Afrique

Tanzanie : l’opposition rejette les résultats de l’élection, dénonce un « coup d’État ouvert »

- Samia Suluhu Hassan affirme que sa large victoire reflète la confiance des électeurs envers le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi

Mevlüt Özkan  | 02.11.2025 - Mıse À Jour : 02.11.2025
Tanzanie : l’opposition rejette les résultats de l’élection, dénonce un « coup d’État ouvert »

Istanbul

AA / Istanbul / Mevlut Ozkan

​​​​​​​

Le principal parti d’opposition tanzanien, le CHADEMA, a rejeté samedi les résultats de l’élection nationale, qualifiant le scrutin de « coup d’État ouvert » et refusant de reconnaître l’autorité de la présidente Samia Suluhu Hassan.

« L’annonce des résultats constitue un coup d’État contre la volonté des Tanzaniens, à qui l’on a dénié le droit démocratique de choisir leur dirigeant », a déclaré le parti dans un communiqué publié sur le réseau social américain X.

La Commission électorale a proclamé Samia Suluhu Hassan vainqueure de l’élection de jeudi avec 97,66 % des voix, soit plus de 31,9 millions de suffrages sur les 32,7 millions exprimés. Ce résultat lui assure un second mandat présidentiel.

Le CHADEMA avait été exclu du scrutin en avril pour ne pas avoir signé à temps le code de conduite électoral. Son président, Tundu Lissu, avait été arrêté le même mois pour « trahison », des accusations qu’il conteste, après avoir mené une campagne baptisée « Pas de réformes, pas d’élection ».

« Ces résultats sont totalement dénués de validité, car en réalité, aucune véritable élection n’a eu lieu en Tanzanie. Les citoyens ne se sont pas rendus aux urnes le 29 octobre, faute de conditions libres et équitables et d’un terrain politique équilibré », a ajouté le parti.

Samia Suluhu Hassan a pour sa part déclaré que sa victoire écrasante démontrait que les Tanzaniens avaient renouvelé leur confiance dans le parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), pour concrétiser ses promesses, selon les médias locaux.

Félicitant ses rivaux pour des « campagnes menées dans le respect », elle a appelé à l’unité nationale et salué le travail de la Commission électorale, qualifiant le scrutin de « libre, ouvert et équitable », rapporte le quotidien The Citizen.

Le scrutin a toutefois été marqué par des violences, des boycotts de l’opposition et d’importantes perturbations d’Internet.

Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a indiqué qu’au moins dix personnes avaient été tuées lors d’affrontements entre les forces de sécurité et des manifestants après l’annonce des résultats, tandis que le CHADEMA a évoqué un bilan bien plus lourd.

Le porte-parole du parti, John Kitoka, a affirmé devant la presse que plus de 700 personnes avaient été tuées depuis le début de la période électorale, accusant les autorités de cibler les partisans de l’opposition.

Samia Suluhu Hassan a qualifié les manifestations organisées à Dar es Salaam, Arusha, Mwanza et Songwe de « ni civiles ni patriotiques ».

Le CHADEMA a pour sa part estimé que ces protestations massives démontraient « clairement que les citoyens n’ont pas participé à ce que l’on appelle une élection et qu’ils refusent de reconnaître quiconque issu de ce processus électoral vicié ».

Selon la Commission électorale, le taux de participation a atteint près de 87 %.

Le parti a appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître la présidence de Samia Suluhu Hassan, estimant « qu’elle n’a pas la légitimité d’une dirigeante élue par le peuple tanzanien ».

Il s’agissait du premier scrutin national complet organisé sous la présidence de Samia Suluhu Hassan, 65 ans, arrivée au pouvoir en 2021 après le décès de son prédécesseur, John Magufuli.

La cheffe de l’État a promis de placer son second mandat sous le signe de l’unité et de la stabilité économique, mais l’ampleur de sa victoire et la répression signalée contre toute dissidence suscitent l’inquiétude d’observateurs nationaux et internationaux, qui redoutent un rétrécissement de l’espace démocratique dans ce pays d’Afrique de l’Est.

L’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est ont appelé au calme et au respect des droits humains, exhortant les autorités à faire preuve de transparence et de responsabilité dans la gestion des tensions post-électorales.

* Traduit de l'anglais par Adama Bamba

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.