Afrique

Tchad : l’austérité touche les salaires

Le climat social se détériore. Les écoles, les lycées, les universités, les hôpitaux et bien d’autres services étatiques sont restés fermés au grand dam des citoyens.

Lassaad Ben Ahmed  | 29.01.2018 - Mıse À Jour : 29.01.2018
Tchad : l’austérité touche les salaires

Chad
AA / N’djamena / Mahamat Ramadane

Les syndicats tchadiens de la fonction publique ont appelé, lundi, à une grève illimitée, pour protester contre l’imputation des salaires des agents de l’Etat, entrée en vigueur à partir de janvier.

L’imputation des salaires des agents est intervenue fin janvier alors que le chef du gouvernement Pahimi Padacké Albert, a rassuré la semaine passée les syndicats des travailleurs de la fonction publique que les salaires indiciaires des fonctionnaires ne seront pas touchés par les mesures d’austérité.

Dans la Capitale, la grève a eu un effet immédiat sur les institutions de l’Etat et les structures publiques.

Les fonctionnaires de l’Etat ont déserté leurs lieux de travail sans assurer un service minimum. Les écoles, les lycées, les universités, les hôpitaux et bien d’autres services étatiques sont restés fermés au grand dam des citoyens.

Dans certains arrondissements de N’Djamena, les élèves abandonnés à leur sort se sont solidarisés avec leurs enseignants. Ils ont manifesté leur colère dans les rues de la capitale, en brûlant des pneus et en échangeant le jet de pierre avec les forces de l’ordre.

La tension a monté entre les manifestants et la police, a constaté le correspondant d’Anadolu sur place.

Dans un entretien à Anadolu, Barka Michel, président de l’Union des syndicats du Tchad (UST) a indiqué que les remous sociaux et la tension qui monte en ce moment entre le gouvernement et les travailleurs de la fonction publique, est la «conséquence de la politique antisociale des autorités».

«Le gouvernement nous a assuré que les salaires des fonctionnaires seront épargnés des mesures de réduction des dépenses de l’Etat. Mais les travailleurs ont constaté sur leurs bulletins de paie que leurs salaires du mois de janvier ont été imputés de 15.000 à 150.000 francs CFA (environ 30 à 300 dollars). Ce qui n’est pas juste», a-t-il indiqué à Anadolu.

Pour le ministre tchadien des Finances et du budget, Abdoulaye Sabre Fadoul, la réduction de la masse salariale globale est actée par la loi de finances de l’exercice 2018, adoptée par l’Assemblée nationale fin décembre 2017.

«Nos partenaires sociaux doivent comprendre que nous traversons une crise très grave. Même en dehors de nos engagements pris avec la FMI et la Banque Mondiale, notre trésor public n’est pas en mesure de supporter une masse salariale de 380 milliards de francs CFA (717 millions de dollars) par an.

Toutes nos ressources confondues ne suffiront pas à couvrir les seules dépenses salariales. Nous devons être réalistes et dire la vérité à nos compatriotes», a-t-il indiqué à Anadolu.

D’après le ministre, sur une période de 10 ans, la masse salariale a augmentée de 700%.

«De 2014 à nos jours, le Trésor public s’est endetté de plus de 800 milliards francs CFA (1.5 milliard de dollar) pour payer les salaires des fonctionnaires. Cette dette contractée auprès des banques, doit être remboursée.

Rien que pour le mois de janvier courant, une échéance de 54 milliards (102 millions de dollars) n’a pu être honorée par le gouvernement. La situation est grave», poursuit-il à Anadolu.

Il estime, par ailleurs, que l’immobilisme et le populisme ne feront qu’aggraver la situation. Si rien n’est fait, le pays ne pourra même plus payer les salaires, quel que soit le Gouvernement en place.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın