Afrique

Sénégal: le Lac Rose a soif de touristes

- La fréquentation de l'un des sites les plus attractifs du pays, a drastiquement baissé en raison du départ du rallye mais aussi de la pollution et de l’insalubrité

Hatem Kattou  | 10.07.2017 - Mıse À Jour : 11.07.2017
Sénégal: le Lac Rose a soif de touristes

Dakar

AA/Dakar/Wendyam Valentin Compaoré

A quelque 30 km au nord-est de la capitale sénégalaise Dakar, sur le bord de la Grande Côte, le lac Retba plus connu sous le nom de Lac Rose, en raison de sa couleur, a perdu de sa superbe.

Ce «miracle» de la nature, qui attirait autrefois des touristes venant des quatre coins du monde, fait de moins en moins parler de lui. Aujourd'hui, seuls quelques curieux s'aventurent sur ses eaux, les réceptifs sont vidés et le village artisanal est déserté, déplorent les habitants de la région.

« L’une des grosses difficultés que connait actuellement le Lac rose est liée à son identité même. Il n’est plus aussi rose qu’avant, il tend même vers le gris en raison d’une pollution trop importante », explique Amadou Bocum Diouf président du syndicat d’initiatives du tourisme, rencontré par Anadolu.

« Il faudrait que le ministère du tourisme fasse intervenir au plus vite des spécialistes qui analyseront et solutionneront le problème. Perdre sa coloration sera un gros problème pour le lac car c’est cela même qui fait l’objet de son attraction », poursuit-il, précisant que la coloration rose du lac s'explique par la présence en son sein de micro-algues qui produisent un pigment rouge pour résister à la concentration du taux de sel.

En plus de la pollution, l’insalubrité, l’occupation anarchique, le manque d’éclairage public, l'insécurité, la surexploitation et le manque de promotion accroissent la mise à mal du Lac.

Pourtant, il y a quelques années encore, le Lac Rose qui s'étend sur 5 km² attirait plus de trois cent personnes par jour durant la saison touristique qui va de janvier à juillet. « A présent, ils ne sont même pas une cinquantaine », précise Diouf.

Mor Gueye, président du village artisanal situé en ce lieu, déplore cette absence : « Nous ne vendons quasiment plus rien aux touristes car il n y en a plus. Avant nous vendions des objets (bijoux, breloques, et autres souvenirs) dont les prix variaient entre 20 et 500 dollars, à des centaines de touristes par jour. Mais l’insalubrité et l’insécurité ont eu raison de nos activités», lance-t-il à Anadolu, précisant que seul l'extraction du sel, fournit encore de l'emploi dans la zone.

Par ailleurs, surenchérit Ibou Mbaye, guide touristique dans la région, « l’occupation anarchique aux alentours du Lac rose accroit la pollution et la désertion des touristes».

« Depuis le programme Sénégal émergent (d'ici 2035), de nombreux promoteurs ont érigé des constructions souvent anarchiques aux alentours du lac rose. Il est tellement dommage de gâcher un si beau lac avec du béton et du ciment », regrette-t-il.

D’après Mbaye, le manque de touristes s’explique aussi par le manque de promotion. « Avant, il y avait le Rallye Paris-Dakar qui se déroulait au Lac rose ce qui attirait beaucoup de monde. Mais depuis la délocalisation du rallye-raid professionnel en 2008 vers l'Amérique du Sud, aucun événement majeur n’a fait la promotion de l’étang rose », dit-il.

« Nous attendons beaucoup des pouvoirs publics afin qu’il y ait du changement », poursuit le guide ajoutant qu' « il faudrait créer des évènements culturels dans ce lieu, des campagnes de nettoyage et de sensibilisation des populations ».

Pour le président du syndicat d’initiatives pour le tourisme, « il serait surtout judicieux d’établir un programme spécial pour rehausser l’image du Lac rose, le tourisme étant une préoccupation nationale ».

Du côté des autorités, on assure que le Lac Rose «fera l’objet d’un traitement particulier» dans les années à venir.

La ministre du tourisme, Maimouna Ndoye Seck avait d'ailleurs déclaré, en ce sens, lors d'une visite du site en novembre dernier : « la politique que nous sommes en train de mener est axée sur le renforcement et la diversification de l’offre touristique et le Lac Rose, lieu pluriel par les choix d’activités touristiques qu’il offre, occupe une place de choix dans les projets mis en œuvre par le ministère, inscrits dans le Pse (Plan Sénégal émergent) ».

La ministre avait estimé qu'un sursaut collectif est nécessaire pour arriver à une bonne préservation du lac. « Le ministère sera aux côtés des acteurs pour agir afin que le Lac Rose retrouve son lustre d’antan» avait-elle déclaré, ajoutant que cela se fera surtout grâce à des projets de développement du micro tourisme et de développement de circuits de Dakar.

Les «villageois du Lac Rose», attendent toujours la mise en place de ces projets.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın