Tchad/Nouvel An: Dans le camp des réfugiés centrafricains, les cœurs sont à la fête
-« Nous fêtons pour la deuxième année consécutive le nouvel an en famille ici au Tchad. Une occasion pour nous de partager des repas en communion mais aussi d’oublier les souvenirs liés à la guerre civile »

Chad
AA/N’Djamena/Mahamat Ramadane
Dans un des camp de réfugiés centrafricains situé à une dizaine de kilomètres, à la sortie est de la capitale, tchadienne N’Djamena, les coeurs sont à la fête pour ce premier jour de l’année.
C’est ici qu’ont trouvé refuge des centaines des familles centrafricaines qui ont fui, en 2013, la guerre civile de leur pays.
Assis sur un tapis presque neuf et habillé d'un boubou blanc, Ousmane Mahamat Djibril, un père de famille, célèbre la fête du nouvel an dans l’allégresse et dans l’espoir d’un avenir meilleur.
« Nous fêtons pour la deuxième année consécutive le nouvel an en famille ici au Tchad. Une occasion pour nous de partager des repas en communion mais aussi d’oublier les souvenirs liés à la guerre civile », dit-il à Anadolu.
«Nous avons tous formulé des vœux pour un retour rapide de la paix dans notre pays, la Centrafrique, car nos familles restées au pays nous manquent énormement », confie le quadragénaire.
A l’autre bout du camp, des chansons entremêlées de brouhahas accompagnent les rythmes des tambours : les réfugiés centrafricains, exécutent la danse traditionnelle « Bandia » pour commémorer la fête du nouvel an 2018. Hommes, femmes et enfants se mélangent au rythme des tambours et des chansons.
« Nous exécutons cette danse pour rappeler à tous ceux qui vivent dans ce camp temporaire de réfugiés que l’espoir de rentrer un jour au pays, est encore possible. C’est une danse traditionnelle d’espoir. Un moyen de dire à nos compatriotes centrafricains restés au pays que nous pensons, à tout moment, à eux » a indiqué à Anadolu, Baoulé Narcisse, un réfugié centrafricain.
Si la fête du nouvel an 2018 est un moyen pour certains réfugiés d’oublier, un temps, les mauvais souvenirs des actes barbares de la guerre civile de leur pays la Centrafrique, ce n’est pas le cas pour d’autres.
Ibrahima Abakaka, un père de famille, d’une quarantaine d’année, semble rester indifférent à la fête. Il estime que fêter loin des siens cette nouvelle année, est « une véritable torture ».
« Nous sommes obligés de venir chercher refuge au Tchad dans des conditions inhumaines. Nous avons vu nos proches massacrés devant nos enfants qui seront traumatisés à vie par les violences. Nous continuons toujours de porter le deuil de victimes innocentes de la guerre injustifiée. Nous ne pouvons pas noyer tout cela dans la fête du nouvel an », dit-il.
Même si certains affichent leur nostalgie, l'allégresse semble gagner les coeurs de la majorité des réfugiés, qui oublient, le temps d'une journée, leur souffrance.
La paix reste encore fragile en Centrafrique où un climat de peur et de tension s’est installé depuis quelques mois, rappelant les événements de 2013 qui avaient causé la mort de milliers de personnes et contraint des dizaines de milliers de musulmans à l’exil, selon l’Organisation des Nations Unies.
Le Tchad accueille depuis 2014, près d’un million et demi, de réfugiés centrafricains, repartis sur différents camps.