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Somalie : Le spectre de la famine plane sur le camp de Towfik

- Selon l'ONU, au moins 41% de la population somalienne sera confrontée à une insécurité alimentaire aiguë d’ici décembre 2022. Dans le camp de déplacés de Towfik, au nord-est du pays, la famine frappe déjà à la porte.

Ekip  | 28.10.2022 - Mıse À Jour : 28.10.2022
Somalie : Le spectre de la famine plane sur le camp de Towfik

Gitega

AA/Jowhar/Yvan Rukundo

La sécheresse est là. La nourriture se raréfie. Des enfants joufflus, ventres ballonnés, cheveux déjà jaunâtres, … Les symptômes de malnutrition sont très visibles dans le camp de Towfik, abritant 17 865 personnes répartis sur 2973 ménages.

Sans terres, désœuvrés, ces femmes et hommes ne peuvent plus cultiver. Et avec la sécheresse, leur situation humanitaire empire.

Dans ce camp de déplacés, le moindre bruit d’un moteur alerte tout le monde. Ils pensent à la venue d’un bienfaiteur apportant une assistance alimentaire.

« La famine est vraiment une réalité. On n’a plus rien à mettre sous la dent. Nous dormons souvent sans rien manger. Regardez autour de nous, de notre camp, c’est presque le désert », raconte un Somalien rencontré dans ce camp. Cet homme souligne que cette situation dure depuis plusieurs mois. Alors que l’insuffisance hydrique était déjà une réalité, il signale que la situation évolue de mal en pis. « Nous venons de passer plus de trois mois sans aucune goutte d’eau dans notre localité », déplore-t-il.

Pied-nus, affamés, des enfants n’arrêtent pas de crier : « Donnez-nous à manger. Nous avons faim », lancent-ils à leurs mamans, très impuissantes face à cette situation. « C’est très triste de voir qu’un enfant te demande à manger et que tu ne trouves rien à lui donner. C’est très touchant », confie une mère, sous le choc. Elle ne sait plus quoi faire.

-Bientôt des morts si l’aide tarde

Shukri Ibrahim, une autre jeune femme habitant ce camp craint que dans les jours à venir, des morts vont être enregistrées : « Vraiment, la situation est critique. La famine est une réalité. Beaucoup de familles mangent à peine une fois par jour. C’est très grave », décrit-elle, appelant les bienfaiteurs, les humanitaires à penser à eux. « Nous avons tellement besoin d’assistance surtout alimentaire. En tout cas, si cette aide ne nous parvient pas dans un mois, il y aura des morts surtout des enfants et des personnes âgées », prévient-elle.

D’après elle, s’il n’y a pas encore eu de morts, c’est grâce à l’assistance alimentaire offerte quotidienne par les militaires burundais du 14ème contingent de l’African Transition Mission in Somalia (ATMIS).

Ismail Warsam Farah, vice-gouverneur de la province de Middle Shabelle, dans l’Etat fédéré de Hirshabelle, reconnaît, à son tour, que la famine est là. « Beaucoup de gens ont besoin d’assistance alimentaire. La sécheresse, l’insécurité n’ont pas permis à nos populations de cultiver. Les conséquences de changements climatiques sont vraiment très catastrophiques dans notre pays, notre région », déplore-t-il.

D’après lui, même les rares produits alimentaires existants dans les centres urbains sont très chers. Or, analyse-t-il, avec la guerre, les attaques terroristes, les Somaliens ne travaillent presque plus. « Ils se sont appauvris davantage », souligne cette autorité provinciale, qui demande au Programme Alimentaire Mondial (PAM), à la Communauté Internationale de se mobiliser pour aider les Somaliens.

Ces déplaces du camp de Towfik sont là depuis 2012. Selon leurs témoignages, ils ont quitté leurs terres fertiles le long de la rivière Shabelle pour se mettre à l’abri des attaques terroristes du mouvement Al-chabab. « C’est là qu’ils ont installé actuellement beaucoup de leurs positions. C’est un endroit favorable à la guérilla où il y a encore quelques îlots de rares boisement qu’on trouve en Somalie », confie un de ces déplacés.

-Les changements climatiques à la base

La sécheresse qui frappe le pays depuis près d’une année rend très difficile l’accès à l’eau pour de nombreux Somaliens. Dans sa déclaration lors de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation, édition 2022, Etienne Peterschmitt, représentant en Somalie de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), a indiqué que la sécheresse que connait actuellement la Somalie est la pire que le pays a connu au cours des quatre dernières décennies. « Elle touche environs 7,8 millions de personnes. Pour mettre les choses en perspectives, cela représente environ la moitié de la population Somalienne. 90% du pays est confronté à une sècheresse », a-t-il souligné.

Il a ainsi signalé qu’en août dernier, la sécheresse a déplacés près de 100 mille personnes dans des camps, à l’intérieur du pays. Et d’après OCHA, plus de 500 mille enfants souffrent déjà de la malnutrition sévère dans le centre du pays.

Et ce n’est pas pour la première fois que la Somalie est frappée par la famine. A titre illustratif, en 2011, les données d’OCHA font état de 250 mille personnes mortes suite à la famine.

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