Afrique, car il s’est déjà illustré sur quatre fronts".

L’article du Figaro rappelle que le Bayraktar TB2 a réussi, en août 2018, à "neutraliser" Ismail Ozden, un haut dirigeant de l’organisation terroriste du PKK, au Sinjar, au nord-ouest de l’Irak, de même qu’il a "bloqué l’offensive" des forces du général renégat Khalifa Haftar et des mercenaires russes du groupe Wagner pour prendre la capitale libyenne Tripoli.

Girard rappelle également que "dans la poche d’Idleb (nord-ouest de la Syrie) il a infligé un revers à l’armée de Bachar el-Assad" et qu’au Caucase, le Bayraktar TB2 "a donné la victoire à l’Azerbaïdjan contre l’Arménie dans le conflit du Haut-Karabakh".

L’analyste français estime que ces drones "sont l’arme rêvée pour les conflits localisés du tiers-monde. Ils sont vingt fois moins chers que les avions de chasse et ne mettent en danger aucun pilote". C’est ainsi, affirme-t-il, que ces drones "sont devenus un vecteur de l’influence turque en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie centrale".


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