Tchad: La grève des magistrats reconduite d'une semaine
La décision de reconduire la grève sèche dans toutes les juridictions du pays, a été prise à l’unanimité, à l’issue d’une assemblée générale des magistrats tenue à N’Djamena ce weekend

Chad
AA/N'Djamena/Mahamat Ramadane
Les magistrats tchadiens, qui sont déjà en grève sèche depuis le 16 octobre 2017, ont reconduit leur grève d’une semaine, à compter de lundi 23 octobre 2017, pour protester contre le silence des autorités à leurs revendications, a appris Anadolu de source judiciaire.
Interviewé par Anadolu, Allarakete Sanengar, président du Syndicat des magistrats du Tchad, a indiqué que la décision de reconduire la grève sèche dans toutes les juridictions du pays, a été prise à l’unanimité, à l’issue d’une assemblée générale des magistrats tenue à N’Djamena ce weekend.
«Cette reconduction d’une semaine de la grève est décidée à l’unanimité par les magistrats qui estiment que la réticence des autorités à entamer des négociations avec le corps judiciaire explique la mauvaise foi du gouvernement à trouver des solutions à leurs revendications qui sont légales au vu des lois», a expliqué Allaraketé à Anadolu.
Selon Sanengar, les magistrats tchadiens ont demandé le renouvèlement des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), dont le mandat des membres est arrivé à terme depuis novembre 2016, le paiement de leurs primes de rendement de l’année 2016 et le remboursement des 80% de leurs indemnités amputées par les mesures d’austérité du gouvernement.
«Nous ne revendiquons que les conditions sociales minimales qui permettent d’assurer la tranquillité des magistrats, afin qu’ils rendent des décisions justes au nom du peuple tchadien», a-t-il affirmé.
Et d'ajouter : «Nous avons aussi demandé le renouvellement du conseil supérieur de la magistrature dont le mandat est arrivé à terme depuis un an, en vue de redéployer nos collègues qui attendent depuis deux années pour être affectés. Mais face aux silences de l’exécutif, nous avons décidé de cesser de travailler dans les conditions inappropriées».
Selon certains observateurs, ce bras de fer entre le gouvernement et les magistrats a eu comme conséquence directe des détentions continuelles des prisonniers qui attendent leurs procès en détention provisoire depuis des jours.
« Les deux parties doivent penser d’abord l’intérêt général de la population et en particulier les Tchadiens qui croupissent en prison en attendant leur procès. Ce n’est pas responsable pour le gouvernement qui se replie dans le silence total. Il doit faire un geste de négociation pour trouver une issue de compromis avec les magistrats.» a expliqué à Anadolu, le politologue tchadien, Djimet Clément Bagaou.
Du côté du gouvernement, aucune déclaration officielle n’est faite à ce sujet et aucune proposition de dialogue n’est adressée au syndicat des magistrats.
D’après une source au sein de la primature tchadienne, les autorités envisagent toutefois de constituer une commission interministérielle pour discuter avec les syndicats des magistrats. Mais pour l’heure, rien n'est encore officiel.