Togo/Crise politique: L’opposition reporte ses manifestations à la demande du facilitateur
-"Fatiguée" de la lenteur de la mise en œuvre des mesures d’apaisement, l'opposition avait annoncé 4 jours de manifestations pour la semaine prochaine.

Lome
AA/ Lomé/ Alphonse Logo
La coalition de l’opposition togolaise a annoncé jeudi, dans un communiqué, une suspension provisoire de ses manifestations prévues pour la semaine prochaine, à la demande du facilitateur et président ghanéen Nana Addo Akufo.
La demande a été formulée par le ghanéen au terme d’une consultation démarrée qu’il effectue depuis mercredi dans la capitale ghanéenne, Accra, avec les 14 leaders des partis politiques membres de la coalition de l’opposition togolaise.
Accra demande précisément aux opposants au régime de Faure Gnassingbé de « surseoir aux quatre jours de manifestations de rue » annoncées pour la semaine prochaine sur toute l’étendue du territoire nationale et de « lui donner une semaine pour prendre attache avec le gouvernement pour comprendre et régler ce qui fait l’objet de frustrations au niveau de l’opposition ».
La coalition de l’opposition togolaise a en fait décidé de reprendre les manifestations sous fond d’accusation du gouvernement d’avoir organisé « une bastonnade par des militaires des frères et sœurs de l’opposant Tikpi Atchadam, président du PNP - Parti National Panafricain, dans le village de Kparatao (Sokodé 338 km de Lomé) » et de continuer « le processus d’organisation des élections » alors que les deux jours de discussions du dialogue suspendu depuis le 23 février ont eu comme acquis la suspension de ce processus le temps qu’un accord soit trouvé sur le point du cadre électoral.
Le ministre de la sécurité du Togo, Col Yark Damehame, en conférence de presse mercredi a qualifié ces accusations de « mensongères ».
« Aucune bastonnade n’a eu lieu à Kparatao et les manifestations à Sokodé, Mango et Bafilo restent interdites. Les armes qui y sont volées ne sont toujours pas encore retrouvées » a-t-il dit.
« Faux, il y a belle et bien eu des bastonnades dans ce village. La même chose se poursuit d’ailleurs dans les villes de Mango, Bafilo et d’autres endroits de Sokodé » a rétorqué, jeudi, Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson, coordinatrice de la coalition des 14 partis sur son compte officiel twitter.
La coordinatrice a, en outre, demandé au gouvernement togolais d’accepter une enquête internationale indépendante pour situer les responsabilités.
La coalition de l’opposition togolaise parle de suspension provisoire des manifestations par respect pour le facilitateur ghanéen, selon le communiqué dont Anadolu a reçu copie.
L’opposition affirme par ailleurs qu’elle déposera des lettres d’information pour le report des manifestations dans une semaine à compter de jeudi, « afin de ne pas être frappé de forclusion au cas où le gouvernement ne répondrait pas favorablement à la démarche du facilitateur ».
Depuis bientôt 8 mois, les manifestations publiques constituent, selon l'opposition, le seul moyen de pression dont dispose l’opposition togolaise, vis-à-vis du pouvoir en place au Togo.
Elle l’exerce particulièrement depuis le 19 Août 2017, pour exiger le retour à la constitution originelle votée par 98% des Togolais en 1992, le vote des Togolais de la diaspora et une profonde révision du cadre électoral.
Le dialogue politique qui a démarré depuis le 19 février est sensé trouver une solution à la crise.